À l’heure où Donald Trump annonce son intention de retirer les États-Unis de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dès janvier 2025, la légitimité et l’efficacité des COP sont plus que jamais remises en question. Adrien NKoghe-Mba* examine ici les implications de ce potentiel séisme diplomatique pour l’avenir de la coopération climatique mondiale, en particulier pour les pays du Sud. Il explore également les alternatives possibles à un système multilatéral de plus en plus contesté.

Si les COP sont déjà perçues comme dysfonctionnelles, que valent-elles sans le soutien de la première économie mondiale ? © GabopnReview

 

« Le changement climatique est un canular ». Cette déclaration tweetée par Donald Trump en 2012 est restée emblématique de son climatoscepticisme. À l’époque, il accusait la Chine d’avoir inventé le concept pour nuire à la compétitivité de l’économie américaine. Douze ans plus tard, cette phrase devient une boussole pour la politique climatique de l’homme récemment réélu président des États-Unis. Trump a annoncé vouloir, dès son entrée en fonction le 20 janvier 2025, retirer les États-Unis de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette décision, plus radicale encore que son retrait de l’Accord de Paris en 2017, pourrait mettre fin à toute participation américaine aux COP et redéfinir profondément la coopération climatique mondiale.

Un système à bout de souffle

Ce séisme politique intervient alors que plusieurs figures majeures du climat – Ban Ki-moon, Christiana Figueres et Mary Robinson – appellent déjà à réformer en profondeur les COP. Dans une lettre ouverte, ils soulignent les limites structurelles de ces conférences qui, malgré leurs succès ponctuels, sont incapables d’opérer le changement nécessaire à la vitesse et à l’échelle exigées par la crise climatique. « Nous devons passer de la négociation à la mise en œuvre », écrivent-ils, mettant en lumière une contradiction fondamentale : les COP sont devenues trop lentes et fragmentées pour répondre à l’urgence climatique.

Les critiques pointent également une hypocrisie flagrante : comment justifier que des pays favorisant l’expansion des combustibles fossiles continuent d’accueillir ces conférences ? L’ancien vice-président américain, Al Gore, appelle à interdire l’organisation des COP dans ces pays. Cela reflète une frustration croissante face à l’incapacité de ces sommets à aligner leurs pratiques sur leurs objectifs.

Avec le retrait américain, ce débat prendrait une nouvelle dimension. Si les COP sont déjà perçues comme dysfonctionnelles, que valent-elles sans le soutien de la première économie mondiale ? Et plus important encore, comment les pays du Sud doivent-ils se positionner dans cette ère d’incertitude ?

Un monde post-COP : réalignement ou opportunité ?

Pour les pays du Sud, cette remise en question des COP est doublement cruciale. D’une part, ils dépendent souvent des mécanismes multilatéraux pour financer leurs transitions écologiques et renforcer leur résilience face aux impacts climatiques. D’autre part, ils sont les premières victimes des retards et des tergiversations qui caractérisent ces sommets.

Seyni Nafo, porte-parole des négociateurs africains, invite déjà à envisager un monde post-COP. En s’appuyant sur l’exemple de la Development Finance Corporation (DFC) créée sous Trump, il propose une stratégie pragmatique : tirer parti des opportunités bilatérales et redéfinir la coopération internationale hors du cadre onusien. Si les COP s’essoufflent, le Sud pourrait se tourner vers des partenariats bilatéraux ou régionaux, tout en plaidant pour une refonte totale des mécanismes existants.

*Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire