Le directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa analyse, ici, la récente mobilisation des jeunes gabonais pour la justice climatique lors de la LCOY 2024. Soulignant l’importance de ces initiatives tout en appelant à une action plus radicale face à l’urgence climatique, Adrien N’Koghe-Mba* introduit le concept de «Game Changer». Il exhorte toutes les composantes de la société à soutenir les jeunes dans leur quête d’un avenir durable, transformant ainsi le défi climatique en opportunité de changement positif pour le Gabon et au-delà.

Un “Game Changer” est une personne, une initiative ou une innovation capable de transformer radicalement une situation et d’apporter des solutions efficaces à un problème complexe. «Les jeunes peuvent être ces ‘Game Changers’ par leurs idées novatrices, leur énergie et leur engagement». © GabonReview

 

Les 30 et 31 juillet derniers, 200 jeunes gabonais venus de tout le pays se sont mobilisés à la Baie des Rois pour parler de justice climatique et envisager un Gabon plus vert lors de la Local Conference of Youth (LCOY) 2024. Sous le thème “Urgence Climatique : Les Jeunes en Action”, cet événement a mis en lumière des ateliers de discussion, l’inclusion des peuples autochtones, des stands artisanaux écologiques et une simulation de CoP. Cet engagement des jeunes à s’attaquer aux problèmes climatiques de manière proactive est une lueur d’espoir dans un contexte mondial marqué par des défis environnementaux croissants.

Les LCOY, initiatives locales organisées par et pour les jeunes, jouent un rôle crucial dans l’éducation et la sensibilisation aux enjeux climatiques. Elles permettent aux jeunes de se mobiliser, de partager leurs idées et de s’engager activement dans la lutte contre le changement climatique. Au Gabon, cette mobilisation témoigne de la volonté des jeunes de contribuer à un avenir plus vert et plus juste. Ils démontrent que la jeunesse est non seulement consciente des enjeux mais aussi prête à agir pour un changement durable.

Cependant, il est essentiel de reconnaître que ces événements, bien que fondamentaux, ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. La mobilisation des jeunes, bien que significative, n’est pas encore à la hauteur du chaos climatique imminent. Comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations Unies le 5 juin dernier à l’occasion de la Journée internationale de l’Environnement : « Nous nous trouvons devant une alternative : créer des points de bascule en faveur du climat – ou basculer vers la catastrophe. » Ces mots résonnent comme un appel urgent à l’action collective et déterminée.

Pour répondre à cet appel, il est crucial d’introduire le concept de “Game Changer”. Un “Game Changer” désigne une personne, une initiative ou une innovation capable de transformer radicalement la situation actuelle et d’apporter des solutions inédites et efficaces face à un problème complexe. Dans le contexte de l’action climatique, les jeunes peuvent être ces “Game Changers” par leurs idées novatrices, leur énergie et leur engagement.

Prenons par exemple les ateliers de discussion et la simulation de CoP organisés lors de la LCOY. Ces activités ne sont pas de simples exercices académiques, mais des plateformes où les jeunes peuvent explorer des solutions pratiques, développer leurs compétences en négociation et en plaidoyer, et se préparer à influencer les politiques climatiques à divers niveaux. C’est dans ces espaces que naissent les “Game Changers”, ceux qui transformeront les débats en actions concrètes.

Cependant, pour que ces jeunes puissent véritablement agir en tant que catalyseurs de changement, ils ont besoin de soutien. Le gouvernement doit instaurer des politiques robustes et des programmes de soutien pour encourager ces initiatives écologiques innovantes. Par exemple, en facilitant l’accès aux financements pour les projets durables portés par les jeunes ou en intégrant davantage de jeunes dans les processus décisionnels nationaux et locaux.

Les entreprises ont également un rôle crucial à jouer. Elles doivent adopter des pratiques durables et investir dans des projets verts révolutionnaires. En soutenant les startups écologiques et en intégrant la durabilité dans leurs chaînes de valeur, les entreprises peuvent non seulement réduire leur empreinte carbone mais aussi stimuler l’innovation verte.

La société civile, quant à elle, doit continuer à sensibiliser et à mobiliser, en offrant des plateformes pour que la voix des jeunes soit entendue. Les organisations non gouvernementales peuvent jouer un rôle de mentorat, offrant des formations et des opportunités de réseautage qui permettent aux jeunes de passer de l’idée à l’action.

La lutte contre le dérèglement climatique est un effort collectif qui nécessite l’implication de chacun. Les jeunes gabonais, à travers des événements comme la LCOY, montrent la voie. Il est maintenant temps pour nous tous de les soutenir et d’agir ensemble pour un Gabon et un monde plus vert. En encourageant et en soutenant ces “Game Changers”, nous pouvons transformer radicalement notre approche et atteindre un avenir durable et équitable.

En fin de compte, la véritable transformation viendra de notre capacité à collaborer, à innover et à soutenir les jeunes dans leur quête pour un avenir meilleur. Le défi climatique est immense, mais avec des jeunes engagés et soutenus par toutes les composantes de la société, nous avons l’opportunité de créer ces “points de bascule en faveur du climat” dont parle le Secrétaire général des Nations Unies. L’heure est à l’action, et ensemble, nous pouvons faire en sorte que l’urgence climatique devienne un moteur de changement positif et durable pour le Gabon et au-delà.

* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo

 
GR
 

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