Opacité des honoraires et bras de fer avec le Barreau. Dans une correspondante datée du 16 juillet 2024 et adressée à Me Bissie Edzo sous le couvert de qui elle exerce au sein des juridictions gabonaises, l’avocate française d’Ali Bongo a été interdite de poser des actes devant les juridictions gabonaises. Me Claude Dumont-Beghi n’aurait pas respecté toutes obligations exigées par les textes et les usages en vigueur au Barreau national du Gabon.

Me Claude Dumont-Beghi, l’avocate parisienne d’Ali Bongo. © Joel Saget/AFP

 

Au Gabon, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Raymond Obame Sima, a interdit à Me Claude Dumont-Beghi, l’avocate parisienne d’Ali Bongo, de poser des actes devant les juridictions gabonaises. À en croire le courrier du bâtonnier, daté du 16 juillet 2024 et reçu le lendemain par le cabinet de Me Bissie Edzo Marielle sous le couvert de qui Me Dumont-Beghi exerce au Gabon, l’avocate française via un courrier adressé au bâtonnier le 10 juillet 2024 aurait refusé de lui faire parvenir la convention d’honoraires signée avec Ali Bongo dont elle assure la défense devant les juridictions gabonaises.

Jusqu’à respect complet des obligations

La convention d’honoraires, cette obligation faite aux avocats, détaille les conditions de rémunération dans lesquelles l’avocat va traiter le dossier de son client. Pour le cas d’espèce, le contrat signé entre Me Dumont-Beghi et Ali Bongo. Ali Bongo s’est attaché les services de cette avocate dont la devise est «ne jamais rien lâcher», depuis 2015. À quel coût ? La question a souvent taraudé bien d’esprits et alors que depuis sa déchéance l’ex-président gabonais et sa famille seraient «financièrement dépouillés», d’aucuns se demandent s’il a toujours les moyens de se payer les services de cette avocate.

Si elle est, pour ainsi dire, considérée comme «avocate qui coûte très cher», le courrier du bâtonnier, indique que Me Dumont-Beghi n’a également pas communiqué la convention d’honoraires qui la lie à Me Bissie Edzo Marielle qui la reçoit à son étude, alors que la demande a tout aussi été faite. «Par conséquent, il vous est fait défense de poser des actes de la profession d’avocat en République gabonaise jusqu’à respect complet des obligations exigées aussi bien par les textes que par les usages en vigueur au sein du Barreau national du Gabon», a informé Me Raymond Obame Sima à l’avocate.

Fin de parcours au Gabon ?

En 2016, elle avait été accusée de s’immiscer dans la politique au Gabon après l’écriture d’un livre en l’honneur d’Ali Bongo qui briguait un nouveau mandat : «Gabon, de l’héritage au partage». En 2019, elle avait été suspendue dans le pays. Alors que la loi gabonaise interdit aux avocats d’exercer la profession de commerçant, il avait été constaté qu’elle figurait au registre du commerce comme dirigeante d’une SARL à Libreville, CDB Consulting. Convoquée à deux reprises par le Conseil de l’ordre, elle ne s’était pas présentée. Le bâtonnier avait donc saisi le président du tribunal compétent, qui avait tranché.

Tout ceci, dans le sillage de la diffusion du documentaire jugé désastreux de France 2 sur Ali Bongo. Certaines indiscrétions assuraient alors qu’elle en avait soutenu le tournage. Bien qu’elle eût fini par reprendre du service, l’on note que cette nouvelle suspension intervient, elle, dans le sillage de la prise du pouvoir par l’armée au Gabon et quelques mois après que d’autres avocats français de la famille d’Ali Bongo aient été menacés de plainte dans le pays où, elle est devenue une spécialiste des dossiers financiers impliquant la présidence de la République. Alors qu’elle a également en charge le dossier de la succession du président Omar Bongo, cette interdiction pourrait lui faire perdre la main dans le pays.

 
GR
 

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