Larmes d’un orphelin du Gabon : Enfant de l’exil, Issani Rendjambé rêve de rentrer
Quatrième vice-président chargé du Suivi de la mise en œuvre du Contrôle de l’action du gouvernement par l’Assemblée nationale de la Transition, Geoffroy Foumboula Libeka Makosso a dit, le 9 aout, avoir reçu Issani Rendjambe, l’un des trois enfants encore en vie de Joseph Rendjambé Issani, cet opposant farouche au régime d’Omar Bongo assassiné le 23 mai 1990. En exil depuis plus de 20 ans, le rejeton de l’opposant historique dit vouloir rentrer au Gabon.
«J’ai eu l’immense privilège de recevoir ce jour Issani Rendjambe, un des 3 enfants encore en vie de feu Rendjambe, opposant historique gabonais», a posté sur sa page Facebook, le 9 mai, le quatrième vice-président chargé du suivi de la mise en œuvre du contrôle de l’action du gouvernement par l’Assemblée nationale de la Transition. «Après plus de 20 ans d’absence de son pays avec l’ensemble de sa famille en exil après les évènements de 1990, il a décidé de faire un tour dans son pays après sa libération le 30 août 2024», a ajouté Geoffroy Foumboula Libeka Makosso.
La mort toujours non élucidée d’un combattant du Gabon nouveau
«Présent sur le territoire, il compte regagner sous peu les États-Unis où il vit désormais. Il souhaite s’installer définitivement au Gabon», a informé le député de la Transition disant toute sa joie d’avoir pu «saluer un des enfants de cet immense homme, combattant du Gabon nouveau qui a payé de sa vie pour notamment favoriser le multipartisme». Retrouvé mort le 23 mai 1990 avec des marques de piqures sur le côté de l’abdomen, Joseph Rendjambé Issani était le premier secrétaire du Parti gabonais du progrès (PGP), un parti influent de l’opposition à l’époque. Il était connu pour ses prises de position contre le régime d’Omar Bongo, notamment lors de la conférence nationale de 1990, après laquelle il était tout aussi la figure de proue du Front uni des associations politiques de l’opposition (Fuapo).
Il avait été retrouvé mort dans la chambre 690 de l’hôtel Dowé à Libreville, quelques temps après la Conférence nationale et des meetings mémorables à Libreville. Il avait répondu au rendez-vous d’une femme. Que s’était-il réellement passé ? Le clan Omar Bongo avait été accusé d’assassinat. Le président déchu en 2023 fut pointé du doigt pour avoir été chargé de trouver un arrangement avec l’opposant et l’amener à des meilleurs sentiments. La mémoire populaire voudrait que Joseph Rendjambé qui n’appréciait pas Ali Bongo, l’avait traité de Biafrais lors d’une joute oratoire à la conférence nationale. De sa posture, est née l’expression «Qui peut Rendjambé» pour traduire une forme d’audace.
«Ali Bongo a endeuillé ma famille et volé mon enfance»
Sa mort avait déclenché de violentes émeutes dans le pays avec pour points culminants, Libreville et Port-Gentil ou des femmes avaient marché nues dans la ville pour protester contre cette mort., tandis que l’hôtel dans lequel il était mort avait été incendié, de même que certains bâtiments symbolisant la puissance des Bongo : la Maison du parti (PDG) à Akébé-ville, le Night-Fever, un night-club appartenant à Patience Dabany ainsi qu’une grande galerie commerciale (alors à l’emplacement de l’actuel Palais des Sports de Libreville) lui appartenant également, et le Bowling Store alors connu comme propriété de Pascaline Bongo.
Ce sont les fameux événements de 1990. Dans la foulée, sa veuve et leurs enfants avaient été envoyés en exil hors du pays. Ils auraient un peu plus tard, tenté de rentrer mais en vain. Le pouvoir de l’époque avait-il des raisons d’avoir peu d’eux ? Neveu de Jean Ping et auteur d’un ouvrage intitulé «La vérité, sinon je meurs» et supposément censuré au Gabon, Issani Rendjambe se dit pour sa part, heureux d’avoir foulé, après plus de 20 ans, le sol gabonais. «Je ne vais pas mentir. J’avais le trac, une angoisse sourde. On veut croire que le pays a changé», a-t-il posté sur sa page Facebook.
Dans la foulée du coup d’État d’août 2023, il avait exprimé sa joie. «Bongo est tombé…vive le Gabon!», avait-il posté. «Ali Bongo a endeuillé ma famille et volé mon enfance. Pourtant, je ne ressens que de la pitié pour lui», avait-il ajouté avant de dire sa volonté de voir ses enfants grandir dans un pays libre tout en s’inquiétant de leur avenir. «Au Gabon, nos enfants seront des demi-citoyens, des métèques aux droits tronqués», avait-il posté bien avant le Dialogue national inclusif (DNI) qui a fait le lit à ce débat. «Le pays a-t-il changé ?», s’interroge Issani Rendjambe quand l’opinion se demande si ses frères aussi comptent également rentrer dans leur pays. Les circonstances de la mort de leur père n’ont par ailleurs, toujours pas été élucidées.
1 Commentaire
Ne quitte pas trop vite ton American dream mon frère !
Tu n’es pas prêt pour te laver au seau et t’éclairer à la bougie !