Éléphants débités à la machette sur des brouettes, lamantins sur les étals des marchés, hippopotames dépecés au coin des rues : Lambaréné, ville historique du Gabon, est devenue le théâtre d’un braconnage effréné d’espèces en voie d’extinction. Cette situation alarmante, qui se déroule sous les yeux des autorités, menace désormais l’équilibre écologique de toute la province du Moyen-Ogooué. Un désastre environnemental qui défie ouvertement la législation gabonaise et met en péril le patrimoine naturel du pays.

À Lambaréné, les braconniers vendent de la viande d’espèces protégées sous le regard indifférent des autorités (en miniature, une brouette avec de la viande de crocodile faux gavial et de lamantin). © GabonReview/Greenarea

 

Dans la province du Moyen-Ogooué, un commerce illégal de viande de brousse se déroule au grand jour, défiant ouvertement la législation nationale sur la protection de la faune sauvage. À Lambaréné, chef-lieu de la province, la situation suscite l’inquiétude croissante des acteurs de la conservation, alors que des espèces intégralement protégées sont commercialisées quotidiennement dans les rues.

Brouette avec de la viande de lamantin. © GabonReview

La configuration géographique de la région, caractérisée par un dense réseau hydrographique et de nombreuses pistes forestières, facilite ce trafic florissant. Depuis l’ouverture permanente de la chasse par les autorités de la Transition, le commerce d’espèces emblématiques telles que le lamantin, l’hippopotame, le faux gavial et même l’éléphant s’effectue sans entrave, sous les yeux des autorités locales.

Cette situation perdure malgré la présence, dans la localité, d’institutions dédiées à la protection de la faune : la Direction provinciale des Eaux et Forêts du Moyen-Ogooué et l’Agence nationale des parcs -nationaux. L’inefficacité du système de gouvernance actuel se manifeste à deux niveaux : l’absence d’un cadre réglementaire structuré pour la commercialisation de la viande de brousse et l’application défaillante des textes existants.

Si cette filière représente une source de revenus significative pour certaines populations locales, elle menace directement la survie de plusieurs espèces endémiques. Les prélèvements excessifs, particulièrement des espèces intégralement protégées, font planer le risque d’une extinction locale de certaines populations animales dans la région.

La législation gabonaise est pourtant sans ambiguïté. Elle interdit formellement la chasse, la capture, la détention, le transport et la commercialisation de quatre espèces emblématiques : le lamantin (Trichechus senegalensis), l’hippopotame (Hippopotamus amphibius), le faux gavial (Mecistops cataphractus) et l’éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis).

Les experts locaux tirent la sonnette d’alarme : sans application rigoureuse des sanctions pénales prévues par la loi et sans mise en place d’un cadre réglementaire adapté pour le commerce légal de venaison, l’équilibre écologique de la région risque d’être irrémédiablement compromis. Cette situation démontre à suffisance l’urgence d’une action concertée entre les autorités locales, les services de protection de la nature et les communautés pour assurer une gestion durable de la faune sauvage tout en sécurisant les activités économiques légales du secteur.

 
GR
 

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