L’adaptation au cœur du nouveau Pacte environnemental
Lancer un nouveau pacte environnemental est une ambition nécessaire, mais son efficacité repose sur un élément clé souvent sous-estimé : l’adaptation. Face aux impacts déjà visibles du changement climatique, le Gabon doit impérativement renforcer sa résilience pour protéger ses populations et transformer les défis environnementaux en opportunités économiques. Adrien NKoghe-Mba* met en lumière, ici, l’urgence d’intégrer l’adaptation au cœur des stratégies nationales, non seulement comme un impératif écologique, mais aussi comme un levier puissant pour l’emploi et le développement.
Lancer un nouveau pacte environnemental est une vision audacieuse. Mais pour qu’il devienne une réalité transformative, il doit s’attaquer à une dimension cruciale : l’adaptation. Car, au-delà des efforts de préservation et de transition écologique, c’est dans la capacité d’un pays à s’adapter aux changements climatiques que se joue son avenir. Au Gabon, cette adaptation n’est pas seulement une priorité environnementale : c’est une question de vie ou de mort, une réponse directe aux menaces existentielles qui pèsent sur les populations et les écosystèmes.
Le Président de la Transition a inscrit ce nouveau pacte parmi les trois priorités stratégiques de 2025. Mais c’est sur le terrain de l’adaptation que se trouvent les défis les plus urgents – et paradoxalement, les opportunités les plus riches. C’est ici que le Gabon peut non seulement protéger sa population contre les chocs climatiques, mais aussi offrir un horizon d’emploi massif et porteur de sens à sa jeunesse.
L’adaptation est une urgence vitale. Le Gabon, comme de nombreux pays africains, est en première ligne face aux impacts du dérèglement climatique. Les forêts tropicales sont confrontées à des sécheresses plus fréquentes, les zones côtières menacées par la montée des eaux, et les populations rurales vulnérables aux inondations et à l’érosion des sols. Ces réalités ne sont pas des hypothèses : elles se manifestent déjà, et leur intensité ne fera qu’augmenter. Sans une stratégie claire d’adaptation, les conséquences peuvent être catastrophiques. Les pertes agricoles menacent la sécurité alimentaire. Les déplacements de populations fragilisent la cohésion sociale. La biodiversité, qui est à la base de nombreuses activités économiques, est mise en péril. Dans ce contexte, l’adaptation n’est pas une option : c’est une obligation de survie.
L’adaptation est également un gisement d’opportunités pour la jeunesse. Si elle est une réponse vitale aux impacts du changement climatique, elle est aussi une opportunité unique de création d’emplois. Et c’est dans ce domaine que se cache le plus grand potentiel pour les jeunes Gabonais. Repenser les infrastructures, par exemple, implique de construire des routes, des habitations et des systèmes hydrauliques capables de résister aux conditions climatiques extrêmes. Ces projets nécessitent une main-d’œuvre qualifiée, des ingénieurs, des artisans et des techniciens. Renforcer la résilience agricole est un autre domaine clé, avec le développement de techniques agricoles durables, la formation des agriculteurs à des pratiques résilientes comme l’agroécologie, et la promotion de l’innovation dans la gestion des sols et de l’eau. Ce secteur seul peut absorber une part significative de la jeunesse rurale. Restaurer les mangroves pour limiter l’érosion côtière, reboiser pour lutter contre la désertification et développer des projets de gestion durable des forêts sont autant d’initiatives essentielles pour la planète et créatrices d’emplois locaux. Enfin, l’innovation technologique, avec le développement de solutions basées sur les technologies climatiques comme les systèmes de gestion des ressources en eau ou les outils de surveillance environnementale, offre des perspectives attractives pour une jeunesse formée et tournée vers l’avenir.
L’adaptation n’est donc pas un simple acte défensif. C’est une stratégie proactive qui transforme chaque défi en opportunité de croissance et d’emploi. Les grandes économies mondiales investissent massivement dans l’adaptation. Pourquoi ? Parce qu’elles ont compris qu’elle n’est pas seulement une réponse aux crises : elle est aussi un moteur économique. Le Gabon a ici une chance unique de tirer parti de son positionnement stratégique et de son capital naturel pour devenir un leader régional dans l’économie de l’adaptation.
Faire de l’adaptation une priorité centrale du nouveau pacte environnemental, c’est reconnaître qu’il s’agit d’un enjeu existentiel. Mais c’est aussi une opportunité historique pour le Gabon de démontrer qu’il est possible de concilier résilience, prospérité économique et inclusion sociale. En investissant dans l’adaptation, le Gabon ne répond pas seulement aux crises climatiques : il construit un avenir où chaque jeune peut jouer un rôle actif, significatif et durable. Dans un monde confronté à des défis environnementaux sans précédent, le Gabon pourrait bien devenir un modèle, une source d’inspiration pour les nations en quête de solutions.
Alors que 2025 s’annonce comme une année cruciale, le Gabon montre que l’adaptation n’est pas une réponse défensive. C’est un choix audacieux, un moteur de transformation et une promesse d’avenir pour toute une génération.
*Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo
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