L’accaparement des terres en Afrique centrale vue par le Cirad
Une chercheuse du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement s’est intéressée aux répercussions des agro-industries en Afrique centrale. Son analyse entend mettre en lumière les risques et opportunités des investissements agro-industriels pour les pays de la sous-région.
Le développement des agro-industries et ses conséquences sur les populations rurales est un sujet d’actualité. Dans la foulée d’études réalisées par différentes entités dont Brainforest, World Rainforest Movement (WRM) ou FERN (lire «Nouveau rapport de Brainforest sur l’insécurité foncière» ou «Accaparement des terres et aménagement du territoire, selon Franck Ndjimbi»), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)y va de son analyse. Le Cirad se penche sur les impacts sociaux, économiques et environnementaux des agro-industries qui se sont multipliées en Afrique centrale ces dernières années. De nombreuses questions sont ainsi soulevées : comment faire en sorte que les agro-industries profitent aux populations et aux pays qui les accueillent ? Quelles normes instaurer pour qu’ils ne nuisent pas à l’environnement, et en particulier aux forêts ?
Il s’agit là des questions indispensables pour les pays concernés, qui doivent réglementer l’attribution des terres s’ils veulent saisir cette opportunité pour diversifier leurs économies. Dans de nombreux pays africains, à l’instar du Gabon, les compagnies transnationales ont acquis de vastes superficies de terre (cas d’Olam ou de Siat) sans qu’ils ne soient préparés à cette situation. Et les concessions attribuées l’ont souvent été sans que les impacts environnementaux et sociaux aient été bien soupesés.
Ce sont donc quatre pays étudiés – Cameroun, Gabon, République du Congo et République démocratique du Congo – dans cette recherche. Et l’on apprend qu’ils cumulent plus de 1,5 millions d’hectares acquis par des agro-industries, en concessions ou, exceptionnellement, en propriété foncière à part entière. Ces investissements concernent essentiellement l’hévéa, le palmier à huile et, dans une moindre mesure, le bananier et la canne à sucre. Mais plus de 1,8 million d’hectares ont été mis sur la table des négociations sans aboutir à la signature d’accords. Une situation révélatrice du contexte dans lequel ces négociations ont eu lieu : «les États n’étaient pas prêts à accueillir une telle offre d’investissements à fort impact territorial et social. Ils ont dû établir en urgence de nouvelles procédures pour permettre à ces industries de s’installer, ce qui a parfois abouti à une mauvaise préparation des dossiers techniques et à des échecs sur le terrain», note la chercheuse, qui formule un certain nombre de recommandations pour accompagner les institutions publiques dans la définition et la mise en œuvre de politiques d’attribution des terres qui préservent les ressources naturelles tout en favorisant un développement économique durable et équitable.
Ainsi, pour transformer les risques en opportunités, il est indispensable de planifier l’utilisation des terres à l’échelle nationale et régionale, en tenant compte de l’intérêt des différentes parties prenantes. Plusieurs pays de la région se sont déjà engagés dans des réformes. Ils ont créé de nouvelles institutions pour mieux gérer les investissements à large empreinte foncière et ont intégré des normes, en particulier sur les impacts environnementaux et sociaux, dans leurs procédures d’attribution des terres à grande échelle.
Source : cirad.fr
1 Commentaire
Cet article de gabonreview soulève le problème de l’attribution des terres (par des pays d’Afrique centrale) à des entreprises intervenant dans l’agro-industrie sans étude d’impact préalable. dans ce papier, le Gabon est cité comme faisant partie de ces pays. je condamne cette attitude des ONG qui se contentent d’affirmer des choses sur la base des rendus des personnes non qualifiées. le gabon en octroyant des terres à olam pour l’hévéa culture à bitam a procédé à l’étude d’impact. cette étude est consultable la direction générale de l’environnement. elle a même fait l’objet d’une présentation aux populations de la zone concernée au cours d’une tournée conjointe conduite par le ministère de l’environnement, le cabinet d’études d’impact et sociales, les élus locaux et nationaux, certaines ONG.