La 13ᵉ session du Cadre Permanent de Concertation des Trésors Publics de la CEMAC (CPC-TP CEMAC) a officiellement démarré ce mardi 4 mars à Libreville. L’événement, qui se déroule du 3 au 6 mars 2025, a été inauguré par Luther Steeven Abouna Yangui, Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor du Gabon, également président du CPC-TP CEMAC pour l’année en cours.

La 13ᵉ session du Cadre Permanent de Concertation des Trésors Publics de la CEMAC (CPC-TP CEMAC) a officiellement démarré ce mardi 4 mars à Libreville. © GabonReview

 

Dans un contexte où les pays de la CEMAC cherchent à renforcer la gouvernance de leurs finances publiques et à optimiser leur accès au marché des valeurs du Trésor, cette rencontre revêt une importance capitale. Pendant quatre jours, la capitale gabonaise devient le centre névralgique des réflexions sur l’avenir budgétaire et monétaire de la sous-région.

Depuis sa création en 2021, le CPC-TP CEMAC joue un rôle clé dans la consolidation du marché des titres publics, une alternative au financement par la Banque centrale, historiquement limité à 20 % des recettes budgétaires nationales. Ce cadre de concertation offre aux États membres une plateforme pour affiner leurs stratégies de mobilisation des ressources, améliorer leur gestion budgétaire et garantir la soutenabilité de leur dette publique.

Lors de son discours inaugural, Luther Steeven Abouna Yangui a insisté sur les ambitions de cette session : «Nous allons œuvrer à développer le marché des titres publics pour élargir la base des investisseurs. L’objectif est de permettre aux États de la CEMAC de se financer localement et de réduire leur dépendance aux emprunts extérieurs, souvent coûteux et risqués».

Un tournant décisif pour le financement des États

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Rodrigue Bissielou Bi Didoungou, Directeur national de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), a rappelé que la création du marché des titres publics, il y a 16 ans, a marqué une rupture avec le modèle de financement reposant exclusivement sur les avances statutaires de la BEAC. Grâce à cette réforme, les États de la CEMAC ont progressivement adopté une stratégie de diversification des sources de financement, en émettant des obligations et des bons du Trésor sur le marché régional. «Ce changement de paradigme a permis aux États de renforcer leur autonomie financière et de réduire leur dépendance au financement monétaire», a-t-il souligné.

Toutefois, il a mis en garde contre des défis persistants. L’augmentation des taux de rendement constitue un frein à l’attractivité du marché. Par ailleurs, la baisse de la participation des investisseurs, combinée à la concentration des échéances de remboursement sur le court terme, accroît considérablement les risques de refinancement. À cela s’ajoutent des incidents de paiement récurrents, qui fragilisent la confiance des investisseurs et accentuent le risque lié aux signatures souveraines.

Des débats stratégiques pour un marché plus résilient

Le programme de la session prévoit des discussions approfondies sur plusieurs enjeux majeurs. Le premier axe de réflexion porte sur les risques budgétaires en zone CEMAC. Il s’agira d’évaluer l’efficacité des dispositifs de gestion existants et d’identifier des pistes d’amélioration pour renforcer la gouvernance financière et assurer une gestion plus rigoureuse et soutenable des finances publiques.

Un second volet mettra l’accent sur l’impact de la gestion budgétaire sur l’économie et le marché des valeurs du Trésor. Les participants analyseront les défis liés à l’optimisation de l’allocation des ressources financières et à la sécurisation des engagements budgétaires des États membres.

Deux focus thématiques viendront compléter ces échanges. Le premier portera sur l’exposition du secteur bancaire au risque souverain et ses répercussions sur le développement du marché des valeurs du Trésor. À cette occasion, des comparaisons avec d’autres marchés financiers africains permettront d’en tirer des enseignements. Le second sujet abordera les orientations budgétaires des États de la CEMAC pour l’année 2025. L’objectif est de mettre en lumière les principaux défis liés à la mise en œuvre des politiques publiques et à la programmation des financements nécessaires pour garantir une croissance économique durable.

Avec cette 13ᵉ session, Libreville devient le théâtre de discussions stratégiques pour surmonter les défis actuels et asseoir un marché des titres publics plus résilient et attractif en zone CEMAC.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. M IKIKA dit :

    Depuis 1983, la CEMAC n’a eu aucun impacte positif ‘TOUCHABLE’ pour le Gabon.
    Nous payons des cotisations pour y être, sans retour ‘tangible’ depuis 1983.

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