Trop de projets communs inachevés, libre circulation des personnes inexistante, manque de solidarité parmi les Etats pour des candidatures à des postes internationaux, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, créée en mars 1994 à la suite de l’UDEAC, va-t-elle rester à la traîne, alors que d’autres organisations régionales sont passées aux actes ? 

12è Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de la Cemac, le 7 mai 2015 à Libreville. © DCP-Gabon

12è Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la Cemac, le 7 mai 2015 à Libreville. © DCP-Gabon

 

Après plusieurs reports dus à des «raisons de calendrier», Libreville a abrité, le 7 mai dernier au palais de la présidence de la République, la 12ème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). En présence des présidents Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée-Equatoriale), Idriss Déby Itno (Tchad) et Ali Bongo (Gabon), en plus du Premier ministre de la République Centrafricaine et du président du Conseil économique et social du Cameroun, les Etats membres de la CEMAC ont décidé d’annuler l’un des projets-phares de l’organisation sous-régionale, à savoir le projet Air Cemac. Pourtant, que de sommets, réunions et séminaires pour mettre en place cette compagnie aérienne sous-régionale !

Air Cemac devait démarrer ses activités en juillet 2010, mais c’est à partir de mars 2013 que l’on a vraiment cru à la concrétisation de ce projet, lorsque le ministre congolais des Transports et de l’Aviation civile avait inauguré le siège de la compagnie à Brazzaville. Le PCA de la compagnie, le Gabonais Etienne Robin Mintsa-mi-Owono, et le directeur général centrafricain, avaient alors reçu officiellement les clés de cet imposant bâtiment. Mais deux années plus tard, au vu de l’inactivité et de l’échec relatif à la conclusion d’un accord avec un partenaire privé (South African Airways ou Air France), la Conférence des chefs d’Etat a décidé d’annuler le projet.

Mais il ne s’agit pas du seul projet dont l’échec ou le retard à l’allumage a été noté. Le rapprochement décidé en 2009 entre la Douala Stock Exchange, basée dans la capitale économique du Cameroun,  et la BVMAC dont le siège est à Libreville, s’embourbe dans d’interminables incompréhensions. De même, le passeport CEMAC annoncé en 2005 n’est toujours pas d’actualité. On peut également citer le programme économique communautaire adopté il y a cinq ans n’a connu aucun début d’exécution. Par ailleurs, sur le plan diplomatique, les Etats membres de la CEMAC se montrent rarement solidaires lorsque l’un d’entre eux présente un candidat à une organisation régionale ou internationale.

La CEMAC n’arrive pas à jouer pleinement son rôle, alors que l’UEMOA par exemple avance vers une plus grande intégration régionale en Afrique de l’Ouest. La CEMAC n’arrive pas à s’imposer comme un acteur sous-régional crédible. Vingt-et-un an après sa création, la CEMAC va-t-elle tomber dans les mêmes travers que son prédécesseur, l’UDEAC, qui, après trente ans (1964-1994), n’avait pas permis à ses Etats membres d’accomplir des projets communs.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Mendamadzé dit :

    Pensez-vous que la France et la Francafrique accepteront que l’Afrique centrale soit intégrée, et que les peuples bantous jadis ennemis de la colonisation soient enfin libres? La formule est simple: diviser pour mieux régner.

  2. Hervé Grupaune dit :

    Tout ceci montre que les Etats ne veulent perdre leur souveraineté dans aucun domaine. Il n’y a pas de panafricanistes du genre Kwamé Nkrumah en Afrique centrale. La CEMAC est donc promise à un avenir sombre.

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