Ce qui aurait pu ressembler à une scène de comédie est pourtant une affaire authentique : des mini-vidéos montrant des détenus de Koulamoutou tentant de s’évader par la Bouenguidi ont enflammé la toile. Au total, quinze prisonniers se sont échappés de la prison centrale de la capitale logovéenne. Cinq d’entre eux ont été rattrapés, mais les autres sont toujours en cavale. Face à cette grave défaillance sécuritaire, le Commandement en chef de la Sécurité pénitentiaire a démis de ses fonctions le directeur de l’établissement, pointé du doigt pour manquement grave au devoir. Le jour de l’évasion, un seul surveillant était en poste.

Capture d’une scène où les forces de défense tiraient sur des détenus tentant de s’échapper à la nage© Capture d’écran/GabonReview

 

Sur décision du Commandement en chef de la Sécurité pénitentiaire, le directeur de la prison centrale de Koulamoutou a été démis de ses fonctions. À la tête de cette maison d’arrêt depuis environ 5 ans, le lieutenant colonel Damas Moukanimambou est accusé de manquement grave au devoir. C’est pour ainsi dire, sous sa direction que 15 détenus se sont évadés le mardi 25 mars 2025 en début d’après-midi, de cette maison d’arrêt. Des vidéos devenues virales sur la toile montrent les forces de l’ordre tentant de neutraliser des prisonniers fuyant par les eaux de la Bouenguidi. À ce jour, cinq évadés, majoritairement gabonais et un congolais, ont été rattrapés.

Des détenus aux profils criminels variés

Incarcérés entre 2022 et 2024, ils sont accusés de vol aggravé, complicité et tentative de vol aggravé, rébellion, tentative de vol qualifié, détention illégale d’armes à feu, vol et défaut de carte de séjour. Parmi les dix en cavale, se comptent des condamnés et des prévenus eux aussi accusés de complicité et tentative de vol aggravé, vol, recel, vol qualifié, détention et usage illicite du cannabis, détention illégale d’armes à feu. Deux incarcérés le 20 février 2025 sont poursuivis pour association de malfaiteurs, entrave à l’action de la justice, détention et consommation illicite de cannabis, vol qualifier, assassinat. Un autre placé le même jour est impliqué dans une affaire d’entrave à l’action de la justice, complicité de détention illicite de cannabis, et d’évasion.

Selon des sources carcérales, cette évasion plutôt spectaculaire, est due à un déficit de matons (personnels de surveillance), des problèmes d’adduction d’eau et une absence de barrière de sécurité. Pour ainsi dire, la prison centrale de Koulamoutou compte 39 personnels pénitentiaires dont seulement 23 matons pour 118 prisonniers. Alors que la norme internationale recommande 3 agents pour un détenus, à Koulamoutou il y aurait plutôt un agent pour environ 5 détenus. Un ratio bien inférieur aux normes internationales, rendant la surveillance inefficace. Qu’à cela ne tienne, si les personnels pénitentiaires fonctionnent avec les moyens de bord, le jour de l’évasion tout est parti d’une nouvelle pénurie d’eau au sein de cette unité carcérale et sans doute, le nombre insuffisant de matons de service.

Inquiétude et questionnement

Le seul surveillant de service ce jour, en tentant d’extraire un détenu pour remplir des récipients, s’est retrouvé débordé par les prisonniers qui n’attendaient visiblement qu’une occasion pour s’enfuir. Une situation soulève plusieurs questions : pourquoi n’y avait-il qu’un seul surveillant en poste alors que le risque d’évasion était élevé ? Où étaient les autres agents ? Pourquoi la gestion du personnel n’a-t-elle pas anticipé un tel scénario ? Comment expliquer un tel relâchement dans une prison où, les profils des détenus en disent long ? S’agit-il d’une simple négligence ou d’un dysfonctionnement plus profond au sein de l’administration pénitentiaire ?

Si les cinq évadés ont été rattrapés avec l’aide des forces de défense et de sécurité de ville, l’inquiétude demeure quant aux dix encore en fuite. Des sources bien introduites assurent qu’une mission de l’inspection générale des services de la Sécurité pénitentiaire se rendra à Koulamoutou en vue de s’enquérir de la gravité de la situation et de proposer des solutions urgentes aux carences constatées au sein de l’établissement. Sera-t-elle suffisante pour faire face à cette crise et résoudre les problèmes structurels de l’administration pénitentiaire ? Ne faudrait-il pas une réforme plus profonde pour éviter que de telles évasions ne se reproduisent à l’avenir ?

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire