Justice : grève imminente des greffiers sur l’ensemble du territoire national
Face au silence persistant du ministère de la Justice sur leurs revendications, les greffiers du Gabon, regroupés au sein du Syndicat national des greffiers (Synagref), annoncent un préavis de grève d’un mois. Cette mobilisation risque de plonger le système judiciaire dans une paralysie sans précédent.
Le 29 novembre dernier, le président du Synagref, Me Ndong Christ Ghislain, a déposé un préavis de grève d’un mois auprès du ministre de la Justice. Cette décision, fruit des assemblées générales tenues sur l’ensemble du territoire national, reflète un mécontentement croissant face à l’inertie des autorités judiciaires. Les revendications des greffiers, bien que régulièrement exprimées, restent largement ignorées, ce qui pousse aujourd’hui ces acteurs clés de la justice à envisager une cessation totale de leurs activités.
Les assemblées générales organisées par le Synagref ont permis de faire le point sur les interactions entre le syndicat et la tutelle. Malheureusement, ce bilan a été unanimement jugé insuffisant par les greffiers. Parmi les griefs soulevés figurent notamment l’absence d’avancées sur le projet de loi portant statut particulier des greffiers, pourtant crucial pour clarifier et renforcer leur rôle. À cela s’ajoute le retard dans la dotation des costumes d’audience, symboles de l’autorité et du professionnalisme des greffiers, ainsi que l’absence persistante de délivrance de cartes professionnelles, indispensables pour leur identification et leur légitimité. Ces carences, perçues comme un manque de considération pour leur métier, nourrissent le sentiment d’abandon et de frustration parmi les membres du corps.
Vers une paralysie aux lourdes conséquences ?
Si cette grève venait à se concrétiser, ses conséquences seraient majeures pour le système judiciaire gabonais. Les tribunaux et les juridictions sur l’ensemble du territoire seraient fortement impactés, entraînant un ralentissement, voire un blocage total, dans le traitement des dossiers. «Ce dysfonctionnement du service public de la justice compromettrait non seulement la stabilité institutionnelle du pays, mais aussi la vision du chef de l’État, qui prône une restauration des institutions gabonaises», prévient le président du Synagref. Une telle situation risquerait d’aggraver la méfiance des citoyens envers l’appareil judiciaire, tout en fragilisant davantage les équilibres sociaux et économiques.
Cependant, malgré leur fermeté, les greffiers insistent sur leur volonté de voir cette crise résolue par des moyens pacifiques et constructifs. Dans sa lettre, Me Ndong Christ Ghislain souligne que le Synagref reste disponible pour une reprise rapide des discussions avec le ministère de la Justice. Il affirme que ce préavis n’est pas une finalité, mais un moyen de pression destiné à obtenir des avancées concrètes. «La paralysie du fonctionnement des juridictions n’est de loin pas notre objectif. Nous sommes résolus à participer à l’amélioration du fonctionnement de la justice et des conditions de travail des greffiers», écrit-il.
Le ministère de la Justice est désormais face à ses responsabilités : il doit répondre de manière adéquate et rapide aux revendications des greffiers, sous peine de voir le pays s’engouffrer dans une crise judiciaire d’une ampleur inédite.
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