Recalé de la présidentielle du 12 avril 2025 pour une raison qu’il juge fallacieuse, Jean-Rémy Yama dénonce un coup orchestré par les institutions de transition pour l’écarter du scrutin. Dans une déclaration au vitriol, il accuse le CTRI d’avoir trahi ses promesses et appelle à la mobilisation populaire. Face à cette exclusion controversée, l’homme fort du Parti national pour le travail et le progrès (PNTP) se pose en figure de résistance et interroge : «Pourquoi avez-vous peur de moi ?»

Jean-Rémy Yama, le 21 mars 2025 à Libreville : “Les ténèbres ont gagné une bataille, mais pas la guerre.” © GabonReview (capture d’écran)

 

Il était l’un des outsiders les plus attendus de la présidentielle du 12 avril 2025. Mais la Cour constitutionnelle en a décidé autrement. Jean-Rémy Yama, leader syndical devenu figure politique, a vu sa candidature rejetée sous prétexte d’un doute sur la nationalité gabonaise d’un grand-parent. Un motif qu’il juge fallacieux, une décision qu’il dénonce comme une “mascarade”. Vendredi 21 mars, dans une déclaration solennelle, il a dénoncé un coup porté à la démocratie et accusé le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) d’instrumentaliser les règles électorales pour l’écarter.

Une «mesquinerie inqualifiable» sous la houlette du CTRI

Dès l’entame de son allocution, le ton est donné : Jean-Rémy Yama dénonce une injustice flagrante, un “acte odieux” orchestré, selon lui, par le CTRI. «La Cour constitutionnelle vient de commettre un acte odieux d’une mesquinerie inqualifiable sur instruction du CTRI qui, le 30 août 2023, avait suscité l’espoir de tout le peuple gabonais», fulmine-t-il.

À l’origine de la controverse, une exigence soudaine du ministère de l’Intérieur : la preuve de la nationalité gabonaise d’un grand-parent, un élément qui n’a jamais été mis en avant dans d’autres candidatures. Yama affirme avoir fourni toutes les pièces requises, y compris l’acte de naissance de sa mère, retrouvé par sa famille après des recherches éprouvantes. Pourtant, la Cour constitutionnelle a maintenu son rejet, créant un précédent inquiétant.

«Alors qu’elle a accepté pour certains dossiers la production d’une nouvelle pièce, la Cour constitutionnelle a délibérément mis à l’écart ma candidature», martèle-t-il, dénonçant un traitement discriminatoire.

«Pourquoi avez-vous peur de moi ?»

Dans une interpellation directe au président de la transition, Jean-Rémy Yama questionne les véritables raisons de son exclusion. «Monsieur le président de la Transition, vous qui êtes garant de la restauration des institutions, pourquoi avez-vous peur de moi ? Dites aux Gabonais ce que vous voyez en moi qui vous fait si peur», lance-t-il avec gravité.

Le leader du Parti national pour le travail et le progrès (PNTP) ne s’arrête pas là. Il dresse un tableau sévère du pouvoir en place, qu’il accuse d’avoir trahi les espoirs de renouveau nés du coup d’État du 30 août 2023. «Le CTRI institue la mascarade et la fourberie comme gouvernance des institutions qu’il était censé restaurer», assène-t-il, pointant un virage vers une «malgouvernance» persistante.

Dans un élan quasi mystique, il se pose en leader de la résistance face à l’injustice : «Les ténèbres que le CTRI a prétendu chasser sont en train de s’installer durablement par le même CTRI», prévient-il.

Une exclusion qui interroge

La mise à l’écart de Jean-Rémy Yama s’inscrit dans un contexte électoral sous tension. Tandis que le CTRI promettait une transition inclusive et des élections transparentes, ce rejet soulève des doutes sur la sincérité du processus. D’autant plus que l’administration électorale avait déclaré son dossier complet le 8 mars, avant que l’exigence de la nationalité d’un grand-parent ne soit brandie comme un obstacle de dernière minute.

Pour Yama, le verdict est sans appel : il s’agit d’un stratagème visant à écarter une candidature dérangeante. «Le Gabon n’est pas un gâteau que les bâtisseurs de digues devront se partager», avertit-il.

Mobilisation populaire en vue ?

Malgré cette mise à l’écart, Jean-Rémy Yama ne compte pas baisser les bras. Il appelle ses partisans à rester debout et à ne pas céder à la résignation. «Les ténèbres ont gagné une bataille, mais pas la guerre. Restez mobilisés et répondez favorablement aux appels que je vous lancerai», exhorte-t-il.

En filigrane, c’est une menace voilée de contestation qui plane sur le scrutin d’avril. L’homme qui s’est fait un nom dans la défense des droits des travailleurs entend désormais se positionner comme le porte-étendard d’un Gabon en quête de justice. «Avec l’aide de Dieu et de nos ancêtres, nous vaincrons», conclut-il, dans une rhétorique messianique qui ne manquera pas de galvaniser ses soutiens.

À moins d’un mois de la présidentielle, cette exclusion controversée soulève une question de fond : le Gabon est-il réellement en train d’écrire une nouvelle page de son histoire démocratique ou replonge-t-il dans les vieux travers du passé ?

 

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Battre Yama valait mieux pour Oligui que l’écarter de la présidence de cette façon. Quel gabonais sérieux pourrait trouver pertinent cet argument d’une personne qui pour un grand nombre des gabonais reste un combatant, voir un martyr pour la résistance. Une nouvelle qui décrédibilise et affecte la légitimité du nouveau code électoral. Un geste qui va jeter un doute sur la nature démocratique du processes en cours et va affecter un peu plus la confiance des populations envers Oligui qui semble avoir voulu être seul avec quelques PDGistes impopulaires pour légitimer son plebiscite.

  2. Prince dit :

    Cher frère jean Rémy yama, pourquoi veux tu perdre ton temps et ton argent pour une mascarade d’élection dont on connaît le résultat ? A moins que ton but était de faire de la figuration, comme les autres pour espérer avoir un poste ministériel ?

  3. Jean Jacques dit :

    Voilà la vraie, vraie et vraie DICTATURE, corruption,,detournements,,gros mensonge déjà installé au Gabon, les putschistes oublient que tous les tyrants en Afrique tjrs et terminent très mal.Les Bongos n’ont jamais et jamais écarté les adversaires politiques.

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