À condition de s’inscrire dans une stratégie claire, la non-participation de la Coalition pour la nouvelle République à la grand-messe voulue par Ali Bongo peut, peut-être, contribuer à clarifier les positions et réinventer l’opposition.
Jean Ping et ses alliés – Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba Ndama – lors d’une récente tournée dans le Woleu-Ntem. © facebook.com/Jean-Ping-En-Images
 
Voulu par Ali Bongo, le dialogue politique valait-il la peine d’être essayé ? Sans doute. Etait-il nécessaire de l’organiser sous la forme actuelle ? C’est plus discutable. Fallait-il le tenir à tout prix, y compris en l’absence du camp Ping ? C’est encore plus contestable. Jusqu’à la semaine dernière, une partie de l’opinion y voyait une opportunité de rassembler la nation. Certains avaient prédit un fléchissement de Jean Ping. D’autres avaient misé sur une probable participation de Casimir Oyé Mba (lire «L’Union nationale ira au dialogue»). Il y en avait même pour parier sur une présence de Guy Nzouba Ndama, la récente création de Les Démocrates étant analysée comme le signe avant-coureur d’une démarche solitaire de sa part. Aux yeux de nombreux analystes, on se dirigeait droit vers une implosion de la Coalition pour la nouvelle République. Ne leur déplaise, rien ne permet aujourd’hui de corroborer leurs supputations. Bien au contraire…
Tout bien pesé, la cérémonie d’ouverture du dialogue politique a laissé le sentiment d’une radicalisation des positions. Elle a conforté l’idée d’un resserrement des liens au sein de l’opposition. Malgré de perceptibles divergences d’approche, ses principaux ténors ont apporté la preuve d’une convergence sur les valeurs et principes, les propos d’Emmanuel Issoze Ngondet (lire «Dialogue national, un impératif et une nécessité») et les rodomontades de Francis Nkea Ndzigue (lire «Le triple défi» ayant été ressentis comme des défis à la solidité de leur alliance. Au-delà, la non-satisfaction des préalables énoncés par René Ndemezo’Obiang (lire «Démocratie nouvelle va dialoguer et non négocier») a apporté de l’eau à leur moulin. Les philippiques de Faustin Boukoubi (lire «Boukoubi rate le coche») ont conforté la thèse d’une manœuvre de légitimation d’Ali Bongo ou tout au moins d’un jeu de dupes.
Position de principe
Malgré ce coup de pouce inespéré du secrétaire général du PDG, rien n’est définitivement scellé. Loin de là. Les amis de Jean Ping ont encore beaucoup à faire et à prouver s’ils veulent réellement transformer leur refus en une opportunité politique. Leur premier défi est celui de la stratégie. Quelle suite entendent-ils donner à leur positionnement ? Comment espèrent-ils le capitaliser ? Personne ne peut répondre à ces questions. En revanche, des propositions de réformes juridiques et institutionnelles sont attendues de ce dialogue (lire «La lecture de Démocratie nouvelle»). Quelle sera leur attitude au moment où le gouvernement essaiera de les traduire en actes ? Là encore personne ne sait. Au risque de devoir subir les événements, la Coalition pour la nouvelle République a désormais l’obligation de dérouler un agenda. Sous peine de se voir imposer des choses, elle doit redoubler d’ardeur et opposer une démarche politique. Autrement, son refus apparaîtra comme une foucade sans prise sur le réel.
La non-participation n’est, en effet, ni un moyen de lutte ni une action. Elle découle d’une position de principe. En conséquence, elle ne saurait se suffire à elle-même. En revanche, elle doit orienter l’action politique. Concrètement, elle doit correspondre à des engagements et permettre une meilleure lisibilité de la stratégie. Dès lors, il faut lui donner une suite concrète. Jean Ping et ses alliés vont-ils s’y résoudre ? Y sont-ils préparés ? Sont-ils organisés en conséquence ? Ont-ils, aux plans national et international, les relais pour ? La coalition pour la nouvelle République pourra toujours mettre en avant les collusions institutionnelles, mais elle devra agir. Déjà, certains de ses alliés d’hier raillent publiquement cette décision (lire «Résistance, ensuite quoi ?»). Annoncée dès après la présidentielle du 27 août dernier, elle avait immédiatement été rejetée par René Ndemezo’Obiang (lire «Ndemezo’Obiang partant»). Le départ de l’ancien directeur de campagne de Jean Ping, les arguments échangés et le tohu-bohu ambiant ont fait le reste. Là où on pouvait s’attendre au déclenchement d’une dynamique politique de fond, on a plutôt eu le sentiment d’un enchaînement d’hésitations.
Crédibilité engagée
Pour autant, la Coalition pour la nouvelle République jure être déterminée à ne pas reproduire les schémas de ses devancières. Elle maintient ne pas vouloir contribuer à la légitimation du pouvoir en place. Elle dit ne pas accepter de se soumettre aux diktats des institutions. Elle affirme préférer la confrontation aux arrangements d’arrière-boutique. Pour elle, la non-participation au dialogue voulu par Ali Bongo est un acte de «résistance» ou tout au moins d’affirmation de son identité et de sa spécificité. N’empêche, des bruits de couloir laissent croire à une réflexion sur une éventuelle participation aux législatives futures. Si cette perspective est démocratiquement saine, il serait risqué de lui donner corps dans des conditions décidées au cours d’un dialogue auquel elle a souverainement refusé de prendre part. Ayant mis en avant des principes moraux, elle est bien obligée de s’y conformer, au risque de dérouter sa base.
La crédibilité des amis de Jean Ping est assurément engagée dans l’issue et la suite du dialogue voulu par Ali Bongo. Pour offrir à leur base une perspective, ils doivent désormais faire bouger les lignes. Si leur position actuelle se traduit par un renforcement de leur unité, une mobilisation générale et des frictions au sein de la majorité alors, ils pourront en proclamer la justesse. Si tous les tenants d’une participation prennent leur courage à deux mains et décident de franchir le pas, ils pourront même se targuer d’avoir clarifié les positions et réinventer l’opposition. Pour l’heure, rien n’est acquis. De nombreux militants évoluent dans le clair-obscur mais, l’opinion attend pour juger sur pièces. Parfois, elle semble même verser dans une forme d’impatience, d’agacement ou de défaitisme. Un peu plus de six mois après la présidentielle, il est peut-être temps de faire bouger les choses.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. diogene dit :

    La conférence nationale et les autres dialogues depuis 1990 ont débouché sur des résolutions voire des actes qui finalement ont tous fini dans les poubelles de l’histoire.
    Ce n’est pas d’un énième dialogue dont nous avons besoin mais d’un changement radical à la tête de l’état. En d’autres termes en finir définitivement avec le bongoand et la corruption généralisée qu’elle promeut.

  2. EKOUROU dit :

    Le dialogue nationale pour constater l’impasse dans laquelle le Gabon se trouve est une obligeance pour tous compatriotes. Constat fait le « on fait comment » du naturel psychologique du gabonais d’aujourd’hui, nous aurais conduit nécessairement à la recherche des solutions vitales pour redresser le pays. Ce dialogue que Bongo et les siens ont refusé pendant 7 ans navigant à contre sens de la psychologie de son père, ne peut être légitime sous quelque forme que ce soit. Tous écoutons les discours de l’idiot sur l’état de droit. Alors, j’attend patiemment la nouvelle redéfinition du concept « état de droit » par ceux qui sont plus gabonais que les autres. Ali Bongo est une sorte de malade qui ne se constate pas la dérive autoritaire et maladroite. Un homme qui navigue à contre courant de l’opinion majoritaire qui s’est exprimée le 27 août 2016. En nous déniant le droit de nous exprimer, lui et son camp, ont-ils encore la concorde comme préoccupation?. Le PRESIDENT JEAN PING Doit aller dans le sens du vote qui s’est exprimé le 27 Août n’en deplaise les errants. Nous qui n’en voulons plus de se système PDG, devrions nous battre pour l’eradiquer si non, nous taire et continuer à le subir.

  3. Nkembo dit :

    Après avoir écouté Ping sur rfi,j’ai compris que le peuple gabonais a les dirigeants qu’il mérite. Comment peut-on acquiescer de telles déclarations? Les politiques gabonais(de tous bords) se moquent du peuple. Mr Ping a déclaré que lors de la conférence nationale,les règles de jeu avaient été entraînées puis petit à petit le régime a tout tricoté. De qui se moque t-on? Qui s’appelle Mr.régime dans ce pays. N’est ce pas Ping,Nzouba Ndama,Chambrier,Ntoutoume Émane,Menga,Ndemezo et tous leurs alliés qui ont largement contribué au tricotage de ces règles de jeu? Est ce que ces hommes politiques là ont même encore une conscience?Tant que les gabonais continueront à cautionner ces déclarations démagogiques des politiques (pouvoir comme opposition),ces politiques se moqueront toujours du peuple.Et il n’y aura aucun changement à espérer.

    • Mumbu dit :

      M. Nkembo, le temps qui est passé entre la conférence national et les derniers événements a fait naître de « nouveaux Gabonais ». Il ne s’agit pas de M. Ping, il s’agit de nous « les nouveaux gabonais », qui aspirons à la liberté, à notre souveraineté qui nous est désormais léguée par l’acte d’un vote, il s’agit d’une nouvelle génération qui croit en la démocratie, à l’alternance politique. Des nouveaux gabonais qui souhaitent le développement de leur pays. La question aujourd’hui, est de s’avoir qui peut aujourd’hui permettre cette éclosion de « nouveaux gabonais », qui permette à notre pays de se hisser au delà des clivage politiques, au rang des pays africains, qui se veulent réellement émergent, à la place du dénie politicien, de la mâle gouvernance, des détournements de deniers publiques. Je vous invite à recentrer votre réflexion non pas sur Jean Ping, mais sur les efforts de ces gabonais qui chaque jour rêve d’un pays libre, démocrate, soucieux du bien être de son peuple.
      Cordialement

    • EKOUROU dit :

      Absolument Nkembo Ping était un maillon de ce régime, comme à ton corps défendant tu es surement le gabonais qui a façonné celui qu’incarne Ali bongo. Est-ce encore possible q’on se comprenne dans ce pays?. Né haut, tu mourras plus haut, mais les nombreux gabonais qui souffrent parce qu’ils ne se reconnaissent plus en ce régime méritent un peu de compensions. J’ai moi entendu les balles de nos soldats se fracasser sur les murs du QG de PING, certaines ont mortellement arrachées à notre affection des compatriotes. Donc défendre sa citadelle au mépris de la morale est une grande déviation qui surement ne consolidera pas sa fondation. Si tu es encore mon compatriote alors soit plus raisonnable car le pays ne peut se reconstruire que si chacun de nous y met du sien.

      • Iboundji dit :

        Voilà bravo et merci car ainsi parlent les sages….
        « Ngudu gwanbiya,minu [pour bien parler ,il faut des dents] sagesse Guisir
        « Gisamana ndongi, gimana vè » [+ on méprise les conseils + on en a besoin] sagesse Vili
        « U djab diagu, u djab di mbatsi « [Comme tu considères et respectes ce qui te concerne, considères et respectes de la même façon ce qui concerne autrui] sagesse Punu

  4. Nkembo dit :

    lire: les règles de jeu ont été enterinées.

  5. Iboundji dit :

    « Oba wi bosso w’onaniza ni djana  » [à toujours compter sur le manguier suivant, on couche le ventre vide] sagesse Myènè
    « Mebvune va, ke bò mò  » [de l’espoir, de l’espoir jamais aucun résultat] sagesse Fang

  6. lepositif dit :

    Tchouoooo Jean Ping l’Echoué du 27 Aout 2016, c’est toi qui parle comme ca??? Serieux. Morceaux choisis pour tes fans que tu as vampirises au point de leur perdre la memoire:
    parlant de la conference nationale l’Echoué dit ceci: “«Progressivement le régime a tricoté la situation dans laquelle nous nous trouvons », il poursuit: “«On est revenu à un tour, etc. sans demander à personne. Maintenant, ils nous disent qu’ils veulent détricoter», rien que ca. Pierre Mamboundou et ton frere Rendjambe doivent se retourner dans leur tombe.
    Je sais que la vieillesse fait perdre la memoire, onero Ping, je te rappelle que tu as avait ete nomme ministre de l’Information, des Postes et des Télécommunications, du Tourisme et des Loisirs, de la Réforme du secteur parapublic, chargé des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, le 26 Fevrier 1990, donc bien avant cette conference (qui avait eu lieu du1er mars au 19 avril 1990) et tu es reste ministre jusqu’au 06 Fevrier 2008, donc 18 ans ministre de ce pouvoir.
    Quand on torturait et emprisonnait ton frere Agondjo, tu n’as rien dit…
    Quand on a tué ton frere tu n’as rien dit…tu etais ministre de ce pouvoir
    Quand Mba Abessolo reclamait sa victoire en 1993, tu n’as rien dit…
    Quand Mamboundou reclamait ses victoires en 1998 et 2005, tu n’avait rien dit…tu etais ministre de ce pouvoir
    Quand Mba Obame pleurait sa victoire en 2009… tu avais dit: “La victoire d’Ali Bongo ne souffre d’aucune contestation… tu etais president l’ Union Africaine.
    Tu es un menteur Jean Ping, tu ne penses pas au peuple, tu veux regler tes problemes avec ton beau frere en prenant en otage le Gabon et en te servant du pauvre peuple que tu as decouvert souffrant seulement apres avoir servi ce regime pendant 2 décennies et tu viens parler comme si tu etais Mengara ou Moubamba (avant sa nomination), tu prends vraiment les gens pour les imbeciles et il y a des gens qui te suivent…

    • akomamba dit :

      Monsieur, après une lecture minutieuse du post de EKOUROU (répondant à nkembo), on devrait se taire et suivre la voie de la sagesse contenu dans son discours. Est ce que vous êtes obligés de sortir des inepties…?

  7. BBTG dit :

    En 2009, lorsque le Petit a été déclaré président son abeau (président quelque part) répondait à un journaliste, qui lui demandait s’il soutenait le Petit, que : je cite « L’oiseau ne vole que dans le sens de son bec ».
    En 2016, j’ai revu cet oiseau volant dans le sens de sa queue.
    Qu’est-ce qui n’a pas marché pour l’oiseau au point de perdre le sud, pour ne pas dire le nord?

  8. BBTG dit :

    Ne me lapidez pas, je ne fais que m’interroger car les politiciens du Gabon me dépasse, qu’importe leur bord.
    J’ai l’impression qu’ils pensent tjrs s’adresser à des idiots sans mémoire. Pire encore, ils oublient tout ce qu’ils disent dans les médias et quand ça les rattrape, ils tournent la langue pour sortir des bétises comme le pseudo-pasteur-prophète Mavioga.
    Que Dieu nous sauve !!

    • OBAGOME dit :

      Monsieur le débat qui tourne autour du désir d’alternance qui est, d’ailleurs, une mouvance internationale n’est pas axé sur le leadership politique mais sur ce que dit le post de mumbu, je cite « “les nouveaux gabonais”, qui aspirons à la liberté, à notre souveraineté qui nous est désormais léguée par l’acte d’un vote, il s’agit d’une nouvelle génération qui croit en la démocratie, à l’alternance politique. Des nouveaux gabonais qui souhaitent le développement de leur pays. La question aujourd’hui, est de s’avoir qui peut aujourd’hui permettre cette éclosion de “nouveaux gabonais”, qui permette à notre pays de se hisser au delà des clivage politiques, au rang des pays africains, qui se veulent réellement émergent, à la place du dénie politicien, de la mâle gouvernance, des détournements de deniers publiques. Je vous invite à recentrer votre réflexion non pas sur Jean Ping, mais sur les efforts de ces gabonais qui chaque jour rêve d’un pays libre, démocrate, soucieux du bien être de son peuple. » S ‘il vous plait ici c’est pour donner et recevoir si vous n’avez la capacité d’apprendre ou l’humilité à donner passez votre chemin…

Poster un commentaire