Débarqué lors du Conseil des ministres du 28 décembre 2023, l’ancien directeur général adjoint de la Société de patrimoine des infrastructures numériques (SPIN Gabon) broie du noir. Émile Kombila n’est toujours pas entré en possession de la totalité de ses indemnités dont le calcul laisse par ailleurs à désirer. Avec un enfant malade à l’étranger, l’homme qui est désormais au chômage a pourtant relancé le directeur général qui semble ne pas prendre en considération son cas. «Je veux qu’on me rende ma dignité», réclame-t-il.

L’ex-DGA de la SPIN, Émile Kombila. © GabonReview

 

La cinquantaine d’années révolue, Émile Kombila a fière allure. Après de longues années en France, il décide de rentrer servir son pays le Gabon dans un domaine qu’il connaît bien : le numérique. Il est recruté en juin 2015 suite un appel lancé par la Commission nationale des travaux d’intérêt public pour la promotion de l’entrepreneuriat et de l’emploi (CNTIPPEE) dans le cadre du projet Cap4 de la Banque mondiale en tant qu’auditeur chargé du management de la performance pour la Convention de délégation de service public (DSP) signé entre l’État gabonais représenté par la Société de patrimoine des infrastructures numériques (SPIN Gabon) et le regroupement de sociétés Bouygues énergies service et Axione.

8 ans à la SPIN

Après avoir mené ses activités d’auditeur pendant 4 ans, il est nommé directeur général adjoint de la SPIN en juillet 2019 avant d’en être débarqué en décembre 2023. S’il est tout aussi fier de cette expérience à la SPIN, son allure cache cependant un homme attristé, déçu et humilié. Émile Kombila qui avait le statut de mandataire public durant les quatre dernières années, est certain d’avoir perdu sa dignité après son limogeage : il n’est toujours pas entré en possession de ses indemnités chiffrées à un peu plus de 38 millions de francs CFA. Selon les textes qui créent le conseil d’administration de la SPIN, en tant que DGA ayant totalisé 4 ans d’ancienneté Émile Kombila a droit à son véhicule de fonction en plus de son salaire net.

Ainsi que les frais de représentation qui vont de 6 à 18 mois. Débarqué alors qu’il était en France, il a assisté à la cérémonie de passation de charges, mais n’a jamais fait de passation des dossiers techniques. Pourquoi ? Mystère et boule de gomme. Il a depuis lors entrepris de réclamer ses indemnités de fin de fonction dont il a obtenu une première partie aux forceps. «J’ai dû faire des allées et venues à la SPIN pour qu’en mars on me paie une première partie de 15 millions», nous a confié l’homme dont le conseil d’administration a décidé de payer en termes d’émoluments, 7 mois de salaire. Sur quelle base les administrateurs ont-ils opté pour le paiement de 7 mois sur un intervalle de 6 à 18 mois et au regard de son ancienneté ?

Émile Kombila. © GabonReview

Le règne de l’arbitraire ?

La question reste entière et cette décision n’a jamais été notifiée à l’ex DGA qui n’a par ailleurs, jamais reçu le compte-rendu du conseil qui acte ses émoluments. «C’est le juriste qui me l’a dit verbalement», a fait savoir Émile Kombila qui touchait un salaire de 3,5 millions de francs CFA/mois. Multiplié par 7, il devrait donc percevoir un montant de 38,850 millions de francs CFA. Soit, un reliquat de 23,850 millions de francs CFA toujours pas payés malgré des correspondances au PCA et au directeur général de la SPIN. «J’ai quand même été directeur général. Qu’on me respecte en payant mes droits au lieu de me faire tourner en bourrique ! Le nouveau DG de la SPIN me fait tourner en bourrique», a-t-il lâché.

La SPIN aurait décidé de lui reverser son dû en plusieurs tranches sans le lui notifier. Pourtant, croit-on savoir, un tel scénario ne s’est jamais produit dans cette société d’État où d’anciens DG ont quitté leurs fonctions avec des chèques chiffrés à plus 50 millions de francs CFA. Signe de l’arbitraire ? Émile Kombila fait face à des difficultés financières avec à la clé, une femme et trois enfants dont un malade : tous à sa charge en France où ils étaient restés quand il avait regagné le Gabon. Sans administration d’origine, il est désormais au chômage. «Je n’ai pas d’autres revenus pour vivre aujourd’hui», a dit l’homme dont le premier paiement a été absorbé par une banque à qui il doit un crédit.

Ces pratiques qui ternissent la Transition

«Pour me payer ce chèque, il a fallu que j’aille crier à la SPIN, faire un scandale. C’est ce pays qu’on veut construire ? C’est ce pays dont on veut réformer les institutions en traitant les Gabonais de cette manière ?», a clamé l’ex DGA qui pousse un coup de gueule pour attirer l’attention du président de la Transition. «Je ne peux pas continuer à vivre dans la précarité alors que j’ai 23 millions de francs dehors, que la SPIN ne peux pas me payer», s’est exclamé l’homme rongé par un sentiment d’injustice après avoir servi la SPIN pendant 8 ans et parfois, à ses risques et périls. L’on est d’ailleurs tenté de se demander ce qui se passe avec cet ancien DGA. Persona non grata ? Il est décrit comme «un homme bien avec la tête sur les épaules».

Émile Kombila compte porter plainte à la SPIN et l’attaquer en dommages et intérêts pour le préjudice moral causé. Voire, «poser un acte qui va interpeller la Nation». «Il faut qu’on me rende ma dignité», a déclaré l’ex DGA aussi triste de voir comment certains talents sont jetés aux orties qu’écœuré de constater que certains Gabonais arrivés à des postes de responsabilités, se plaisent à «faire du mal» à leurs compatriotes. «Cette nouvelle génération m’inquiète extrêmement», a-t-il commenté. «Je veux qu’on me rende ma dignité», a insisté Émile Kombila qui se tourne vers les autorités de la Transition. À l’heure de la restauration des institutions et de la dignité des Gabonais, ce genre de pratiques ne les honorent d’ailleurs pas.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Jean Jacques dit :

    Comment espérer un changement avec les putschistes, olingui et sa bande en treillis ont commis un crime un coup d’état se passe dans les Républiques de bananes, depuis le coup d’état la vie des citoyens à changée ? On observe la dictature, kidnappé, séquestré et torturé les citoyens.
    Un pays homophobe,racistes, criminels, corrompu, on demande les gabonais qui vivent en paix à l’étranger.

  2. Jean Jacques dit :

    Comme l’ignorance fait les menteurs passent leur temps a employé des expressions (dignité, liberté,félicité)qu’ils ne connaissent pas la signification. Là on recrute quelqu’un le incapable de payer ses droits. C’est ce qu’on appelle l’état VOYOU.

  3. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bsr. Mr KOMBILA FAITE DU TAPAGE SINON VOUS N’AUREZ RIEN. C’EST QOUI CE PAYS LA. Amen.

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