«Je suis un paria dans mon propre pays» (Oncle Didine)

S’il est connu pour ses rôles dans de nombreuses productions cinématographiques, à l’instar de la série L’auberge du salut ou le long métrage Le singe fou, Adrien James Prince de Capistran dit «Oncle Didine» est pourtant loin d’avoir bénéficié de la reconnaissance des plus hautes autorités du Gabon dont il n’a reçu aucune distinction honorifique après plusieurs décennies d’activité, au point de se considérer comme «un paria».

Adrien James Prince de Capistran dit Oncle Didine. © Gabonreview/Capture d’écran/Gab’Kulture

Il sort de loin. Un chapeau sur la tête, des lunettes de vue sur le nez, un pendentif au bout duquel est écrit «Jésus», un collier de barbe poivre et sel, Adrien James Prince de Capistran semble requinqué et assure sur l’émission Gab’Kulture qui l’accueille : «J’étais à l’article de la mort.» À 65 ans, celui qui est plus connu sous le pseudonyme de Oncle Didine (nom de son personnage dans la série télévisée L’auberge du salut, 1992-1993) dit avoir été frappé quelques mois plus tôt par une hernie ayant touché sa prostate et qui a nécessité une intervention chirurgicale au Centre hospitalier universitaire d’Owendo (CHUO).

Après cet épisode douloureux, l’acteur et comédien gabonais a également à cœur une situation tout aussi douloureuse qu’il dit vivre depuis quatre décennies, donc depuis le début de sa carrière : le manque de reconnaissance de la part des plus hautes autorités du Gabon. «Je suis un paria dans mon propre pays», affirme celui qui, peu après ses débuts, s’était déjà vu refuser un coup de main pour parfaire son talent dans une école spécialisée. «Je n’ai jamais participé à un état général, à un colloque, un séminaire, un symposium ou à une représentation de mon pays quelque part», regrette l’homme qui assure ne pas être «un martien ou un alien» sorti de nulle part pour faire l’objet d’autant d’indifférence.

«Sous d’autres cieux, j’aurais déjà eu la médaille de chevalier de l’Étoile équatoriale, celle d’officier dans l’ordre national du mérite ou de commandeur de la Légion d’honneur. Mais je n’ai rien de tout cela à ce jour», estime-t-il non sans faire remarquer qu’il a encore été soit oublié, soit délibérément mis à l’écart lors de la Nuit du talent ayant permis aux 44 lauréats de se partager 181 millions de francs CFA et divers cadeaux en novembre 2022. Pourtant Oncle Didine l’assure, ses déboires ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis Omar Bongo qui appréciait son jeu d’acteur, les gratifications de l’ancien président gabonais et même celles de son épouse ne lui sont jamais parvenues.

Au cours de ses 45 années de carrière dans l’art dramatique, autodidacte, Adrien James Prince de Capistran a tourné dans trois séries télévisées, dont Albert Schweitzer (1986-1992, Allemagne) et Affaires voisins (2007-2008, Gabon). Il a participé à 29 films. La plupart des films tournés récemment au Gabon ne lui ont presque rien rapporté en termes de cachets, assure-t-il.