Homme d’affaires et figure politique gabonaise en cavale depuis sa convocation par la police judiciaire, Hervé Patrick Opiangah a brisé le silence ce samedi 15 décembre 2024 dans une déclaration vidéo diffusée sur l’émission Facebook «Le Balcon» du journaliste activiste Jonas Moulenda. Accusé de tentative de déstabilisation des institutions, de viol, d’inceste et de séquestration, il a rejeté toutes les charges en dénonçant une cabale politique et a lancé un appel direct au président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour privilégier la paix et l’unité nationale. Cinq articles en un, livrant l’essentiel de ce qu’il a déclaré.

Hervé Patrick Opiangah tel qu’il est apparu sur ‘’Le Balcon’’ de Jonas Moulenda, le 14 décembre 2024. «La paix est plus importante que le règlement de comptes : j’appelle à la sagesse pour préserver l’unité nationale.» © GabonReview (capture d’écran)

 

Après plusieurs semaines de silence et de cavale par suite de sa convocation par la police judiciaire, Hervé Patrick Opiangah, figure politique gabonaise controversée, est réapparu ce samedi 15 décembre 2024 à travers une vidéo diffusée sur l’émission Facebook «Le Balcon» du journaliste exilé et activiste en France Jonas Moulenda. Dans une déclaration d’une vingtaine de minutes, il s’est défendu des multiples accusations portées contre lui et a adressé un message au président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Un homme sous pression, mais combatif

C’est un Hervé Patrick Opiangah métamorphosé qui est apparu à l’écran, arborant un simple t-shirt et une barbe fournie, éloigné de son image habituelle de dirigeant soigné en costume ou habits africains. Cette apparence décontractée, presque inhabituelle, reflète sans doute les pressions auxquelles il est confronté. Pourtant, son discours reste ferme et déterminé, traduisant une volonté de reprendre la main sur le récit qui lui est imposé depuis sa disparition des radars.

Dès l’introduction de sa déclaration, il a tenu à réaffirmer son identité gabonaise : «Je suis Gabonais, fils des neuf provinces de notre pays, originaire du Haut-Ogooué. […] Mais, au-delà de ces origines, je suis Gabonais, Gabonais des neuf provinces.» Cette insistance sur ses racines vise probablement à réaffirmer son appartenance à une nation qu’il estime aujourd’hui divisée et fragilisée par les luttes de pouvoir.

Il a justifié sa disparition par des motifs de sécurité, estimant nécessaire une période de silence et d’observation : «Je n’ai pas fui. […] Le temps est le meilleur allié. Mais aujourd’hui, me voici. » Ses mots, entre justification et défiance, laissent entrevoir une stratégie calculée pour répondre à ses accusateurs tout en s’adressant directement à l’opinion publique. Il a ainsi choisi de réapparaître par le biais d’une plateforme considérée critique du pouvoir, marquant une rupture claire avec les canaux institutionnels classiques.

Des accusations qu’il rejette fermement

Opiangah a consacré une large partie de son intervention à réfuter les accusations portées contre lui, notamment celles de tentative de déstabilisation des institutions et d’infractions graves telles que le viol, l’inceste et la séquestration.

Concernant la perquisition de son domicile, il a critiqué la manière dont les autorités ont procédé : «Ils n’ont jamais ouvert mes coffres en présence de mes enfants, de mon personnel, ou de mes avocats. […] Ils ont emporté tous les coffres à la direction de la PJ et les ont ouverts sans la présence de mes avocats, à l’abri de tout regard.» Quant aux sommes saisies, il a affirmé pouvoir les justifier : «175 millions de francs CFA. Oui, je pourrais les justifier à tout moment. Je travaille depuis bientôt 40 ans. […] Les bijoux, je les ai payés dans le temps ou ils m’ont été offerts en cadeau.»

Sur les accusations liées à des dossiers compromettants, il a invoqué une machination orchestrée depuis plusieurs mois : «Le 20 novembre 2024, j’ai déposé une plainte au parquet, relatant une conspiration visant à construire des mensonges sur ma prétendue implication à une déstabilisation. […] Ces révélations émanent des agents de la GR et font l’objet de transcriptions officielles

Viol, inceste et séquestration : un dossier qu’il qualifie de fabrication

Les accusations de viol et d’inceste, initialement portées par une plaignante rétractée, sont selon lui une autre illustration de cette prétendue cabale : «À cet instant, la mère de mes enfants, Bilogué Lucie, n’avait jamais initié de plainte. Mais, comme par hasard, quelques jours après, c’est elle qui devient plaignante

Il a rappelé qu’une plainte de son fait, suivie d’une enquête antérieure à Lambaréné avaient conclu à l’inexistence des faits : «Tout avait été corroboré pour dire que cela n’avait jamais existé. Comment comprendre qu’en deux mois, quelqu’un puisse se déjuger ?» Hervé Opiangah a pointé ce qu’il perçoit comme une manipulation orchestrée pour porter atteinte à son intégrité et à sa réputation, en insistant sur le caractère incohérent des déclarations successives des plaignants. «Le problème est ailleurs, et cela montre que ces accusations sont avant tout motivées par des enjeux politiques

Une relation complexe avec le général Oligui Nguema

Opiangah a placé sa déclaration sous le signe d’un appel à l’apaisement, tout en évoquant des tensions avec le chef de l’État de la transition : «Le problème, c’est le général Oligui Nguema et moi-même qui le connaissons. Je pense vraiment avec beaucoup de sagesse que ça n’honore pas tout ce qui se passe dans notre pays.»

Opiangah a exhorté les membres du CTRI et d’autres personnalités politiques, à jouer un rôle pour calmer les tensions : «J’appelle à la sagesse, vraiment, des frères et sœurs : mon aîné, mon maître donc, Ndong Sima, parce que vous m’avez tenu, tu m’as tenu au karaté. Ma sœur, ma grande sœur Paulette Missambo, mon frère François Ndong Obiang, mon oncle Barro Chambrier, mon frère le professeur Ondo Ossa, mon jeune frère Thérence Gnembou, mon autre jeune frère Jocktane. Et j’en passe.» […] Et même les membres du CTRI, nous avons travaillé pour le calme, pour la sérénité dans notre pays, pour la paix retrouvée. Nous avons œuvré ensemble pour la stabilité de notre pays

À l’adresse de ces personnalités, il demande : «en tant qu’hommes politiques, vous avez des positions aujourd’hui à côté de notre Président, de pouvoir œuvrer à ce qu’il y ait une accalmie. Parce que ce qui se passe ne nous honore pas. Parce que hier, vous étiez dans le besoin, j’étais présent. J’étais à vos côtés. Je vous ai fréquenté individuellement et collectivement.» Et d’indiquer : «Je ne peux pas aller au-delà, parce que j’estime que nous sommes tous assermentés et que nous sommes des hommes nobles et responsables

Et Opiangah de souligner : «La paix est plus importante que le règlement de comptes. […] Je prie que la sagesse l’emporte sur toutes les passions

Un message clair à Oligui Nguema

Dans un ton conciliant mais fermement critique, Opiangah a adressé un appel direct au président de la transition, appelant à un changement de cap pour préserver l’unité nationale : « Monsieur le président, je vous demande de pouvoir œuvrer à ce qu’il y ait une accalmie. […] Dieu, qui nous a créés, ne nous a pas donné l’autorisation de nous autodétruire.»

Tout en exprimant son respect pour la fonction présidentielle, il a invité le chef de l’État à résister aux influences néfastes de certains de ses proches : «Je pense vraiment que ce sont des personnes mal intentionnées autour de vous qui vous induisent en erreur

Ce plaidoyer s’est conclu par un appel à la sagesse et à l’humilité pour sortir le pays de cette situation tendue : «Je prie pour que vous trouviez le courage de transcender ces divisions pour l’intérêt supérieur de la nation

 
GR
 

11 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Retire-toi de la politique. Pour de nombreux gabonais tu es un symbole du système de prédation et de répression des Bongo. Sinon explique nous comment vous avez réussi à imposer le monopole de la SGS en exclagisant les agents. Pour une combinaison et une matraque que vous leur dinner, vous prennez tout ce que vous versent les entreprises pour ne leur verser qu’une part insignificante Alors Que ce metier devrait leur permettre de bien vivre. Vous vous enrichissez en exploitant le Gabon et les gabonais.

  2. Gayo dit :

    Parlant de reconciliation nationale, Opianga s’est enrichi à Hateur de plusieurs containes de millions avec l’argent de Ping. Alors on peut aussi facilement prendre des centaines de millions qu’on n’a pas travaillé à son compatriote. Il parle lui de justice manipulée? L’Hôpital qui se fout de la charité. Moulenda devient son allier, deux omariens qui se retrouvent pour employer l’expression de Tata Huguette pour distinguer les bongoistes anti Omar. Cher Obiangah il y a des signes qui ne trumpent pas. Cette chute là c’est celle que Dieu t’a réservé il est impossible que tu retrouves ta place d’antant dans ce pays. Même si tu uses de violence pour détruire la vie de plusieurs gabonais, ta fin se compliquera davantage.

  3. Akoma Mba dit :

    Mon cher Gayo. Qui est au pouvoir au Gabon sans s’être enrichi? Arrêtez ce cirque. Un tripatouilleur comme Président de l’Assemblée Nationale. Les Bongo qui se la coulent douce et on s’en prend à un Monsieur pour avoir osé dire que le Général Président, n’a pas tenu la promesse faite losqu’ils avaient concocté le coup d’Etat. Sommes-nous vraiment bêtes les Gabonais? On reprend les mêmes arnaques des Bongo. Dénigrer l’adversaire politique.

    • Gayo dit :

      Cher Akoma Mba, il semble que vous ayez visité une autre planète où tous les criminels rendent des comptes pour leurs actes. Personnellement, je ne vis pas dans cette utopie, surtout quand je pense à l’histoire du Gabon. Dans le monde réel, certains sont effectivement rattrapés par la justice, tandis que d’autres sont emportés par la vague d’injustices et d’impunité qu’ils ont eux-mêmes nourrie. Vous avez trouvé une raison de pleurer sur le sort d’Opiangah, mais je n’en vois aucune. Vous vous interrogez sur qui a été au pouvoir sans s’enrichir, mais cela ressemble à une tentative de diversion, à moins que vous ne m’ayez lu de manière superficielle. C’est bien vous qui parlez d’enrichissement au pouvoir, pas moi.

  4. Force 18 dit :

    J’ai toujours en mémoire l’image d’un HPO en tenu de commando militaire lourdement armé dans l’enceinte du camp roux avant l’attaque du QG de jean PING .
    J’ai toujours en mémoire un HPO qui croyait fortement en la justice quand il s’agissait de déposséder jean PING de tout ses bien, pour une affaire complètement folle de diffamation.
    Tu n’est vraiment pas un homme pour aujourd’hui de terrer comme un rat.
    Affronte ton destin comme nombreux gabonais épris de liberté l’on fait.

  5. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bj. Quoi qu’on dise l’intéressé indique que le problème est ailleurs, on ne saurait être plus claire. Et d’ajouter… « Je pense vraiment que ce sont des personnes mal intentionnées autour de vous qui vous induisent en erreur ». Comme qui dirait, le ver est malheureusement dans le fruit. Amen.

    • Gayo dit :

      Effectivement, le problème d’Opiangah réside ailleurs. Ce n’est clairement pas un règlement de comptes politique simplement parce qu’il a appelé à voter « non ». Même si ACCBN reste un acteur politique peu dangereux en raison de l’image négative véhiculée par ses propos méprisants et arrogants, Opiangah, sur le plan politique, demeure insignifiant. Pourquoi alors Bilie Bi Nze, dont l’appel au « non » a été plus incisif, virulent et convaincant, ne suscite-t-il aucune inquiétude ? Ses positions ont été relayées par les médias d’État, tandis que c’est Opiangah, qui appelle au « non » à la veille du scrutin sans avoir mené de campagne, dont la position politique serait considérée comme une menace plus grande?

  6. DesireNGUEMANZONG dit :

    Comme le disait un homme politique gabonais (feu Oyono Aba’a): « C’est un problème de MENAGE ». Lorsque ce dernier ne souhaitait pas évoquer le différend qui l’opposait au feu Président Omar Bongo Ondimba à l’époque des Dossiers de la RTG.

    En l’occurrence HPO a des « problèmes de MENAGE » avec Monsieur le Général B.C Oligui Nguema, Président de la Transition. Chef de l’État.

    Chez nous, les choses se règlent sous « l’arbre à palabre » s’il y a problème MENAGE. Chez les « Blancs », on dit que « le linge sale se lave en famille ».

    En lisant l’article 9 de la Constitution gabonaise Chapitre II : Des valeurs,
    « le pardon et la réconciliation » sont des valeurs cardinales de notre république. Par ailleurs, HPO est pour le moment innocent (article 9 de le Constitution) jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie. Donc il n’a pas
    besoin de fuir ou de refuser de venir « laver son linge sal » devant la justice.

    Le Procureur a certainement des choses à reprocher HPO et le
    juge d’instruction suit la procédure dans son secret.

    La meilleure chose que ce Monsieur ait à faire, c’est de se rendre et préparer sa défense. Une curiosité dans notre pays, c’est que tout le monde est de « bonne foi » et agit avec de bonnes intentions. Aux gabonais.es, on leur donnrrait le bon Dieu sans confession. Mais l’État de droit se mesure aussi par les décisions de justice. L’article premier de la Constitution fait acte de
    l’égalité des citoyens devant la loi. Donc HPO ne peut s’y soustraire.

    Cordialement.

    • Monsieur Ikika dit :

      Si cet homme est devenu parano en voyant le mal partout au point qu’il se cache aux yeux du juge, alors nous devons le rassurer :
      « Même les paranoïaques ont des ennemis » – Réponse de Gola Meir à Henry Kissinger (1973).

      Les informations qu’il partage sont classifiées. Comment en a-t-il eu accès ? Parce qu’il est très bien introduit au sein des forces de sécurité et de défense depuis Omar.

      Au regard de sa carrure, de sa réputation d’homme fort qui ne craind rien, le voir se soustraire à un juge est un enseignement:
      « Vanité des vanités; tout est vanité et poursuite du vent »
      Livre du Prédicateur.

Poster un commentaire