Homme d’église et membre actif de la plateforme Ensemble pour le Gabon (EPR) que préside Alain Claude Bilie-By-Nze, Désiré Mounanga affirme qu’Alain Claude Bilie-By-Nze est l’homme que les Gabonais attendent depuis longtemps. Alors que ce dernier est soupçonné de jouer le jeu du pouvoir malgré ses sorties engagées, l’homme de Dieu affirme qu’il n’en est rien. Il soutient que la période de Transition au Gabon s’est muée en période de trahison et pense que Bilie-By-Nze a tout pour être le président de la République gabonaise. GabonReview propose ici la première partie d’un entretien avec celui qui fut un opposant au régime d’Ali Bongo dont Alain Claude Bilie-By-Nze était l’une des figures de proue.

Désiré Mounanga à la rédaction de GabonReview, le 1er février 2025. GabonReview

 

GabonReview : En dehors de votre statut d’homme d’église, l’opinion vous a connu en qualité d’opposant au régime Bongo entre autres incarné par Alain Claude Bilie-By-Nze avec qui vous militez désormais dans le cadre d’Ensemble pour la République. Pourquoi ce choix ?

Désiré Mounanga : Tout d’abord je voudrais féliciter M. Alain Claude Bilie-By-Nze parce qu’accepter de travailler avec quelqu’un qui a été son opposant, montre la grandeur de l’homme. Notre rencontre est d’abord spirituelle puis intellectuelle et citoyenne. Intellectuelle parce que le discours porté par Alain Claude Bilie-By-Nze aujourd’hui est mien. Je me reconnais dans son propos républicain en tant que patriote. Il défend désormais les valeurs de la République et je ne peux pas être insensible. Il a été de l’ancien régime, mais je vois un homme qui change. Un homme qui veut désormais entrevoir l’avenir du Gabon autrement. Sur le plan spirituel, nous comprenons la valeur de la rédemption. Comme disent les Écritures, «l’humilité précède la gloire».

Alain Claude autant que moi, nous sommes parvenus à réaliser que si on met de côté nos égos, on peut parvenir à travailler ensemble pour un avenir encore meilleur. Une rencontre citoyenne, parce que deux fils d’un même pays quoique venant d’horizons différents (Ogooué-Ivindo et Ngounié), nous pouvons nous accorder pour bâtir ensemble le Gabon.

Pourtant de nombreux Gabonais qui qualifient Alain Claude Bilie-By-Nze d’homme fourbe, l’accusent de jouer le jeu du pouvoir pour servir de caution à Brice Clotaire Oligui Nguema. Qu’en pensez-vous ?

C’est la psychose qui fait souffrir les Gabonais. On vit un traumatisme de la politique semée par Omar Bongo où ces attitudes étaient légion. Cependant, il faut reconnaître qu’un homme Bilie-By-Nze a eu la possibilité de travailler avec le nouveau régime. Il a fait le choix de ne pas adhérer à ce nouveau régime pour des raisons personnelles mais surtout pour des raisons républicaines.

Si Alain Claude était aujourd’hui avec le CTRI, qui dans l’opposition a sa carrure pour pouvoir s’opposer clairement à un régime militaire. Il ne faudrait pas que les Gabonais perdent la raison. Non, Alain Claude ne sert pas de caution au régime en place. Je peux le dire à cœur ouvert. Alain Claude est quelqu’un qui a fait son chemin de croix, il a parlé de son «chemin de Damas» comme l’apôtre Paul qui a montré par un témoignage clair qu’il était né de nouveau et qu’il avait choisi une voie nouvelle. Et Alain Claude aujourd’hui, a décidé de servir le Gabon. C’est un homme qui s’est affranchi de toute tutelle, il veut désormais assumer son statut d’homme politique, tracer sa voie pour servir le Gabon et non un individu ou un système particulier.

Nous voyons que le système refuse de mourir. Les Gabonais ont acclamé le coup d’État parce qu’ils avaient souhaité que le système qui les a fait souffrir puisse disparaître. Malheureusement, nous constatons que ce système s’est régénéré à travers le CTRI. Le CTRI a ramené le PDG en force et toutes nos institutions sont entre quasiment les mains des PDGistes. Le CTRI a les mêmes éléments qui ont constitué le régime d’Ali Bongo et qui étaient au cœur de ce système qui fait souffrir les Gabonais depuis longtemps. Aujourd’hui, Alain Claude veut faire disparaître ce système.

Tout va donc si mal, 16 mois après la prise du pouvoir par le CTRI ?

Nous sommes tristes de constater que le CTRI qui s’est présenté comme un régime de transition est devenu plutôt un régime de trahison. Le président Oligui a pris des engagements le 4 septembre 2023 : rendre le pouvoir aux civils, restaurer les institutions, restaurer la dignité des Gabonais. Mais on réalise 16 mois après, que ce n’est pas le cas.

Aujourd’hui la signature du Gabon n’est plus crédible auprès des marchés financiers internationaux parce que les nouveaux dirigeants ont mis le pays à terre, les indicateurs sont au rouge, l’agence de notation Fitch Rating a rabaissé la note du Gabon de CCC+ à CCC. En 16 mois, le CTRI a fait pire qu’Ali Bongo et son pouvoir en 14 ans.

Beaucoup de Gabonais ne le savent pas parce qu’ils ne sont pas dans les coulisses du pouvoir. Ils ont jubilé en voyant un changement d’homme à la tête de l’État, malheureusement c’est un changement cosmétique. Nous disons que le bilan est négatif. Le Gabon sur le plan économique fait partie des derniers de la classe. Dernier en Afrique, dernier dans le monde. C’est triste lorsque nous voyons les ressources dont nous disposons. Ils nous ont dit que la dette était payée et aujourd’hui on voit une incohérence, une manipulation dans le discours. M. Oligui et son équipe ont trahi les Gabonais, ils ont trahi leurs promesses.

Alain Claude Bilie-By-Nze a récemment déclaré qu’il est un homme prêt pour changer cet état de fait. Sera-t-il candidat à la présidentielle du 12 avril prochain ?

Jusqu’ici les Gabonais ont toujours cherché l’homme providentiel. Nous nous pensons au sein d’Ensemble pour le Gabon, que c’est l’une des erreurs que l’on commet politiquement.  L’homme providentiel voudrait dire une génération spontanée en politique. Or, ça n’existe pas et si vous en trouvez, c’est malheureusement la ruine. Il faut plutôt une génération éprouvée qui va faire ses preuves sur le terrain.

Alain Claude Bilie-By-Nze a démontré que c’est un fils de ce pays. Il a gravi tous les échelons de la société. Il a été formé à l’école gabonaise, il a travaillé jusqu’à ce jour au Gabon et c’est quelqu’un qui n’a jamais vécu plus d’un mois à l’extérieur du Gabon. Voilà un Gabonais qui plus est, est issu d’une famille pauvre. La majorité des Gabonais se retrouvent dans le cas d’Alain Claude Bilie-By-Nze. C’est quelqu’un qui rassure, qui incarne l’espoir. Il est prêt par son expérience, il mesure son destin car il sait que s’il n’y va pas, plusieurs gabonais pourraient être déçus.

Mais à la question de savoir s’il va aller, c’est à lui de mesurer toutes les conséquences. Ce n’est pas une tâche facile. Mais c’est un homme qui est préparé, qui a fait toutes ses classes et nous pensons que c’est un homme qui peut relever le défi. Que c’est l’homme que les Gabonais attendent depuis longtemps.

Interview réalisée par Alix-Ida Mussavu Kombila

 
GR
 

2 Commentaires

  1. M IKIKA dit :

    « Alain Claude Bilie-By-Nze a démontré que c’est un fils de ce pays. » dixit Désiré Mounanga, un homme d’UNE « église ».
    Alain Claude Bilie-By-Nze l’a lui-même démontré quand il a rappelé et je paraphrase : « Le port-môle n’a pas vocation à devenir un sanctuaire »; quand il a mis plus de 3 jours avant de déclencher le sauvetage.
    Cet homme d’une église a une mémoire étrange.

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