Si Ali Bongo a affirmé s’inscrire dans le sillage des «pères de l’indépendance», Jean Ping s’est posé en continuateur d’Hassan II. Mais, leurs propos manquent de souffle, de prospective, de modernité et surtout de réalisme.   

Pour Ali Bongo comme pour Jean Ping, l’ambition aurait dû être la même : inventer le futur. Or, malgré les formules incantatoires, leurs propos manquent de souffle, de prospective, de modernité et surtout de réalisme. © Facebook

 

Ali Bongo et Jean Ping sont-ils coupés de la réalité ? Sont-ils enfermés dans leurs bulles respectives ? Invariablement, leurs discours sont jugés peu en phase avec contexte. A l’occasion de la célébration des 60 ans d’indépendance, ils ont de nouveau donné du grain à moudre à leurs contempteurs. En vantant un «Etat (…) profondément réformé et modernisé», le président de la République a non seulement occulté ses propres renoncements, mais il a également nié les flottements institutionnels symbolisés par la toute-puissance de ses anciens directeurs de cabinet, Maixent Accrombessi et Brice Laccruche-Alihanga. En se présentant comme le «garant du destin de la nation» tout en disant se battre pour «la reconnaissance de la vérité des urnes», le président de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) n’a pas seulement donné l’impression d’affirmer une chose et son contraire. Il a aussi laissé le sentiment d’entretenir une illusion.

Crise de pratique politique

Si Ali Bongo a affirmé s’inscrire dans le sillage des «pères de l’indépendance», Jean Ping s’est posé en continuateur d’Hassan II. N’empêche, ces références ne sauraient faire oublier le vécu : autant les gouvernants actuels n’ont jamais accepté le principe d’alternance, autant l’opposition semble davantage guidée par un désir de se substituer au pouvoir établi. Incapables de sortir du système des prébendes ou des querelles de personnes, les élites de tous bords ont failli au plan moral. Faisant passer les hommes avant les institutions, elles préfèrent les courtisans serviles aux esprits indépendants ou brillants. Tout cela ne laisse guère de place au débat sur la gestion des affaires publiques. Pour ainsi dire, la crise actuelle résulte de la pratique politique.

Pour Ali Bongo comme pour Jean Ping, l’ambition aurait dû être la même : inventer le futur. Or, malgré les formules incantatoires, leurs propos manquent de souffle, de prospective, de modernité et surtout de réalisme. Comment rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés quand le trucage électoral est la norme ? Comment amener les populations à croire en la classe politique au vu des retournements de veste et manœuvres florentines ? Comment pousser les institutions à se mettre au service de la République quand la logique de clan prévaut ? Comment rendre la justice indépendante dans un contexte de corruption généralisée ? Comment écarter tout risque d’immixtion de l’armée dans le jeu politique ? Comment desserrer l’étreinte de certains réseaux affairistes ? 60 ans après l’indépendance, ces questions demeurent. Pour envisager l’avenir, majorité et opposition doivent y apporter des réponses.

Réserves

En fondant leurs discours sur des promesses à portée économique et sociale ou sur la perspective d’une prise du pouvoir, le président de la République et celui de la CNR ont fait usage de la méthode Coué. Pourquoi annoncer de nouvelles infrastructures quand des projets comme le Champ triomphal ou l’aéroport d’Andem sont restés au stade de maquettes ? Comment promettre des milliers d’emplois quand le secteur productif est quasi-à l’arrêt ? Pourquoi parler de plein-emploi quand les investissements directs étrangers se raréfient ? Est-il pertinent de fonder la stratégie nationale sur celle d’une entreprise privée ? De même, on peut se demander s’il est raisonnable de continuer à parler d’»alternance et (de) libération» en se référant à la présidentielle d’août 2016. Y a-t-il des précédents de par le monde ? La Côte d’Ivoire ? Peut-on objectivement dresser un parallèle avec le Gabon ? N’est-ce pas éluder l’extrême complexité de la situation dans ce pays ? N’est-ce pas faire fi du rôle de la communauté internationale avant, pendant et après la présidentielle de 2010 ? Et puis, Alassane Ouattara s’installa au pouvoir quelques mois seulement après ce scrutin au souvenir douloureux.

En dépit de toutes ces réserves, Ali Bongo et Jean Ping ont paru sûrs d’eux, satisfaits de leurs bilans. L’un comme l’autre feignent de croire en leurs options. Se refusant à les confronter à la réalité, ils ne peuvent les remettre en cause. Parmi leurs partisans, beaucoup ont cette attitude. Pourtant, toutes leurs certitudes ne résistent pas à l’épreuve des faits. D’où la nécessité d’en sortir afin de construire une nouvelle pratique politique. Sauf, bien entendu, à condamner le Gabon au surplace et aux mêmes errements. Pour combien de temps encore ?  60 ans ?

 
GR
 

18 Commentaires

  1. Pascaline dit :

    Je vous rappelle que Jean Ping ne gère rien, parce qu’il y a à la tête du Gabon un usurpateur. Ou du moins, il l’était encore jusqu’en octobre 2018, date de son décès.

    Quand vous essayez de les comparer, vous commettez une erreur. Car Jean Ping n’est toujours pas installé comme président. Comparez à la limite Ali Bongo avec son défunt père Omar Bongo.

    Si Jean Ping exerçait son pouvoir, alors oui, on aurait pu comparer ses quelques années de gouvernance avec celle d’Ali Bongo.

  2. Teddy dit :

    Bilan ? Bilan chaotique pour l’usurpateur Ali Bongo. Par contre, pour moi, il n’y a pas encore de bilan de Mr Jean Ping. On l’empêche de gouverner et vous parler de bilan ?

  3. Léon Nkogue dit :

    « …satisfaits de leurs bilans… » Jean Ping pourrait à la limite être satisfait de son « bilan ». Mais il ne gouverne pas. Par contre, Ali Bongo, c’est une insulte au peuple gabonais que de dire ça. Car son bilan est un vrai désastre. C’est d’ailleurs très souvent le bilan des usurpateurs.

  4. Moussavou Jacques dit :

    @Pascaline@Teďdy@Leon. Pour vous il n y a que ceux qui sont au pouvoir qui ont un bilan ? Quelle ligne Jean Ping a t il fait bouger ? Que retenir de lui en tant que leader de l’opposition ? Comment a-t-il capitalisé la mobilisation populaire et le soutien des autres forces de l’opposition ? Dois je vous rappeler qu’ il est le premier candidat unique de l’opposition ? Qu’en a-t-il fait ? C’esr ça son bilan. Vous voulez avancer ? Vous voulez que le Gabon soit une démocratie ? Il faut eviter de fabriquer des dieux, des intouchables qui ont toujours raison sur tout et tout le monde. Vous faites exactement ce que déplore le journaliste : privilégier les hommes sur les institutions. Pour vous Ping ne doit pas être critiqué et n’a de comptes à rendre à personne. Avec de telles mentalités, on n’est pas sorti de l’auberge…. Pauvre Gabon….

  5. Lavue dit :

    Je valide MOUSSAVOU-Jacques. Qu’on arrête de nous polluer la vue ou les oreilles avec l’opposition des ces 2 individus. Faut jamais oublier que les deux viennent du même bord, ont été très proches. La Démocratie etl l’alternance n’ont jamais été la préoccupation de Jean PING, comme on pourrait le dire pour feu MAMBOUNDOU. PING s’est fâché avec son « parent et ami » ALI BONGO. Il a profité de l’élection présidentielle pour régler les comptes. Voilà pour le fond et c’est ça qui compte. C’est le régime avec son système de pillage des ressources issues de nos matières premières qui a enrichit PING et qui permet aux BONGO de « s’acheter » qui ils veulent.
    PING a certainement des qualités au dessus de celles d’ALI, mais les Gabonais doivent rechercher d’autres voies, avec de nouvelles figures. C’est difficile à cause du mode de pratique mis en place pour faire de la politique: Cercles maçonniques, loges, magie noire, etc. C’est un cercle vicieux. Des MAMBOUNDOU, c’est ce type de profil qu’il faut pour le pays. C’est pas facile faut le reconnaître, mais c’est possible.

    • JULIEN N'GOUA dit :

      Présente-nous un nouveau « MAMBOUNDOU », je ne suis pas sur qu’il gagnera cette élection présidentielle de 2023, parce que vous ne comprenez toujours pas la ruse de la France. Si rien ne se passe avant 2023, vous allez avoir un nouveau Bongo à la tête du Gabon, avec le soutien de la France. Dites-moi tout ce que vous voulez, mais je suis quasiment certain que si nous commettons l’erreur de repartir à une présidentielle, nous demeurerons un état bongoiste, à la grande joie de la France.

      Vous n’avez toujours pas compris que beaucoup de Gabonais n’aiment pas forcément Jean Ping, mais il peut-être l’issue favorable à la sortie de crise que nous traversons, pas seulement depuis 2016, mais depuis l’arrivée des Bongo et 1967.

      Et nous savons aussi que Jean Ping ne pourra pas faire deux mandats, vu son âge. Quitte à lui faire signer un document où il est bien écrit qu’il ne fera qu’un seul mandat, pas plus.

      Moi je vois Jean Ping comme l’homme providentiel pour une sortie de cette crise Gabonaise. Quitte même à ce qu’il n’ait pas les pleins pouvoirs durant son mandat.

      Ce qu’il nous faut à tout prix éviter, c’est la présidentielle de 2023 qui ne sera qu’une suite logique des précédentes présidentielles depuis l’arrivée des Bongo. Raison pour laquelle on ne cesse de vous faire savoir d’éviter cette présidentielle de 2023 qui sera de nouveau une nouvelle mascarade électorale.

      Si on n’agit pas MAINTENANT, en 2023 il sera TROP TARD. Car Sylvia Bongo-Valentin ne dort pas, ni Nourredine, ni le Quai d’orsay, ni le Maroc, ni Sassou Nguessou qui veut aussi positionner son petit fils: Junior. A bon entendeur(lecteur)…

      • Okoss dit :

        Cher Ami
        Mr Mamboundou aussi a trompé les gabonais.il n a jamais été dans l opposition..la nuit ce sont des gens qui rasaient les murs… renseignez vous..c est dommage mais le peuple a été trompé par ceux là meme tous les espoirs reposaient

  6. Bonjour chers tous. Je tiens a informé que les discours des deux acteurs politiques sont des discours incohérent. Chacun est venue faire preuve de son incompétence aussi verbale que physique.
    Pourquoi venir aux promesses quand bien même les précédents n’ont jamais vue je jour? Pourquoi venir faire ses promesses quand bien même celles de la liberté du peuple opprimé n’a jamais vue? Ça fait plusieurs années que nous sommes martyrisé de tous les côtés (politique, économique, et social etc…). Alors que nous ne sommes même pas indépendant de nos propres gouvernants, pourquoi penser que le colonisateur nous a rendu indépendant?
    60 ans d’indépendance insignifiant mais on continue dans ces élans néfastes.
    Ce que nous voulons c’est de rendre au peuple gabonais sa liberté et de lui laisser choisir son dirigeant que les incapables et les amoché quittent de ce siège
    J’en ai fini

  7. Didier dit :

    Allez seulement aux élections de 2023. Si vous êtes d’accord d’accepter un des fils Bongo qui vont se présenter tous les deux (Junior et Nourredine), ne le regrettez surtout pas après. Parce que c’est quasiment certain qu’on fera gagner l’un des deux. Bonne chance avec les Bongo.

  8. Ossouka dit :

    Vous trouvez normal de comparer un assassin et usurpateur comme Ali Bongo à Jean Ping ? Continuez d’encenser ces Bongo, si vous souhaitez les avoir encore pour 1000, il n’attendent que ça de vous: allez lécher leurs culs.

  9. Ndong Alexis dit :

    Je suis désolé, mais je suis du même avis que Pascaline, Teddy et Léon, Jean Ping n’est toujours pas installé comme président de la République après sa victoire de 2016. C’est l’usurpateur plutôt qu’il faut juger.

    Les Bongo ne nous ont jamais donné la possibilité de juger les gagnants des précédentes élections présidentielles au Gabon. Ceci nous aurait permis de comparer la gestion du pays par ces opposants avec la gestion des Bongo.

  10. Ernest dit :

    On s’en fout de Jean Ping. Mais dans la situation présente, il peut nous aider à finir avec le régime Bongo. Le contentieux électoral est la clé de sortie de cette crise. Ali Bongo est mort, et Sylvia rêve se voir Nourredine comme président du Gabon. 2023 est le réel danger à éviter à tout prix. Sinon ce sera reparti pour 7 ans, voir plus…

  11. JULIEN N'GOUA dit :

    Vous passez votre temps à critiquer un homme qui n’a jamais gouverné : Jean Ping. Tout le temps en train de dire qu’il était du système. Et alors ? Qui, parmi nous, adultes de plus de 50 ans, n’étions pas dans ce système, quelques fois même de force, malgré nous ?

    Le Président assassin, voleur et usurpateur (comme Omar et Ali Bongo), Mathieu Kérékou, du Bénin, n’a t-il pas été élu démocratiquement président, sachant tout ce qu’il avait fait dans le passé ? Si Jean Ping avait été déjà Président du Gabon, je comprendrais un tout petit peu vos critiques. Mais être du système à l’époque d’Omar Bongo, c’était quasiment une obligation. Moi j’ai connu l’époque de l’Union des Jeunes du PDG dans les établissements scolaires.

    Arrêtez de critiquer Mr Jean Ping, il n’est pas aussi nul que ces Bongo SVP.

  12. Sylvain Mathieu KASSA dit :

    Il faut un nouveau souffle pour répondre aux réelles aspirations des gabonais. Cela passe nécessairement par un changement de régime mais aussi par un renouvellement de génération dans la classe politique. Au-delà des chapelles et du positionnement des différents acteurs politiques, le Gabon mérite de sortir du bongoisme et je pense que Laurence Ndong et ceux de sa génération peuvent incarner ce renouveau.

    • Moussavou Jacques dit :

      @Sylvain Mathieu Kassa. Vous êtes un plaisantin.. Pour vous, faire des live sur Facebook suffit à fabriquer des gens capables de gérer ou redresser le Gabon… Franchement, Laurence Ndong ? Vous blaguez ou quoi ? Une PDGiste refoulée, soutien d’Ali Bongo en 2009, est votre solution juste parce qu’ elle crie et parle sans savoir de quoi elle parle ? Le Gabon ne s’en sortira pas…

      • Sylvain Mathieu KASSA dit :

        Moussavou Jacques, pour nous rendre utiles à la libération et à l’essor du Gabon, tenons-nous-en tous, avant tout, à la vérité.

        Contrairement aux anciens hiérarques du PDG qui constituent le leadership de l’opposition actuelle, Madame Laurence Ndong n’a pas soutenu Bongo Ondimba Ali en 2009.

        Elle a d’ailleurs écrit un livre détaillé sur son passage furtif au PDG (2 ans et quelques mois).

        Aussi, au sujet des réseaux sociaux, sauf à vivre hors de la civilisation, tous les acteurs politiques du monde entier les utilisent comme principal outil de communication, de mobilisation et de préparation de leurs actions de terrain.

        Au demeurant, ceux qui ne les utilisent pas sont totalement largués ou inaptes ou aphones.

        Enfin, avec la dictature au Gabon et n’ayant pas accès aux médias publics tous les responsables politiques qui communiquent, le font essentiellement sur Facebook, Twitter et YouTube en commençant par jean Ping et ils ont bien raison…

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