Inclusion des réfugiés : Encore des points à améliorer au Gabon
Si les réfugiés évoluent dans les mêmes conditions que les nationaux, il reste encore selon des observateurs avisés, des points à améliorer pour leur meilleure inclusion. De la méconnaissance de leurs droits par certaines autorités étatiques à la difficulté pour eux de renouveler leurs documents juridiques, le Dr Christian Wali Wali s’est exprimé le 3 juillet sur ces points d’amélioration.
Célébrée en différé ce 3 juillet à Libreville, la journée mondiale des réfugiés 2021 a donné lieu à une conférence débat. Portant sur l’inclusion des réfugiés au Gabon, les conférenciers ont entrepris d’examiner concrètement les mécanismes mis en place au Gabon, avec l’accompagnement de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), pour l’intégration et le bien-être des personnes réfugiées dans le pays. «Nous avons développé essentiellement le fait que le Gabon en application des conventions internationales, notamment de Genève 1951 des Nations unies et la convention de l’OUA de 1969, a pris la loi 5/98 qui régule la présence des réfugiés au Gabon», a déclaré le Dr Christian Wali Wali, l’un des conférenciers.
L’inclusion en question
Le géographe qui souligne que cet acte juridique est le premier acte d’inclusion, donc d’intégration des refugiés au Gabon, indique qu’il y a également des mécanismes mis en place sur le plan économique avec les activités génératrices de revenus (AGR), pour l’accompagnement des refugiés. Ces derniers bénéficient des financements allant de 250 000 à 1,5 million de francs CFA grâce à une commission de validation des AGR qui siège tous les 4 mois. Ceux dont les projets sont retenus doivent recevoir des formations en comptabilité et gestion en plus de l’obligation d’ouvrir un compte dans un établissement bancaire pour recevoir les fonds. A la clé, un suivi des activités tous les 2 mois. «Les principaux projets retenus sont du domaine de l’agriculture, photographie, transport, couture, téléboutique, commerce», relève Christian Wali Wali selon qui, plusieurs réfugiés étaient des agriculteurs dans le pays d’origine.
A en croire son propos, il y a également inclusion sociale à travers l’accompagnement à l’éducation des enfants des réfugiés, la loi 5/98 du 5 mars 1998 art.10, leur conférant l’accès à l’éducation et des droits d’inscription scolaires et universitaires. S’il note que certaines communautés scolarisent moins leurs enfants, il indique qu’il y a des formations essentiellement payées en informatique, permis de conduire et pâtisserie. En matière de santé, l’inclusion est telle que les réfugiés sont pris en charge à l’Hôpital militaire, en plus de recevoir une aide pour ceux ayant des maladies chroniques. En période de Covid, les réfugiés ont bénéficié de l’accompagnement du gouvernement gabonais en recevant des kits alimentaires, profitant de gratuité d’eau et d’électricité. Concrètement, de 151 familles soit 394 réfugiés et demandeurs d’asile dans la province de l’Estuaire et 51 familles soit 119 personnes dans le reste du pays ont bénéficié de cet accompagnement. Ces derniers bénéficient également de l’actuelle campagne de vaccination anti-Covid.
Des aspects à améliorer
Annonçant qu’un plaidoyer est mené pour que les réfugiés bénéficient de la CNAMGS, Christian Wali Wali note des insuffisances dans l’inclusion des réfugiés au Gabon. «Il faut vulgariser les droits des réfugiés», dit le géographe faisant allusion à une méconnaissance de ces droits par certaines autorités étatiques. En clair, a-t-il expliqué, lors des contrôles, il est exigé aux réfugiés des cartes de séjour. Or, ces derniers n’ont droit qu’à une carte de réfugiée délivrée par la DGDI. A cela s’ajoute la difficulté pour ceux qui sont en province de renouveler leurs documents. «Venir à Libreville pour le faire, est souvent difficile pour eux», a commenté Christian Wali Wali qui évoque aussi la non-délivrance d’un acte de circulation à l’entrée par les autorités de commandements aux frontières, qui le plus souvent procède au refoulement.
Il rappelle que le principe de non-refoulement est acté par la Convention des Nations unies sur les réfugiés en son art.33. Lequel, explique le Dr Wali Wali, «stipule que lorsqu’une personne arrive sur le territoire d’un Etat et cette personne dit être persécutée, systématiquement, sans d’abord analyser quel est la profondeur ou la vérité de ce qu’il dit, cette personne ne doit pas être refoulée». Elle doit, poursuit-il, tout de suite être accueillie en attendant que sa procédure de demande de refuge soit acceptée ou pas. L’Etat n’a donc pas le droit de refouler le demandeur d’asile avant la fin du processus. Quoique, nuance-t-il, l’extradition est autorisée lorsque la personne bien qu’ayant obtenue le statut de réfugié, représente un danger pour son pays d’accueil. «La personne n’est dite réfugiée que lorsqu’elle a reçu la reconnaissance du statut de réfugiés par les autorités», insiste Christian Wali Wali. Au Gabon, c’est la Commission nationale pour les réfugiés (CNR) qui est l’organe interministériel chargée de la gestion des réfugiés. Mandatée par sa commission d’éligibilité, elle examine les dossiers des demandeurs d’asile. La CNR est seule habilité à «reconnaître la véracité des faits allégués par la personne demandeur d’asile».
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