Les États-Unis recensent plus d’un million de non-citoyens sous le coup d’un ordre d’expulsion, parmi lesquels 60 ressortissants gabonais. Un chiffre infime en comparaison avec les 1 736 Camerounais et les 795 Congolais concernés. Ces chiffres, révélés par l’U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE), dessinent le portrait d’une immigration gabonaise singulière, plus restreinte et mieux encadrée que celle de ses voisins d’Afrique centrale.

La faible présence des Gabonais sous ordre d’expulsion des États-Unis (60 personnes) fait montre d’une migration maîtrisée, mais souligne aussi le défi d’une diaspora peu influente à l’international. © GabonReview

 

Les dernières statistiques de l’U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE) révèlent qu’au sein des 1,4 million de non-citoyens sous ordre d’expulsion prochaine, le Gabon compte 60 ressortissants. Ce chiffre tranche avec ceux du Cameroun (1 736) et du Congo (795), dessinant une carte migratoire complexe de l’Afrique centrale vers les États-Unis.

La présence limitée des Gabonais à expulser des USA amène à deux questions fondamentales : l’ampleur réelle de l’émigration gabonaise et les conditions d’intégration de ses ressortissants dans la société américaine. La comparaison avec les pays voisins indique deux schémas :  le Cameroun et le Congo connaissent une émigration massive, alors que le Gabon a une relation mesurée avec l’exil américain.

Des flux migratoires à deux vitesses

Le Cameroun et le Congo présentent en tout cas des chiffres significatifs, rejoignant d’autres nations africaines comme la Guinée (1 897), le Ghana (3 228) et le Nigeria (1 461). Une tendance qui s’explique aisément : l’immigration camerounaise, portée par une diaspora établie et les crises internes, notamment dans les régions anglophones, ne cesse de croître, tandis que le Congo voit partir ses ressortissants sous la pression des difficultés économiques et du manque d’opportunités professionnelles.

Le Gabon, lui, suit une trajectoire différente. L’essentiel de sa diaspora s’est construit autour de la France, héritage d’une histoire coloniale et d’une coopération universitaire ayant favorisé un ancrage durable. Les États-Unis n’ont jamais constitué une destination privilégiée pour l’émigration gabonaise, qui y demeure limitée et essentiellement portée par des profils qualifiés, souvent issus du monde universitaire ou de secteurs spécialisés. Cette configuration réduit mécaniquement le nombre de situations d’irrégularité, et donc d’ordres d’expulsion.

Régularisation et influence : les nouveaux défis

Pour le Cameroun et le Congo, ces données reflètent une diaspora vulnérable. L’accompagnement de ces populations devient crucial pour prévenir les drames humains et structurer l’émigration. Ces pays doivent développer des voies légales permettant l’intégration durable de leurs citoyens aux États-Unis.

Le Gabon fait face à un autre défi. Sa faible présence dans les statistiques d’expulsion témoigne d’une migration contrôlée mais aussi d’une influence limitée. Contrairement au Cameroun, qui s’appuie sur un réseau international établi, le Gabon n’a pas encore fait de ses expatriés un levier stratégique.

Au-delà des spécificités gabonaises, ces données traduisent des tendances migratoires plus vastes. Certains pays, comme le Guatemala et le Honduras, comptent plus de 250 000 ressortissants sous le coup d’une expulsion, conséquence directe de flux migratoires massifs vers les États-Unis. L’Afrique, bien que concernée, reste à l’écart de telles proportions. Pour le Gabon, la question ne se pose pas en termes de pression migratoire, mais dans la capacité à structurer un accompagnement adapté pour ses ressortissants à l’étranger. L’enjeu dépasse le simple cadre des expulsions et touche à la mobilité des élites, à l’insertion professionnelle et au positionnement du pays dans un monde où la circulation des compétences devient un facteur clé du développement.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Scoty dit :

    SVP, L’immigration est d’abord évaluée en termes de démographie. Le Gabon compte à peine 2M d’habitants comparé au Cameroun qui compte 28M et le Congo 102M. C’est normal que les ressortissants Gabonais de la diaspora soient sous représentés par rapport à leur voisin. C’est le premier élément à mon avis en prendre en compte dans votre article et ensuite les autres arguments que vous développés.

    Cordialement

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