Gouvernement Ona Ondo III : Les leçons d’un remaniement raté
Ni ouverture ni rassemblement. Une certaine perte d’autorité liée à des contingences de politique extérieure. En ligne de mire, une présidentielle placée sous le sceau du sécuritaire. La nouvelle équipe gouvernementale n’est pas toujours au diapason des réalités locales et exigences démocratiques.
Le gouvernement nouveau étant enfin arrivé, on peut en tirer trois leçons. La première : le resserrement politique de la base gouvernementale. Ratée l’ouverture. Exit le rassemblement au sein du PDG voire de la majorité présidentielle. A la tête d’une aile de l’UPG non reconnue juridiquement, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou était d’abord censé représenter le Front de l’opposition pour l’alternance. En choisissant de le remplacer par celui de ses adversaires de l’UPG pour lequel la majorité a toujours eu un regard bienveillant, le président de la République a paré au plus pressé, faisant dans le cosmétique là où il fallait prendre du temps pour donner du sens politique. Présentée comme issue de la société civile, Madeleine Berre ne trompe pas grand monde. Ses liens familiaux et matrimoniaux, ses accointances en affaires et même les conditions de son arrivée à la tête de la Confédération patronale gabonaise (CPG) induisent sinon une appartenance au PDG, du moins une proximité certaine avec cette formation politique. Pis : le gouvernement fait la part belle aux membres du défunt Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo), écartant systématiquement les ténors d’Héritage et Modernité. Entre Pacôme Moubelet-Boubeya, Alain-Claude Billié-By-Nzé, Denise Makam’ne, Blaise Louembé, Désiré Guédon, Paul Biyoghé Mba, les principales figures du Mogabo jouent les premiers rôles. On peut aussi s’interroger sur le sens du refus du Rassemblement pour le Gabon (RPG) de faire partie de cette équipe. Le passé de cette formation politique, le rôle de son leader dans la lutte pour la démocratie commandent de ne point minimiser cet acte. Seul mobile de satisfaction, l’entrée de Florentin Moussavou au nom d’une tendance de l’Alliance démocratique et républicaine (Adere).
Ayant définitivement pris fait et cause pour le Mogabo, le président de la République devrait maintenant se préparer à affronter une véritable guérilla parlementaire. Pour avoir été laissés sur la bas côté de la route, les frondeurs savent leur sort scellé. Une seule solution s’offre désormais à eux : l’affrontement ouvert. Après avoir été perçue comme une rodomontade, un coup de menton, leur colère pourrait transformer le PDG en un champ de bataille. Là où il fallait rassembler et cautériser les blessures, le dernier remaniement a accentué le fossé, gratté les plaies. Certes, l’ossature du gouvernement est restée la même. Mais, les dégâts sont sérieux ! Malgré la loyauté dont ils se prévalent publiquement, les recalés ont compris le message. Déjà leur silence, comme celui du secrétariat exécutif du PDG, est éloquent à souhait. Se sentant rejetés, marginalisés, les membres d’Héritage et Modernité devraient en conséquence pouvoir revendiquer l’exercice de leur liberté. Alexandre Barro Chambrier, Michel Menga et leurs amis peuvent donc continuer à défendre leur droit à la parole. Tout ceci promet quelques belles joutes verbales, voire des empoignades. On imagine déjà l’âpreté des débats au Parlement.
Influence de Paris
Deuxième leçon : un certain affaiblissement du président de la République, malgré les rumeurs faisant état de tractations menées essentiellement par ses proches. Le timing de ce remaniement, le moment choisi pour son annonce, laissent croire à une opération de communication dictée par des influences extérieures. On a du mal à deviner les contingences internes ayant présidé à ce changement. En dehors des appels répétés à un dialogue politique inclusif, le président de la République n’avait pas de raisons de remanier le gouvernement. Surtout que la table du Conseil des ministres n’est pas forcément le lieu où peuvent se redessiner la pratique politique nationale et le vivre ensemble. Plus grave pour son autorité, l’opinion établit désormais un lien direct entre son récent voyage parisien et ce remaniement. Les supputations vont bon train. Si le gouvernement a été annoncé le 11 septembre courant, Ali Bongo a été reçu à l’Elysée le 14 du même mois, légitimant tous les commentaires relatifs à une opération destinée à la consommation extérieure. Comment ne pas voir dans cet enchaînement un rapport d’effet à cause ? Au moment où des voix s’élèvent, de plus en plus, pour réclamer une concertation nationale, la thèse d’une influence de Paris sur la conduite des affaires s’en trouve confortée. Les acteurs en tiendront nécessairement compte pour la suite.
Enfin, dernière leçon : ce gouvernement s’annonce comme un des plus brutaux du mandat finissant. Entre Pacôme Moubelet-Boubeya à l’Intérieur et Mathias Otounga Ossibadjouo à la Défense, Ali Bongo se referme sur son premier cercle. Il privilégie sans doute la fidélité à sa personne mais s’éloigne des subtilités de la politique. Cela donnera peut-être plus de garanties et rassurera sûrement les sécurocrates du régime, mais fera nécessairement douter le grand public. En choisissant de nombreux ministres sans bases électorales ni compétences politiques avérées, le président de la République donne l’impression de tourner le dos à la quête de légitimité ou de choisir le saut dans l’inconnu. Sous cape, les militants PDG de toujours en rigolent ou s’étranglent. Au fil du temps, on mesurera mieux la portée de ces décisions. Mais, il est une réalité : la présidentielle est d’abord une affaire de suffrages exprimés. Or, la stratégie actuelle privilégie les institutions et l’appareil sécuritaire. Il en a été ainsi depuis 1993. Mais, ça pourrait être plus difficile en 2016.
16 Commentaires
Pour moi j’estime que la securité ne doit pas être la preocupation du gouveqtnement.la veritable securité que le gvnmt doit travailler nuit et jour est la securité sociale.en 2016 je ne vois pas les faux opposants ont la capacité de gagner une election.je vois dja leur echec en 2016.et si ces opposantp pensent que les enfts des pauvres iront dans la rue pour mourir.ils se trõpent. S’ils mettent leur enfts dans la rue ils trouveront les militaires.le gabon restera un pays oú le pouvoir s’obtient dans les uroes et non la force de la rue.j
jean jacques vraiment du coq à l’âne de la sécurité aux élection sans transition aucune. On veut écrire et faire les analyses comme les autres mais il manque de potentialité intellectuelle. Reste émergent de bas étage c’est ce qui te convient
Mogabo et héritage et modernité donc il faut faire parti de ce mouvement pour entrée dans le gouvernement ? Si je comprend bien , le gabon se retrouve ambrigadé par un mouvement dont je ne sais ne vois vraiment pas l’importance. Héritage et modernité peux vraiment dans un sens ce dire être les vrais héritiés des Bongo ou du moins de l’instant président. Ils ont je le reconnais pour certain de dire tout haut ce que les autres pensent en sous marin dans les bureaux. Voila un gouvernement qui va servir qui encore? Et pourquoi aucun journaliste n’a pauser de questions pertinante ?
J.J il faut bien lire pour eviter d’être hors sujet. Ce gouvernement est une redistribution de cartes entre amis, il n’apportera rien au pays. Le vieux mboumba et moussavou y sont pour leur intérêts personnels.
Jj quand tu n as rien compris pardon mon frère il vaut mieux te taire au risque de faire lire aux vrais GABONAIS les inepties que tu debite parce que tu es toujours hors sujet
j’attends un article sur les missions des ministères et surtout les nouveaux ( l’égalité des chances et des gabonais de l’étranger )
je rappellerai juste que Madeleine Berre figurait sur la liste PDG lors des dernières consultations locales .Sa promotion ne doit donc pas être perçue comme un signe d’ouverture envers la société civile. Dès lors, on ne saurait parler de proximité car il s’agit bien d’une militante PDG .
Exact.Merci pour ces précisions qui montrent combien on se joue toujours de la société civile tout en trompant l’opinion.
Elle est peut être issue du pdg mais de tous les nouveaux entrants cette dame est sûrement la plus qualifiée et de très loin .Donc j’ai du mal à comprendre que les gens associent son ascension au sein du patronat ou au gouvernement au fait qu’elle soit la fille de la défunte Rogombé. Contrairement à certains avant toutes ces nominations cette dame avait un travail, des compétences connues et reconnues sur le plan international so …… Pour le reste comme d’habitude le président le plus stupide du monde a promu ses amis , il prépare sa réélection nous l’avons bien compris. Les gabonais ne doivent rien attendre de ce gouvernement il a prit les mêmes et il a recommencé c’est dommage !!!!!!
Je note un aspect que vous avez sûrement relevé je l’espère mais avez omis de mentionner dans votre tribune, la puissante influence du directeur de cabinet du PR qui s’affirme une fois de plus et sa main noire sur l échiquier politique national.
Je m’explique : tt les observateurs de notre monde politique sont sans ignorer qu une lutte sans merci se jouait entre d’un côté les « locaux » et la « légion étrangère » autour du chef de l’Etat. A la présidence le ménage a été fait: exit BBN qui commençait se prendre pour zorro. Le dir cab est maintenu, Manfoumbi son apôtre à pris du galon, Massard faisant juste le nombre on retiendra que 2 des 3 portes parole sont du camp des « petits » de y’a Maixent), comme à une autre époque BBN comme Mapangou SG de la présidence a été prié d’aller exercer ses talents au gouvernement (vu qu’il n’y s’y passe pas grand chose, il aura du mal à exister et bjr la convivialité avec son ancien recteur);
Au gouvernement :ce qui ont osé affronter le puissant dir cab en ont payé les frais, et pas des moindres Ernest à la Défense se voit parachute aux Transports (qu’elle humiliation. .) Et Mapangou à l’énergie (maigre consolation mais il vient d’une région du pays dont on aura fortement besoin dans un an pour contrecarrer le Nord) et à leur place respective effectivement des affidés du DC.
il ne manquait plus au tableau gouvernemental l’entrée de Hervé Ndong,Alfred Madoungou et notre ancien Maire du 3eme au moins la basse cour aurait eau complet…désolé d’avoir été long.
Salut à tous! Roxane j’ai hate de te voir en vraie. Ta peut etre oublié le retour forcé de la tortue de bikélé. Je pense que la démission de daniel ona ondo est proche. Le retour de biyoghe mba, la nommination de moudounga au poste de vice premier ministre, la nomination de guillaume soro au gouvernement, le retour deléon nzouba qui avait laissé tombé ona ondo rappelez vous c’est autant de chose qui feront craquer le professeur ona ondo
Okoura faites d’abord la transition au sein de vos faux partis.changer vieilliards gourmands et mechants ping myboto ont plus de 70ans c’est trop.ne parlez pas de transition si vos faux opposants veulent tjrs forcer ã faire de la politique.ils sont incapable de devenir deputé.c’est pour dire si on arrive pas a commandé sa famille c’est celle du voisin qu’on va commander.si la population de ta localité ne te fait plus confiance pour se faire elire comme deputé.c’est pas ailleurs qu’on aura la crebilité.
Dis moi , sous l’emprise de quel drogue te retrouves tu à faire étalage d’une si grande misère intellectuelle Jean-Jacques?
Laisses argumenter les autres pdgistes, parce que tu fais honte crois moi. Encore heureux que le gouvernement n’ait pas fait appel à tes lumières, parce que ça aura été l’apocalypse.
je ne comprend pas les pdegistes j’ai remarquer que la plupart entre eux ont que des raisonnements stérile et incohérent je m demande mem qu’est ce qui est passé dans la tête de Sarkozy cet italien de foutre un tel individu à la tête de notre pays votre heure approche n vs en faite pas heure de Dieu à sonner les esclaves seront bientôt libre et les chaînes commence déjà à tombe jean jaques vraiment votre réflexion est basse Jean.fr
resurection, doucement, les gens t’écoutent, Sarkozy est français d’origine hongroise (son père est hongrois, la mère française). Le reste c’est bon, continues papa.
Voici ce que j’écrivais il y a quelques jours en commentaire à l’article :
https://www.gabonreview.com/blog/gouvernement-ona-ondo-iii-et-maintenant/
Propos qui sont encore très à propos par rapport au présent article :
Une première analyse de ce nouveau gouvernement montre qu’il est l’expression manifeste d’un quadruple échec du Président (et accessoirement de son Premier Ministre) et rappel de la dure réalité politique.
1) Echec à ressembler son parti (PDG). Il n’y a aucun des leaders du mouvement de fronde interne Héritage et Modernité, qui tiennent le bastion stratégique qu’est l’Assemblée Nationale. Mépris ou Impuissance du PR ? Je penche pour les deux à la fois : le Président les méprisent mais a probablement chercher à les intégrer au gouvernement pour les faire taire et encore mieux les humilier et mépriser ; comme rétorsion au mépris de cet « enfant intérieur tyran » (cf. Psychologie et Analyse Transactionnelle), son illusion de toute-puissance et refus du principe de réalité, ceux-ci lui signifient leur refus pour lui dégonfler le « melon ». Ainsi le PR est percuté par la réalité de sa faiblesse et de ses limites. Par ailleurs, ceux qui réduisent les leaders de H et M, à n’être que des « frustrés parce qu’ils ne mangent plus et qu’ils grognent pour pouvoir revenir à la soupe » à réviser leur jugement. La crise est plus profonde dans la maison PDG, crise qui est avant tout une « crise de la relation » : plus de confiance (alors que devient l’avenir en confiance, pour ce qui ont cru ?), plus d’admiration pour chef (fin du Grand Camarade leader charismatique). Certes, ces leaders ne sont pas des « sain(t)s », mais il semble que ces derniers veulent faire payer au PR son mépris lors des futures joutes électorales (2016).
2) Echec à rassembler sa majorité présidentielle. Le refus du RPG de participer au gouvernement révèle qu’il y a un malaise dans cette nébuleuse qu’est la majorité présidentielle. Ce qui n’augure rien de bon pour le PR sortant alors que nous entrons dans une année de campagne présidentielle. Certes cette majorité est essentiellement composée de partis de « crèvent-la-faim qui veulent manger la soupe », RPG compris. Mais ce refus montre que mêmes ces dernier se désolidarisent de plus en plus, de la gestion « autistique » de M. Ali Bongo Ondimba, et les strapontins ministériels ne suffisent plus à les calmer. Tentatives pour faire monter les enchères ou début de la fin de la majorité présidentielle (et partant, fin de la présidence ABO) ? Seul l’avenir nous le dira.
3) Echec à rassembler au-delà de ses thuriféraires qui lui chantent louanges et dithyrambes. Il ne rassembler ses opposants autour des enjeux essentiels. Avec sa volonté de nommer ses principaux opposants au gouvernement à un an de la présidentielle, nous avons encore là, l’expression symptomatique de son « enferment autistique ». Car, s’est-il seulement demander : que gagneraient-ils à participer à un « gouvernement de campagne présidentielle » (il n’est pas là pour gouverner, personne n’est dupe) ? S’est-il seulement demander ce que feront ces gens dans un gouvernement de campagne ? A-t- il oublié qu’il les a crânement méprisés pendant 6 ans ? Certes le cynisme des politiciens est immense, mais, NON, tout n’est pas possible en politique, c’est le « sacro-saint » principe de réalité qu’il a encore une fois de plus ignoré.
4) Echec à rassembler la société civile. Alors, on offre les strapontins à la famille : Nicole Assélé (sœur de …et fille de …), Madeleine Rogombé Berre (sœur de … et épouse de …), Flore Mistoul (fille de …), Irène Lissenguet Lindzondzo (sœur de …). Le pouvoir se referme sur lui-même.
Autisme ! Autisme ! Autisme !
Mais la réalité commence à les rattraper. A suivre …
Un lecteur assidu et admiratif de GabonReview