La République démocratique du Congo fait face à de graves accusations concernant la gestion des manifestations à Goma en 2023. Amnesty International, dans un rapport relayé par l’AFP, pointe des «possibles crimes contre l’humanité» imputés à des responsables des Forces armées de la RDC (FARDC), relançant les questions sur les abus persistants dans une région marquée par des décennies de conflits.

Des proches de victimes du massacre du 30 août 2023 brandissent des photos des disparus devant la morgue de l’hôpital militaire de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, le 12 août 2023. © ALEXIS HUGUET / AFP

 

Le massacre de Goma, survenu le 30 août 2023, reste un épisode sombre dans l’histoire récente de la RDC. Selon Amnesty International, cité par l’AFP, au moins 56 personnes ont été tuées et plus de 80 blessées lorsque les forces de sécurité congolaises ont ouvert le feu sur des manifestants. Ces derniers, membres du mouvement mystico-religieux Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations (FNJMN), s’étaient rassemblés pour protester contre la Mission des Nations Unies en RDC (Monusco), accusée d’inefficacité dans la résolution des conflits.

«Les forces de sécurité congolaises se sont livrées à une folie meurtrière», déclare Amnesty. Un rapport interne des Nations Unies, cité par l’ONG, établit un bilan encore plus lourd, avec 102 morts, incluant des femmes et des enfants, et plus de 80 blessés. Le FNJMN, quant à lui, affirme avoir recensé 103 morts.

Des responsables militaires dans le viseur

Amnesty a identifié trois hauts responsables militaires qui devraient, selon l’ONG, faire l’objet d’enquêtes approfondies. Constant Ndima Kongba, alors gouverneur militaire du Nord-Kivu, le colonel Mike Mikombe Kalamba, commandant de la Garde républicaine, et son subordonné, le major Peter Kabwe Ngandu, sont cités comme principaux responsables de cette répression sanglante. En octobre 2023, le colonel Mikombe a été condamné à mort par la justice congolaise, tandis que trois autres militaires ont écopé de dix ans de prison pour « meurtres ».

Cependant, Amnesty estime que ces jugements, bien qu’importants, ne suffisent pas. «Une enquête indépendante de l’ONU est nécessaire pour établir la responsabilité des parties prenantes, y compris le rôle éventuel de la Monusco», a déclaré l’organisation.

La Monusco également sous le feu des critiques

Dans son rapport, Amnesty n’épargne pas la Monusco, dont la mission en RDC fait l’objet de vives contestations depuis plusieurs années. L’ONG demande à l’ONU d’ouvrir sans délai une enquête sur les agissements de la mission onusienne et de publier les conclusions. «Les attentes des populations locales sont claires : la Monusco doit démontrer sa transparence et son efficacité, faute de quoi sa légitimité continuera de s’effriter», ajoute le rapport.

Le massacre de Goma illustre une fois de plus la complexité des enjeux sécuritaires au Nord-Kivu, une région où l’État peine à rétablir l’autorité. Des groupes armés continuent de semer la terreur, tandis que les forces de sécurité nationales, censées protéger les populations, sont elles-mêmes accusées d’exactions. Cette situation soulève des questions profondes sur l’efficacité des mécanismes de justice nationale et internationale, ainsi que sur le rôle des acteurs extérieurs.

Face à ces défis, Amnesty International rappelle l’urgence d’une justice impartiale et d’une responsabilité accrue des parties impliquées. «Les victimes de Goma méritent que justice soit rendue. Chaque jour qui passe sans une enquête approfondie est une trahison à leur égard», conclut l’organisation.

 
GR
 

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