GOC : Les ex-employés en détresse, la transition face à ses contradictions
Quatre ans après la dissolution des filiales Gabon Oil Marketing, Gabon Oil Logistique & Services, et Gabon Engineering & Construction, leurs anciens employés vivent une dans précarité criante. Suspendus entre promesses non tenues et instructions présidentielles restées lettres mortes, ils appellent à une prise en charge urgente de leur situation.
Depuis la fermeture des trois filiales de Gabon Oil Company (GOC) en août 2020, des centaines d’anciens employés vivent un calvaire économique et social. Privés de salaires depuis décembre 2020 et toujours en attente du paiement d’un plan social estimé à 2,5 milliards de francs CFA, ces ex-agents font face à une précarité qui s’aggrave chaque jour.
Chômage prolongé, dettes accumulées, perte d’assurance maladie et, dans certains cas, décès faute de soins, le tableau est sombre. Pourtant, ces travailleurs réclament simplement l’application des articles 59 et 60 du Code du travail gabonais, qui garantissent le paiement des indemnités et la priorité de réintégration au sein du groupe en cas de réouverture. «Depuis quatre ans, nous écrivons, relançons, frappons à toutes les portes, sans succès. C’est comme si nous n’existions pas», déplore le porte-parole des anciens employés, Cédric Bourobou Nzaou.
Des instructions ignorées et des blocages persistants
Malgré les engagements répétés des autorités et une réunion en 2023 avec Arnaud Calixte Ngandji-Alandji, conseiller spécial du président de la transition, les ex-employés constatent une paralysie inquiétante. «Lors de cette rencontre, il a rappelé que de très hautes instructions avaient été données pour résoudre notre problème. Pourtant, rien ne bouge. Nous ignorons à quel niveau se trouve le blocage, mais ce silence est insupportable », témoigne un ancien cadre.
La situation est d’autant plus révoltante pour eux que, dans des cas similaires, des solutions rapides ont été trouvées. Les anciens employés citent à cet effet l’exemple d’Assala Energy, dont les employés ont bénéficié d’un plan social en un temps record après son rachat par la Société nationale des hydrocarbures.
Le sort réservé aux anciens employés des filiales dissoutes contraste avec celui des cadres dirigeants. «Les directeurs généraux de ces entités ont été réintégrés à la GOC, avec des promotions, des primes et des privilèges. Pendant ce temps, nous, les plus vulnérables, sommes laissés pour compte», s’indigne le porte-parole de la cohorte. Le collectif pointe également une gestion opaque des fonds publics. «Nous réalisions 365 milliards de chiffre d’affaires par an. Comment expliquer qu’un plan social de 2 milliards soit toujours impayé, alors que l’entreprise disposait d’importantes réserves en banque lors de sa fermeture ? »
Alors que la transition politique se veut garante d’un État de droit, l’inaction face à ce drame social fragilise la crédibilité des autorités. «Cette situation n’augure rien de bon. Il est impératif de régler ce problème avant la fin de la transition pour restaurer la confiance et préserver l’image du pays », conclut Cédric Bourobou Nzaou.
Entre cris de détresse et questions sans réponse, les ex-agents de la GOC rappellent que derrière les chiffres et les lois, il y a des vies humaines. Leur appel à une gestion humaine et responsable résonne comme un ultime plaidoyer pour la justice sociale.
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