«GeFaCHE» : le projet dans le parc national de Waka
Dans la mise en œuvre de sa stratégie de protection des ressources naturelles, le Gabon a initié avec l’appui de la Banque mondiale le Projet de gestion de la faune et des conflits Homme-Eléphant (GeFaCHE). L’objectif de ce projet articulé autour de 4 composantes est de réduire le braconnage des éléphants et accroître les avantages des communautés grâce à une meilleure gestion des conflits opposant les habitants aux pachydermes dans les zones-cibles, notamment au sud du pays. Exemple du parc national de Waka, une des 4 zones d’implantation du projet.
Le Parc National de Waka
Ce parc est situé au centre sud du Gabon à environ 400 km de Libreville. Il est le plus difficile des parcs d’accéder et le seul parc dans ce projet ou il y a les communautés de peuples autochtones. Ces coordonnées géographiques sont les suivantes :
– Latitudes : 1°05’Sud-1°30’Sud.
– Longitudes : 10°55’Est-11°15’Est.
Le parc couvre une superficie d’environ 168.938 hectares. Il se trouve à l’intérieur de la province de la Ngounié, précisément dans les départements de Tsamba- Magotsi et de l’Ogoulou. Le parc est limité :
– à l’ouest, par la rivière Waka ;
– à l’est, par la rivière Oumba ;
– au centre par la rivière Ikobé ;
– au nord, par la rivière Oghoubi.
Population et peuplement du parc national de waka
Un fait important pour les communautés locales de la région est leur attachement à la tradition, ce qui justifie la conservation des rites ancestraux encore pratiqués dans leur authenticité. Parmi les rites régulièrement utilisés dans la région, on peut citer le Bondo, le Boo, l’Evovo, le Missoko, le Ghegho. Dans le domaine de la santé, on peut retenir trois rites : le Mwegni, le Miobe et l’Ombudi. Seuls les rites dans le secteur de la santé et les traitements thérapeutiques occasionnent par moment l’accès au parc pour aller faire des prélèvements de plantes.
La région est habitée majoritairement par les communautés Tsogo. On y trouve aussi les pygmées Babongo, les Akéle, les Simba et les Apindji. Les principaux clans fondateurs de la région sont les Motoka, les Avemba, les Ozembé et les Sima. La pratique de la médecine traditionnelle dans les villages situés au nord-est du parc (notamment les villages pygmées Babongo comme Tranquille, Tchibanga et Mimongo village) contribue à maintenir quelques populations en raison de la réputation des tradipraticiens qui y officient et grâce aux revenus apportés par les malades.
Avant la création du parc national de Waka en 2002, cet espace était attribué comme concessions forestières à différents opérateurs économiques (SONG, Leroy Gabon, Bordamur, IFL, EGG, etc.). Il n’existe donc aucun village à l’intérieur du parc national de Waka. Environ 390 personnes réparties dans 5 villages vivent dans un rayon de 5 km exclusivement au nord-est du parc national de Waka. Les autres 27 villages et les deux chefs-lieux de district qui se trouvent en périphérie abritent près de 3 765 habitants. Cependant, il faut signaler que le village de Makoko n’existe plus car les habitants ont migré pour crée le village de Makabana.
La population villageoise se répartie majoritairement entre le nord et le sud du parc. L’ensemble de ces villages représente environ 4 000 habitants (RGPH, 2003). La densité moyenne est de moins 1 habitant/km². La population moyenne par village varie entre 20 et 100 habitants, Etéké situé au sud du parc étant de loin la localité la plus peuplée avec environ 800 habitants et la présence d’une administration décentralisée avec à sa tête un Sous-Préfet.
Les villes les plus proches du Parc National de Waka sont : Lambaréné et Fougamou à l’ouest, Mouila au sud-ouest, Mimongo au sud-est. L’ensemble de ces villes abrite une population de 65.162 habitants (RGPH, 2003). La population des villages riverains du parc national de Waka fluctue en fonction de l’intensité des activités économiques, principalement l’exploitation forestière.
Actuellement, la tendance globale est à l’exode rural en faveur des villes et des principaux pôles économiques du pays. En effet, le secteur de l’aménagement routier est en pleine effervescence avec le bitumage de plusieurs axes routiers au sud du Gabon (Fougamou-Mouila ; Mouila-Ndendé ; Ndendé-Tchibanga). En outre, des recrutements ont été aussi réalisés par la Fonction Publique notamment au sein des Forces de l’Ordre et de Sécurité.
Les activités économiques majeures
Les populations locales vivant dans les villages recensés précédemment ont des pratiques basées principalement sur l’agriculture, la chasse, la pêche, la collecte des produits forestiers non ligneux et la médecine traditionnelle. Ces activités se pratiquent sur les terroirs villageois autour du parc (zone tampon) et dans les localités périphériques situées au-delà de la zone tampon.
Toutefois, les activités de médecine traditionnelle amènent occasionnellement les populations à aller prélever des plantes à l’intérieur du parc. Au niveau des activités de chasse, les villageois utilisent un ensemble de techniques pour capturer la faune. Il s’agit principalement de la chasse au fusil, le piégeage au câble d’acier et la chasse à l’arbalète. De ces techniques, les villageois disent préférer la chasse au fusil qui apporte rapidement de la viande au village. (Abitsi & lepemangoye 2007). L’agriculture est dominée par la culture du manioc et de la banane. La technique utilisée est l’agriculture itinérante sur brulis avec système de gestion des jachères. La problématique de la destruction des cultures par la faune sauvage en générale et l’éléphant en particulier est un sujet qui fâche et une préoccupation constante sur l’ensemble des villages.
Zones à Haute Valeur de Conservation Sociale
Le parc national de Waka a été créé par le décret n°000619/2002/PR/MEFEPCEPN, du 30 août 2002. Avant d’être classé, cet espace était d’abord attribué comme concessions forestières à différents opérateurs économiques (Song, Leroy Gabon, Bordamur, IFL, EGG). Ainsi, la moitié nord du parc a fait l’objet d’une exploitation forestière sélective en diverses vagues durant environ quarante années, mais l’extrême sud n’a jamais été exploité. De manière générale, compte tenu du relief très accidenté, l’exploitation forestière au cours de ces années antérieures était de faible intensité et il reste partout des poches de forêt inexploitées. Cependant, la corne nord-est du parc a été exploitée de manière intensive sans application de techniques d’exploitation à impact réduit par la société Bordamur entre 2001 et 2004 et la forêt s’en est trouvée fortement dégradée.
D’autre part, la région du Parc National de Waka a été un couloir migratoire important à la fois pour les populations Bantous mais aussi pour les populations pygmées Babongo (Du Chaillu, 1868). Le flux migratoire s’opérait du sud vers le nord, en empruntant trois trajectoires principales : la rivière Ikoy, la rivière Oumba et la rivière Ikobé. Cette migration interne fut intervenue pour plusieurs raisons : la recherche de nouveaux territoires suite aux conflits tribaux ; le refus d’obtempérer à la politique coloniale de regroupement villageois et enfin, la recherche d’emplois à la suite de l’installation des compagnies forestières. La création du parc national de Waka en 2002 a de facto entraîné une prohibition de l’accès à la corne nord-est du parc aux communautés riveraines qui y exerçaient leurs droits d’usages coutumiers.
Conclusion
La gestion durable des réserves biologiques implique nécessairement l’adoption d’une approche participative qui amène tous les acteurs tirant des ressources de ces réserves, de s’y identifier et de coopérer. Les enjeux du projet GeFaCHE et le modèle de mise en œuvre mettent les communautés de base au centre du processus. Il convient que les acteurs institutionnels au niveau central et au niveau du bailleur de fonds veillent au respect des mécanismes de participation de tous les acteurs à la mise en œuvre du projet.
A cet effet, il conviendrait que :
- Les procédures administratives de mise en œuvre du projet intègrent les préoccupations de participation des populations à la base ;
- Les mécanismes communautaires et décentralisées soient toujours privilégiés/responsabilisés au premier plan dans le processus de gestion mise en place ;
- Les mémorandums, accord ou contrat de gestion soient réalisés et étendus à tous les acteurs communautaires concernés dans les aires où cela s’avère pertinent puis réétudiés dans le cadre du parc national de Waka ainsi que dans les trois autres parcs cibles (Moukalaba-Doudou, Loango et Mayumba) du point de vue de leur complémentarité à l’existant.
Source : ANPN
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