Dans la mise en œuvre de sa stratégie de protection des ressources naturelles, le Gabon a initié avec l’appui de la Banque mondiale le Projet de gestion de la faune et des conflits Homme-Eléphant (GeFaCHE). L’objectif de ce projet articulé autour de 4 composantes est de réduire le braconnage des éléphants et accroître les avantages des communautés grâce à une meilleure gestion des conflits opposant les habitants aux pachydermes dans les zones-cibles, notamment au sud du pays. Exemple du parc national de Loango, une des 4 zones d’implantation du projet.

Une famille d’éléphants dans le parc national de Loango. © OceanWP

 

Le parc national de Loango

Il est situé dans le bassin côtier du Gabon, plus précisément dans la province de l’Ogooué-Maritime. Ses limites géographiques sont comprises entre 9° 17’et 9°47’ de latitude Est et entre 1° 52’ et 2° 29’ de longitude sud. Sa superficie est de 155.224 (148978) ha. Ce parc fait partie du complexe des aires protégées de Gamba et est inclus dans le paysage Gamba-Maymba-Conkouati, un des 12 paysages prioritaires pour la conservation dans le cadre du partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC). Il abrite environ 80 kilomètres de plages, sur une largeur d’environ 25 kilomètres dans sa zone la plus large. On accède au Parc National de Loango principalement :

– Par voie lacustre ou lagunaire depuis Gamba ou Iguéla ;

– Par voie maritime en entrant par l’embouchure de Ndougou ou de Ngowé ;

– Par voie terrestre depuis Iguéla ;

– Par avion, jusqu’à Omboué ou Gamba.

Population et peuplement du parc national de Loango

Le Parc National de Loango, est situé dans le bassin côtier du Gabon dans la province de l’Ogooué-Maritime. La ville de Gamba, qui compte environ 15.000 habitants, est proche du Parc National. L’aéroport de la ville se situe à environ 40 kilomètres de l’entrée sud du Parc National. Dans le Département d’Etimboué, les villages de la partie septentrionale du Parc National de Loango sont situés en bordure de la lagune Iguéla (ou Ngowé), en dehors de Mpivié qui se trouve en bordure de la rivière éponyme. La majorité de ces villages a été créée durant la période coloniale (Idjembo en 1941, Mpivié avant 1939, Yombé et Obiro en 1950) à l’exception de Ntchonimbani (Blaney et al. 1999).

A l’origine, les localités de Yombé, Bonneterre et Obiro étaient situées de l’autre côté de la lagune, ce qui explique l’occupation actuelle de ces anciens sites sous la forme de campements permanents. Au sud, les villages de Sounga, Setté-Cama, Pitonga et Mougambi situés en bordure de la lagune Ndougou et du Lac Sounga sont considérés dans la zone d’influence du parc.

L’histoire de Setté-Cama remonte au milieu du XVème siècle, lorsque les Portugais découvrirent la côte atlantique du royaume de Loango en 1482. Sounga a été créé en 1994 à la suite de l’abandon par ses ressortissants du site de l’ancien village d’Inyoungou plus au nord du parc, en bordure de la rivière Ngowé. Toutefois, le site actuel de Sounga a connu beaucoup d’occupations depuis les années 1920 (Bilo’o b’Ondo, A. 2010). Enfin la création de Pitonga et Mougamba remonte respectivement à 1921 et 1967.

L’ethnie Ngové est majoritaire dans la lagune d’Iguéla. La langue parlée est le Nkomi. On retrouve également d’autres groupes ethniques arrivés par mariage ou pour des raisons de travail. En outre, il semble que les Ngové ou Ngubi soient apparentés aux Bavarama (Aleko et Puech, 1988). Dans les localités de la lagune Ndougou, y inclut Sounga, l’ethnie dominante est Balumbu. On retrouve d’autres groupes ethniques, à savoir les Punu, Varama, Gisir, Ngové et en petites minorité les Tsogo.

Selon un document publié par l’Institut Pédagogique National et le Laboratoire National de cartographie (1983) et Mpenga-Wora (1982), le groupe linguistique Sira-Punu regrouperait les Balumbu, les Bapunu, les Bavarama, les Bavili et les Ngové alors que le groupe Myéné engloberait les Nkomi. En outre, le terme Nkomi aurait été traduit par Cama par les Anglais colonisateurs (Mpenga-Wora, 1982).

Les Ngové tout comme les Balumbu, les Bavili et Bapunu seraient originaires du Congo. Ils se seraient tout d’abord installés dans la Ngounié avant d’arriver sur la côte atlantique (Aleko et Puech, 1988). Les Eshira et les Nkomi proviendraient du nord. Les Sira auraient remonté la Ngounié et ils auraient tout d’abord occupé le secteur du rembo Eshira qui se jette dans la lagune d’Iguéla. Étant maîtres d’un grand territoire, ils fournissaient des esclaves et des produits à plusieurs groupes ethniques ayant des postes de traite dans les royaumes de Cama, de Ngubi et à Setté Cama (Merlet, 1991). Plusieurs communautés villageoises occupaient déjà une partie de l’espace classé du Parc National à partir de 2002.

Actuellement, on dénombre dans le Parc National quatre (4) villages et sept (7) campements permanents, le tout abritant une population d’environ 80 habitants permanents. Le phénomène d’exode rural entraîne un vieillissement de la population villageoise depuis plusieurs années et une baisse de populations. Au nord du Parc, la ville d’Omboué est le principal regroupement de populations, avec plus de 3.000 personnes. On note également la présence de trois (3) campements permanents, Eloupy, Ntoungoumboumba, Mpembani-Ambié, avec une population d’environ 700 habitants.

A la périphérie sud du Parc, on recense près de 16.000 personnes dans la ville de Gamba. La proximité de ces villes et villages en périphérie du Parc National entraîne une demande forte en ressources naturelles, se traduisant par des impacts révélés au nord et au sud du Parc National.

Les activités économiques majeures

Les communautés villageoises installées à l’intérieur ou à la périphérie du Parc National vivent principalement d’agriculture itinérante sur brûlis, de pêche, de chasse et de cueillette. Il s’agit de 4 villages et de 7 campements. Ces activités sont complétées le plus souvent par un petit élevage domestique. Pour les localités, situées à l’intérieur du parc bien avant la création de celui-ci, elles poursuivent ces activités et entretiennent de bonnes relations avec le parc national de Loango en dehors des déprédations des plantions par la faune qui occasionnent quelques moments de tension. Les effectifs assez réduits des populations de ces villages (15 habitants y compris les enfants pour le cas de Sounga) font que la pression sur les ressources est faible.

Le manioc, la banane plantain et le taro sont les légumes les plus cultivés. La pêche représente la principale source de revenus. Les techniques de capture sont multiples (filet, trémail, palangres, hameçons, pièges à poisson et harpons) en fonction des saisons, de la taille du produit à capturer et des espèces. La chasse constitue une autre source de protéines animales. Elle est pratiquée majoritairement grâce aux fusils (calibre 12), carabines et aux pièges à câble métallique.

Zones d’utilisation villageoise

Plusieurs études sociologiques ont été réalisées sur les villages qui sont dans le périmètre du Parc National de Loango. Ces différentes études ont abouti aux résultats suivants :

– la pêche s’effectue sur les lagunes Iguela et Ndougou. Certaines zones de concentration des poissons en saison sèche sont exploitées par les populations comme les lacs Sounga, Cachimba, Kivoro et les zones de marigots aux alentours de ces lacs ;

– l’agriculture quant à elle se fait aux alentours des habitations, à une distance d’environ 1 à 2 Km. On rencontre des petites zones de cultures au niveau de chaque village excédant rarement 3000 m2 ;

– la cueillette se fait essentiellement en allant dans les champs ou lors d’une partie de chasse ;

– le sciage est quasi-inexistant, on trouve de très faibles zones de sciage parsemées à travers la localité. Il n’est fait que pour la construction des maisons ;

– la principale activité des villages périphériques au PN étant la pêche, l’emprise sur les lagunes est importante.

Les trois quarts des villages étant installés sur la lagune Iguéla, l’impact des populations vivant dans les limites du Parc se concentre sur cette même lagune et ces espaces proches. Les activités commencent depuis les alentours des villages jusqu’à une distance maximum de dix kilomètres. D’une manière générale, les activités socio-économiques de ces villages ne représentent pas un grand danger pour le Parc National de Loango, elles n’ont qu’une faible incidence sur la conservation. Ce sont les épisodes saisonniers de pêche dans certaines zones du Parc National qui entraînent une fréquentation accrue du PN par des populations vivant dans les villes et villages proches (habitants de Gamba par exemple) et des impacts importants sur les populations piscicoles.

Localisation du parc national de Loango et des populations locales dans l’aire d’influence du projet. © ANPN

Conclusion

La gestion durable des réserves biologiques implique nécessairement l’adoption d’une approche participative qui amène tous les acteurs tirant des ressources de ces réserves, de s’y identifier et de coopérer. Les enjeux du projet GeFaCHE et le modèle de mise en œuvre mettent les communautés de base au centre du processus. Il convient que les acteurs institutionnels au niveau central et au niveau du bailleur de fonds veillent au respect des mécanismes de participation de tous les acteurs à la mise en œuvre du projet.

A cet effet, il conviendrait que :

  • Les procédures administratives de mise en œuvre du projet intègrent les préoccupations de participation des populations à la base ;
  • Les mécanismes communautaires et décentralisées soient toujours privilégiés/responsabilisés au premier plan dans le processus de gestion mise en place ;
  • Les mémorandums, accord ou contrat de gestion soient réalisés et étendus à tous les acteurs communautaires concernés dans les aires où cela s’avère pertinent puis réétudiés dans le cadre du parc national de Loango ainsi que dans les trois autres parcs cibles (Moukalaba-Doudou, Mayumba et Waka) du point de vue de leur complémentarité à l’existant.

Source : ANPN

 
GR
 

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