L’enseignant à l’Université Omar-Bongo de Libreville estime qu’il y a urgence à réfléchir aux nouvelles sources de financement des prestations sociales.

Gabriel Zomo Eyébé, Professeur agrégé d'économie, lors de sa communication à l’ouverture du forum sur la sécurité sociale. © Gabonreview
Gabriel Zomo Eyébé, Professeur agrégé d’économie, lors de sa communication à l’ouverture du forum sur la sécurité sociale. © Gabonreview

 

Axé sur le thème : «Défis et enjeux du futur», le forum national de la sécurité sociale est une opportunité pour les experts venus de nombreux pays de réfléchir sur la pérennité de ce type de structures. C’est en cela que réfléchissant sur l’avenir, à travers le thème «Sécurité sociale et émergence à visage humain, quel espoir, quel défi ?», Gabriel Zomo Yébé a posé une interrogation : «Comment maintenir la cohésion sociale tout en donnant des réponses appropriés, rapides et pérennes aux problèmes posés par tous les acteurs dans un environnement mondialisé?».

Répondant à cette question, il a rappelé, en se focalisant sur la situation socioéconomique du pays que  si la croissance réelle est élevée depuis 2 ans, elle est cependant de faible qualité puisque dépendant en grande partie des prix du pétrole et intervenant dans un contexte marqué par un chômage de masse, une baisse de l’emploi et un accroissement de la pauvreté. D’où les inquiétudes exprimées quant aux ressources de la CNSS. «Le dynamisme démographique est bel et bien en train de s’arrêter : alors que le nombre des cotisants n’a augmenté que de +24% depuis 2004, le nombre de retraités a cru de +35%», a-t-il noté, soulignant que l’impact de ce type de croissance sur la sécurité sociale va agir sur les ressources de la CNSS. D’où la nécessite de rechercher d’autres sources de financement que les seules cotisations des salariés.  «Les seuls prélèvements sur les opérateurs des téléphonie mobiles et les prélèvements sur les salaires des actifs ne pourront plus suffire pour financer la protection sociale», a-t-il expliqué, ajoutant qu’il faut que l’Etat mette en place un mécanisme sous forme de loi de financement de la protection sociale incluant les subventions d’équilibre de l’assurance sociale.

S’il relève que les actifs ne sont pas une charge directe, il souligne par ailleurs que dès qu’ils deviennent inactifs, ils se transforment en charge pour la société. D’où l’urgence de proposer, dès à présent, un régime à prestations définies et/ou à cotisations définies, qui aura pour avantage de leur donner le minimum requis pour assurer leurs vieux jours. «Si l’on ne fait rien, certains retraités retombent dans la pauvreté, ce qui va alourdir la prise en charge des économiquement faibles. Il y a nécessité de créer des complémentaires pour des salaires au-dessus des plafonds et de revoir la grille salariale de la Fonction publique en tenant compte du coût de la vie», a-t-il expliqué. «La sécurité sociale est un élément essentiel de cohésion sociale. Fondée sur la solidarité, elle réalise une large redistribution des ressources, garantissant à chaque Gabonais un minimum pour vivre. Le consolider et assurer sa pérennité doit être un objectif majeur pour tous», a-t-il conclu.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Ongowou dit :

    On connait les retraités qui n’ont pas de problème de ressources pour assurer leurs vieux jours : les anciens Premiers ministres, les anciens présidents d’institution, les généraux retraités, les magistrats retraités… On a l’impression que leurs rétributions post-professionnelles, qui n’équivalent à aucun service vraiment utile et extraordinaire rendu au peuple, ne servent que des intérêts occultes, dont celui de rester muets et ne jamais réagir comme la tombe. Ce forum sur la sécurité sociale ne doit avoir ainsi permis à certains que de s’en mettre plein les poches, car il n’accouchera de rien de nouveau qui soit réellement bénéfique aux Gabonais moyens. Sauf à contribuer à donner du carburant à la machine à fabriquer la précarité des uns et l’opulence des autres.

  2. Le Villageois dit :

    Je suis d’accord qu’il faut trouver d’autres sources de financement. Cependant, je trouve que les gestionnaires ne font pas suffisamment d’efforts de transparence. Il s’agit de gérer des programmes sociaux, il y a des défis et des enjeux, mais on se doit aussi de rendre compte de l’utilisation des ressources et des actifs. Si on prend l’exemple de la CNSS, ses ressources proviendraient des cotisations, des pénalités, des dons et legs, des recettes des immeubles etc… Mais on ne sait pas dans quelles proportions. Ils avaient annoncé des bons résultats sur les comptes clos au 31 décembre 2013 par la voix de son PCA Janvier Essono qui ajoutait que ces résultats avaient été réalisés grâce à l’augmentation du nombre de cotisants. Je pense que la CNSS dispose d’un rapport de gestion annuel, pourquoi ne pas le mettre à la disposition de tous les citoyens ? Le site internet de la CNSS peut servir de vehicule de communication à cet effet.

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