Gabon : Vers la fin de la location pour les cours et tribunaux ?
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En déplacement à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout, multiplie des rencontres avec des partenaires au développement et des entreprises spécialisées dans la construction d’infrastructures judiciaires. L’objectif, mettre fin à la location des cours et tribunaux gabonais et doter le pays de bâtiments judiciaires dignes de ce nom. L’état des lieux est, pour l’heure, préoccupant.
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Paul-Marie Gondjout posant avec un potentiel partenaire à Abidjan. © D.R.
Membre du gouvernement de la Transition, Paul-Marie Gondjout s’inscrit dans la volonté du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) d’améliorer les conditions de travail des personnels judiciaires. En dotant la justice gabonaise d’infrastructures propres, il entend renforcer l’image de l’administration judiciaire et garantir un environnement de travail sécurisé et fonctionnel. Cette initiative s’inscrit également dans les orientations définies par le Président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma. En mettant fin à la location des tribunaux, l’État réalisera des économies significatives tout en renforçant sa souveraineté.
Un audit des infrastructures judiciaires a pour ainsi dire, mis en lumière une situation préoccupante. De nombreuses juridictions sont installées dans des bâtiments loués à des propriétaires privés, souvent inadaptés et délabrés. Une situation qui met en péril la sécurité des personnels judiciaires et des justiciables qui les fréquentent quotidiennement. «Il est temps d’en sortir», a déclaré Paul-Marie Gondjout, le 31 janvier 2025 à Abidjan, lors de la finalisation des termes de référence d’un protocole d’entente avec la société CICOP CI pour la réhabilitation et la construction des infrastructures judiciaires.
Large programme de construction, enjeu économique et institutionnel
L’entente intègre un large programme de construction et plusieurs juridictions sont concernées par ce projet. Notamment : les tribunaux administratifs des capitales provinciales, la Cour d’appel administrative (Batterie 4), le Tribunal administratif de Libreville (Batterie 4), le Tribunal du commerce (Sablière), le Tribunal du travail (Sablière). Toutes, des institutions actuellement hébergées dans des bâtiments appartenant à des particuliers. Il est question de désormais leur offrir des sièges officiels, renforçant ainsi l’autorité et l’indépendance de la justice gabonaise.
Au-delà de la question immobilière, ce projet revêt un enjeu économique majeur. En cessant de louer ces locaux, l’État réalisera selon le ministère de la Justice, des économies de plusieurs milliards de francs CFA par an. Mais surtout, il restaurera la dignité et la souveraineté du système judiciaire gabonais, un impératif pour une justice plus crédible et efficace. In fine, une politique ambitieuse à travers laquelle le Gabon entend amorcer une transformation profonde de son paysage judiciaire et par conséquent, marquer une étape essentielle vers une administration moderne et autonome.
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