Gabon | Taskforce dette intérieure : De quoi Pierre Duro est-il le nom ?
Au Gabon depuis des décennies, le Français Pierre Duro est le conseiller judiciaire pour la taskforce sur la dette intérieure placée sous la houlette de Noureddin Bongo. Mais, qui est cet homme, au Gabon depuis près de 50 ans et proche des Bongo au point d’avoir travaillé à la construction du Palais du Bord de Mer ? Il a aussi été entendu par la justice espagnole pour avoir aidé, à Libreville, l’homme d’affaires catalan Jordi Pujol – impliqué dans de la fraude fiscale et du blanchiment -, et il possède des sociétés immobilières en France dont une au capital de plus d’un million d’euros.
La taskforce présidentielle sur la dette intérieure se poursuit, alors que la présidence a annoncé son intention d’annuler deux tiers d’une dette déjà auditée précédemment. Parmi les experts de cette taskforce, placée sous la houlette de Noureddin Bongo, figure le Français Pierre Duro comme expert judiciaire, a-t-on appris de sources concordantes, notamment Africa Intelligence.
Ce Français né en 1949 à Aurillac, en Auvergne, est également citoyen de la petite principauté d’Andorre. Mais Pierre Duro est avant tout un «vieux de la vieille» du Gabon, où il vit depuis 1972. Plusieurs fois dans le pays, ce proche de l’ex-ministre des Finances (1999-2002) Emile Doumba, a effectué des missions d’audit pour le Trésor gabonais, explique le journal confidentiel Africa Intelligence, anciennement appelé La Lettre du Continent. «Depuis les années 2010, il est aussi expert judiciaire auprès de la Cour d’appel de Libreville, spécialisé́ dans le BTP», relève la lettre confidentielle d’information.
A Libreville, Pierre Duro possède donc un cabinet d’expertise juridique en immobilier, a constaté Gabonreview. Enfin, cet Auvergnat de naissance est plus connu dans la presse pour sa passion du développement du rugby au Gabon. Effectivement, il a été président-fondateur et d’honneur de la Fédération gabonaise de rugby, avant de jeter l’éponge en 2019.
Mais Pierre Duro ne fait pas l’unanimité parmi les acteurs du monde économique au Gabon, qui doutent de sa capacité à être droit au sein de la taskforce, a constaté Gabonreview. Proche de la famille Bongo depuis des décennies, l’homme a eu en effet quelques affinités peu valorisantes. Il a joué l’intermédiaire au Gabon avec un homme d’affaires espagnol, emprisonné pour blanchiment. Il a aussi travaillé à la construction du Palais présidentiel avec une société de décoration inquiétée dans l’affaire des biens mal acquis.
Cité à comparaître en Espagne
Dans son passé, Pierre Duro, également citoyen du micro-Etat d’Andorre entre la France et l’Espagne, a servi d’introducteur au Gabon pour un homme politique et d’affaires espagnol, Jordi Pujol Ferrusola, incarcéré pour fraude fiscale et blanchiment.
Pierre Duro et son cousin Josep – qui a été consul du Gabon dans la principauté d’Andorre – ont ainsi été entendus dans l’«affaire Pujol» et cités à comparaître devant la Haute Cour espagnole, car tous deux sont considérés comme les «introducteurs» au Gabon de Jordi Pujol pour la société Isolux de construction de réseaux électriques, début 2000. «Il aurait été convenu que les Durós et les Pujols dont le fils de l’ancien président catalan recevrait une commission de 18%, soit 650.000 euros», écrit le site espagnol Altaveu dans un article de février 2017, relatant les témoignages des Duro ou de Pujol au juge. «Isolux a préféré payer la totalité de la commission convenue à Jordi Pujol et il a transféré la partie du Duró sur le compte que l’un d’eux avait ouvert au Gabon (…) La justice espagnole soupçonne que “Junior” a reçu 15 millions d’euros d’Isolux par le biais de divers intermédiaires», note le même article.
Quels liens avec Atelier 74, société impliquée dans l’affaire des biens mal acquis ?
Toujours dans son passé, Pierre Duro a contribué à la construction du Palais du Bord de Mer au temps d’Omar Bongo comme «ingénieur-conseil», avec les architectes Aurore Cardot et Lucien Clot, selon Africa Intelligence (février 2006). Il remplaçait alors le Français, lui aussi Gabonais d’adoption, Jean-Claude Baloche, directeur de Socoba et proche de la famille Bongo. Duro a dû travailler avec la société de décoration Atelier 74, qui avait alors une filiale Afrique à Libreville.
Problème : Atelier 74, dont Gabonreview n’a pas découvert le directeur Afrique, fait l’objet d’une enquête dans l’affaire des biens mal acquis (BMA) en France – visant des hauts dignitaires pour des utilisations présumées frauduleuses d’argent public afin d’acheter des biens. Dans un article de février 2020, le journal Mediapart explique qu’«une petite entreprise française de décoration, Atelier 74” “est soupçonnée d’avoir joué en sous-main le rôle de société-taxi pour aider le clan Bongo à blanchir en France les fonds détournés au Gabon.» «L’enquête a notamment permis d’établir l’existence d’un système élaboré de blanchiment présumé : des hommes de confiance d’Omar Bongo (…) ont déposé en espèces 33 millions d’euros sur le compte d’Atelier 74 au Gabon, à la banque BGFI, puis les sommes ont ensuite été virées en France sur celui de la maison-mère, à la BNP», continue l’article.
Selon les documents de la société consultés par Gabonreview, Atelier 74 existait encore jusqu’en 2011, avec comme liquidateur Daniel Mentrier de DM gestion, mis en examen pour «complicité de blanchiment de détournements de fonds publics» selon Mediapart. Les documents précisent que la filiale Afrique, à Libreville, a été liquidée le 30 septembre 2010.
Une SCI au capital social de plus d’1 million d’euros en France
A 71 ans, Pierre Duro semble avoir prospéré dans l’immobilier. En France, il est gérant de deux sociétés civiles immobilières (SCI), dont Gabonreview s’est procuré les statuts.
Fondée en 2012, la Société civile Kimberley de «location de terrains et d’autres biens immobiliers» possède un capital social de 1,36 millions d’euros, avec 544.000 euros d’apports par Duro et 816.000 par Nadège Bike-Bi-Mbole, déclarée “sans profession” sur le statut rédigé par le cabinet notarial Michelez et Associés. Nadège Bike-Bi-Mbole, de nationalité gabonaise, est la femme de Pierre Duro, lui-même déclaré sur le document notarial «divorcé de Lydie Kwaou», «non remarié» et «non résident au sens de la réglementation fiscale.»
L’autre SCI date de décembre 2001. SOPIDO, au capital social de 1.000 euros, est dans la «location de logements». Elle est créée avec son ex-femme, la Française Armande Trucchi et située à Morières-les-Avignon (France), dans ce qui semble être une maison d’un quartier résidentiel, d’après la localisation Google maps.
Si Pierre Duro ne fait pas l’unanimité dans le milieu gabonais des affaires, son passé en tout cas comporte des zones d’ombres et ses flirts avec la justice espagnole notamment ne sont pas toujours pour rassurer. Par ailleurs, il était président du Comité de soutien à la candidature de Balladur à l’élection présidentielle (1995) et « grand ami de l’ancien ministre de la coopération Bernard Debré », selon un article d’Africa Intelligence en mars 2001. Si l’ordre du mérite national français lui a même été décerné, son expertise est-elle avérée ? Ancien ingénieur sur des opérations de construction, son passé lui permet-il de figurer parmi les éplucheurs de la dette publique gabonaise aujourd’hui ? À 71 ans, pourquoi lui et pas un autre ?
11 Commentaires
Excellent travail Gabon review!!!
C’est ça qu’on veut au Gabon: de la lumière dans cet océan d’obscurité!!
La famille Bongo a été mise par Foccart et les services de renseignements français non pour conduire le Gabon vers son développement mais parce qu’elle baigne en plein dans le crime organisé: Leurs amitiés se trouvent notamment dans la mafia corse et italienne avec notamment les Michel Tomi. Ce monsieur, ce raspoutine, cette barbouze n’a pas été nommé pour une quelconque expertise si ce n’est son ancrage dans les réseaux occultes qui exploitent et appauvrissent sauvagement notre pays et sa population. Ces blancs travaillent les Bongo en même temps qu’ils les espionnent et espionnent notre classe politique pour les renseignement français et la mafia françafricaine. Me sale boulot que faisait Marion.
La roue tourne les bonne question sont posé
Déjà dans la fédération de rugby il avait fait e a
Ecrater toutes les personnes qui osez lui demander des compte sur les finance de celle-ci ainsi que pourquoi versé les dont fait pour le rugby sur son association les Issar un jour la vérité sortira
Monsieur Duro heure a sonné de rentre des compte
Mr Trehout je vois que vous etes toujours entrain de vouloir faire du faux buzz. Parce que le 1ere Dame vous a renvoye? Vous etes penible. Mais faites moi signe lorsque vous serez convoqué au comissariat pour diffamation. Je vais bien publier vos excuses. Vous allez vous bruler avec le feu que vous même avez declanché.
Je ne fais que passer…
Il y a de jeunes gabonais juristes très compétents. Les Bongo ne s’entourent que de gens au passé obscure, BLA et Acrombassi pour ne citer que ces deux. Il y a encore bien d’autres qui continuent d’agir dans l’ombre.
Les Bongo n’apprennent pas de leurs erreurs. La fin est proche.
Les Bongo sont dans le crimes organisés et ils ne peuvent que placer ceux de leurs réseaux la ou c’est sensible. Encore un autre raspoutine. Comme Accrombessi et Alihanga, il va juste se servir.
les experts locaux rasent les murs ou sont influençable
Sédou Kane a abandonné 150 milliards de dettes.
Saluons ce qui est fait d’abord. Avant tout.
Bravo à celui/celle qui a préparé cet article, c’est par ce genre de travail de fond que les gabonais se feront respecter.
je ne connaissais pas ce monsieur, mais vos recherches m’ont paermis de me faire une idée, par rapport à la tache qui lui a été confiée.
Merci de nous informer ainsi.
Autre question: savez-vous les RAISONS PROFONDES du départ de TOTAL du Gabon ? A Ntare Nzame !!
@ serge Makaya,
Je serais ravi que vous nous le dites. Egogole a ta