Des chercheurs ont découvert un comportement nouveau des chimpanzés qui permet davantage de décrire cette espèce charismatique : ils appliquent des insectes sur leurs plaies. Pour les scientifiques, ce serait un cas potentiel de médication.

Suzee, Sassandra et Olive. © Tobias Deschner_Ozouga/ Chimpanzee Project

 

Pour la première fois, des chercheurs de l’Université d’Osnabrück et du Projet chimpanzé d’Ozouga, ont observé des chimpanzés dans le parc national de Loango au Gabon se soigner à l’aide d’insectes agissants comme «médicaments» pour guérir leurs plaies. Il s’agit d’une découverte exceptionnelle à l’échelle mondiale ; c’est la première fois que ce comportement est décrit chez les chimpanzés. Cette découverte est donc d’une importance capitale pour le Gabon qui est fortement engagé dans la préservation de sa biodiversité.

En 2014, dans le parc national de Moukalaba-Doudou, une étude menée par Dr Ebang Ella Ghislain Wilfried à travers des observations directes et des traces des chimpanzés indiquaient déjà que : « les chimpanzés utilisent des bâtons comme marteaux, élargisseurs et collecteurs pour extraire le miel des ruches d’abeilles sans dard ».

«Les animaux sont connus pour pratiquer l’automédication, c’est-à-dire pour utiliser des parties de plantes ou des substances non nutritives pour combattre des agents pathogènes ou des parasites. Cette pratique a été observée chez de nombreuses espèces animales, notamment des insectes, des reptiles, des oiseaux et des mammifères», a déclaré la biologiste cognitive de l’équipe de recherche, le Pr Simone Pika.

«Nos deux plus proches parents vivants, les chimpanzés et les bonobos, par exemple, avalent des feuilles de plantes aux propriétés anthelminthiques et mâchent des feuilles amères qui ont des propriétés chimiques pour tuer les parasites intestinaux», a-t-elle expliqué. Mais, malgré des recherches menées depuis des décennies sur d’autres sites de terrain à long terme en Afrique de l’Ouest et de l’Est, l’application externe de matières animales sur des plaies ouvertes n’avait, jusqu’à présent, jamais été documentée.

Roxy et Thea. ©Tobias Deschner_Ozouga/ Chimpanzee Project

 

Le Pr Pika a déclaré : «Il était particulièrement frappant de constater que les individus traitaient non seulement leurs propres blessures, mais aussi celles d’autres individus non apparentés. De tels exemples de comportements prosociaux évidents sont rarement observés chez les espèces non humaines, mais ces observations peuvent maintenant aussi convaincre les sceptiques.»

Le primatologue Dr Tobias Deschner, un autre membre du groupe d’étude, a déclaré : «Nos observations fournissent la première preuve que les chimpanzés capturent régulièrement des insectes et les appliquent sur des plaies ouvertes. Nous souhaitons maintenant étudier les conséquences bénéfiques potentielles d’un comportement aussi surprenant.»

«La précision des données fournies par nos partenaires est une plus-value pour les missions qui nous sont confiées.  En comprenant mieux les comportements des chimpanzés, nous améliorons la connaissance de leur écosystème et pourrons mieux protéger cette espèce en  danger»,  dixit le Secrétaire Exécutif de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux, Mr Christian Tchemambela.

Environ un tiers des chimpanzés du monde vivent dans les forêts tropicales humides d’Afrique équatoriale occidentale. La population de chimpanzés est estimée à environ 30 000 individus au Gabon (Tutin and Fernandez, 1984 ; Walsh et al, 2003). Ce primate est une des espèces emblématiques de la biodiversité du Gabon et plusieurs études ont été menées sur elle dans les aires protégées du pays.

Avec l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN)

 
GR
 

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