Dans sa parution d’août-septembre 2015, le mensuel Afrique Magazine, publication du groupe Jeune Afrique, estime que le président Ali Bongo va sans doute concourir pour un second mandat, parce que «on le voit mal partir à la retraite dans un an, ne pas défendre son bilan», mais «les perspectives ne lui sont pas si favorables, l’atmosphère est lourde, l’opinion désabusée, et l’ambiance sociale est à couper au couteau».

Ali Bongo en couverture d’AM. © D.R.

Ali Bongo en couverture d’AM. © D.R.


 
Afrique Magazine évoque un président moderne, qui parle anglais parfaitement, qui a un regard tourné vers Singapour, Londres et Rio. Mais sur sa gouvernance et son style, ce journal du groupe Jeune Afrique, pourtant souvent prompt à tresser des lauriers à ce régime cinquantenaire, indique que le personnage d’Ali Bongo est «en décalage avec l’homme de la rue», et que sa popularité est «en berne». Sans doute parce qu’il y a ce côté «bon vivant global», «ami des stars», (…), «amateur de voitures de luxe, de beaux voyages» – tout ceci interpelle une opinion aujourd’hui «au bord de l’exaspération sociale». D’autant plus, insiste le titre, que «c’est la personnalité même du président toute en contradiction qui intrigue, qui déroute ; son « soi » profond reste un mystère». Mieux, «ses relations avec ses ministres ne sont pas toujours faciles»,…
Images de l’article. © A.M.

Images de l’article. © A.M.


Décrit comme «souvent autoritaire», Ali Bongo reçoit peu, ne gère pas un réseau d’amitié, et «s’appuie quasi-exclusivement sur son entourage proche»… «composé de la fameuse  »légion étrangère » et du groupe des hauts fonctionnaires ou ministres rattachés et surnommés, avec un certain humour, les  »Emergents’‘». «Le degré de frustration est tel que les commentateurs parlent d’une véritable «exaspération sociale»; et «la fonction publique, pourtant enfant chéri du régime, est en quasi-rébellion permanente». Afrique Magazine évoque aussi la contestation qui a gagné les rangs du parti au pouvoir, le PDG, avec l’apparition du mouvement «Héritage et Modernité» mené par le député Alexandre Barro Chambrier qui estime que le pays est mal piloté. «Pour la première fois, des élus et des notables ont contesté indirectement la politique du palais, les options du pouvoir».
Un paragraphe est consacré au directeur de cabinet d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi. En dépit de ce que les Gabonais dénoncent le train de vie de ce personnage, ses frasques, son hyperpuissance sur les finances de l’Etat, «pour Ali Bongo, Maixent n’est pas négociable». Pourtant, selon une personnalité bien introduite au Palais du bord de mer, «le dir-cab est devenu un problème politique ; quels que soient ses qualités ou ses défauts, il est rejeté par une grande partie de l’opinion et de l’élite ; son impopularité massive plombe le président lui-même».
Abordant la situation sociale du pays, Afrique Magazine souligne que «le pouvoir d’achat de la grande majorité ne progresse pas, le chômage des jeunes et moins jeunes reste massif en l’absence de créations d’emplois». «La croissance ne se traduit pas par la redistribution ou par une amélioration des conditions de vie». Le mensuel panafricain cite un professeur d’université qui affirme que «nous vivons officiellement avec les revenus par habitant d’une nation à revenus intermédiaires, mais dans la réalité, nous sommes un pays pauvre». Le magazine parle aussi de la corruption et de l’enrichissement sans cause de certaines élites du pays. «Comment expliquer à ces jeunes diplômés au chômage que certains ministres ou hauts fonctionnaires puissent se faire construire de véritables châteaux, que des fortunes en milliards apparaissent du jour au lendemain, alors qu’il n’y a pas un sou pour la promotion de l’emploi, pour l’éducation ou le système sanitaire» ?
En conclusion, «la situation aura été rarement aussi favorable pour l’opposition ; même en l’absence d’un véritable projet, le TSB, Tout sauf Bongo, pourrait servir de slogan unique». En somme, «pour le Président Ali Bongo, les risques sont réels, (…) l’effet «Blaise» ayant montré que les chefs les plus puissants n’étaient pas protégés de ces exigences encore confuses, mais bien réelles, de changements». «En 2016, il faudra expliquer à toute cette jeunesse la logique d’un système où une famille et ses proches tiennent les rênes du pouvoir depuis 1967».
La prochaine élection présidentielle est prévue dans douze mois. Dans l’opinion, ils sont nombreux à croire à une alternance démocratique.
 

 
GR
 

11 Commentaires

  1. FRANCOPHONE dit :

    Jeune Afrique Magazines attends sa cagnotte, ALI à préféré remettre le Dolé aux cabinets de Com’ , mal lui en a pris, le groupe »JA  » va aller crescendo pour sa démolition.

  2. murucocu dit :

    Quoi AM lâche le client Ali Bongo là c’est grave jusqu’à titrer que le temps est favorable à l’opposition,même faire la promotion de jean Ping c’est a croire que la communauté internationale à choisi son candidat qui vivra verra surtout que l’autre c’est accaparé le terrain avec un grand succès dans le grand Nord

  3. Norbert Epandja dit :

    OUI, en effet, « en 2016, il faudra expliquer à toute cette jeunesse la logique d’un système où une famille et ses proches tiennent les rênes du pouvoir depuis 1967», au point de chercher à s’y maintenir par la force des armes. Car nous savons qu’Ali BONGO ne pourra pas gagner la présidentielle de 2016 dans les urnes.

  4. imagine56 dit :

    J’ai du mal à croire ce que je viens de lire.
    AM qui d’habitude encense le pouvoir d’Ali se permet pour une fois de voir les choses autrement que comme la communication du président le lui recommande…C’est lourdement nouveau et plein de bon sens, prions pour qu’Ali qui n’a confiance qu’aux médias internationaux lise cet AM.
    Ali devrait sérieusement s’inquiéter en effet, quand ses collaborateurs, sa gouvernance et sa personne commencent à subir des critiques d’un journal acquis à sa cause, c’est qu’il y a un un véritable problème.
    Que vont encore dire ses griots de service? que AM a été approché par l’opposition en vue de déstabiliser son pouvoir? que H§M sont à la manœuvre?
    Ali a de sérieux problèmes, finalement au fil des mois et des évènements , ses amis de la première heure y compris AM réalisent que le Gabon a à sa tête un président iconoclaste.
    Je vais très vite acheter AM, chose que je n’avais pas faite depuis kalakala.

  5. lepositif dit :

    Des qu’on est critique envers le regime on devient tout de suite aux yeux de nos petits opposants haineux et Kongosseurs, quelqu’un a qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. AM et Jeune Afrique se livrent un combat fratricide sur leur « client Gabon », ca y est ils sont bons, le Pouvoir vacille.
    AM et JA avaient des clients communs, Gabon, Congo, Burkina et dans une moindre mesure le Cameroun. Les 2 journaux dont les directeurs sont le fils Marwane (JA) et le beau fils Zyad de Bechir Ben H. Les deux fils dont les relations sont brouees depuis que AM a pris son independence vis a vis du Groupe JA. Depuis 2009, AM n’as pas eu acces au nouveau pouvoir contrairement a son desormais rival JA. Et dans ce genre de cas, on utilise l’ultime techniques d’approche « commerciale », les papiers contre son ancient client pour s’attirer a nouveaux les bonnes graces de ce dernier.Applaudissez pendant ce laps de temps, petits opposants naifs.

  6. Hatshepsout dit :

    Il est claire que le temps est favorable pour un changement du système. L’histoire donne rendez-vous aux gabonais, la question est de savoir s’ils y répondront!

  7. Tatandi dit :

    Il faut d’abord sortir le Gabonais de l’emprise de l’hypnose vaudou pour réussir à faire quoi que ce soit

  8. SAVIMBI dit :

    AM ne nous apprend rien dans cette article que nous ne savons pas déjà, le fait est que nous gabonais aimons attirer la compassion des autres dans nos propres turpitudes: On aime que l’extérieur vienne prêcher nos réalités.
    Comme je n’ai de cesse de le dire, que ceux qui se réclament de l’opposition mettent le débat haut en abordant les sujets relatifs aux conditions de transparence pour l’élection présidentielle à venir.

  9. YOVE dit :

    Il ne faut accorder aucune valeur aux propos des publications du groupe Jeune Afrique. Ce ne sont pas des journalistes, mais des commerçants et maîtres-chanteurs, parrains mafieux de la pire espèce. Pour l’instant, tout porte à croire qu’ABO ne veut plus payer. Alors, on fait mine de le lâcher. Quand il paiera, vous verrez le revirement à 180 degrés auquel se livreront les Zyad Limam, Ben Yamed et autre François Soudan. Pouah!

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