Contrairement aux nombreuses initiatives appelant le président de la transition à se porter candidat lors de la présidentielle prévue en avril, la Coalition pour la nouvelle République (CNR) et la plateforme Telema exhorte Brice Clotaire Oligui Nguema à s’abstenir, dénonçant par ailleurs le nouveau calendrier électoral et la possibilité accordée aux magistrats et aux militaires de candidater lors d’élections politiques. 

Des membres de la CNR et de la plateforme Telema, le 30 janvier 2025 à Libreville. © D.R.

 

À trois mois de la présidentielle au Gabon, des voix dissonantes se font de plus en plus entendre après l’annonce du calendrier électoral par les autorités. Parmi les inquiétudes exprimées par certains, la conservation du pouvoir par les militaires. Ce qui ne serait pas une bonne chose, estiment d’anciens soutiens de Jean Ping, rassemblés au sein de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) et de la plateforme Telema qui, contrairement aux nombreuses initiatives appelant le général Brice Clotaire Oligui Nguema à se porter candidat lors de la présidentielle prévue en avril, l’invite plutôt à s’abstenir.

Dans une déclaration, jeudi 30 janvier à Libreville, les deux plateformes politiques ont invité les Sages de la République, les leaders religieux ainsi que les responsables d’institutions nationales et internationales «à faire entendre raison» au chef de file du CTRI dont les velléités ne sont que trop visibles. Elles exhortent notamment le chef de l’État actuel, principal instigateur du coup dit de la libération de fin août 2023, à aller jusqu’au bout du chronogramme de la transition rendu public en novembre 2023. Chronogramme qui prévoyait des élections à partir du mois d’août 2025. Pour eux, la date du 12 avril récemment fixée pour la prochaine présidentielle est une trahison de sa propre parole.

Le Code électoral le plus dangereux du monde

Si la CNR et la plateforme Telema rejettent cette date, c’est que, selon elles, celle-ci cache également la crainte face à apparente impopularité grandissante des militaires au pouvoir. «L’anticipation du calendrier électoral vise clairement à éviter le jugement des Gabonais qui contrarierait les ambitions illégales du président de la transition […] Cette précipitation vise également à empêcher l’émergence d’une candidature qui serait une alternative au chemin sans issue que voudraient proposer les acteurs et les responsables des institutions de la transition. Il va sans dire qu’il y a comme un vent de panique qui ne s’explique pas quand on dispose de tous les leviers de l’État et que l’on jouit de l’estime des populations», croient-elles savoir.

Au-delà de la très probable candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema à la prochaine présidentielle, la CNR et la plateforme Telema se disent gênées par la possibilité accordée aux magistrats et aux militaires de candidater lors des prochaines élections politiques. Cette mesure, consacrée dans ce qu’elles présentent comme le «Code électoral le plus dangereux, le plus féroce et le plus incongru du monde», conduira inévitablement à la politisation de ces deux corps censés être des défenseurs de l’État de droit et les remparts de la démocratie, selon la Constitution. «Qu’adviendrait-il en cas de contentieux post-électoral entre un candidat civil et un candidat magistrat, ou entre un candidat militaire et un candidat magistrat ? Et qu’adviendrait-il si un autre militaire pose sa candidature à l’élection présidentielle ?» s’interrogent les deux plateformes.

 
GR
 

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