Gabon : Oligui Nguema accusé de «blanchir» les cadres du PDG

Déjà peu convaincu par les nombreuses promesses faites par le président de la Transition depuis son arrivée au pouvoir, Anges Kevin Nzigou voit d’un mauvais œil les postes accordés ces derniers mois aux tenants du régime déposé en août 2023. Avocat et leader politique, il accuse Brice Clotaire Oligui Nguema de blanchir les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG) qu’il tient responsables de l’état de déliquescence du pays.

L’avocat Anges Kevin Nzigou, secrétaire exécutif du Parti pour le changement (PLC), le 27 février 2024 à Libreville. © AFP

S’il estime que grâce au coup d’État du 30 août 2023, l’armée gabonaise, avec à sa tête le patron de la Garde républicaine, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a «débarrassé» le pays d’Ali Bongo et des membres de sa famille qui pour lui symbolisaient les «tares» de l’ancien pouvoir, Anges Kevin Nzigou assure dans une récente interview à l’AFP qu’on est encore loin de la libération attendue par les Gabonais. Six mois après le putsch, le «système pédégiste qui a maintenu ce régime à flot» serait encore bien en place, soutient l’avocat et homme politique qui voit d’un mauvais œil les postes accordés par le général-président aux cadres de l’ancien parti au pouvoir.

«Avant, on blanchissait de l’argent public, aujourd’hui, on blanchit les cadres du PDG», conclut le secrétaire exécutif du parti Pour le changement (PLC) qui doute que les appelés à l’administration publique de la Transition répondent véritablement aux attentes des populations. Pour lui, ayant servi plusieurs années durant «un système corrompu» et s’étant révélés «incapables de se montrer à la hauteur de la République», ni les «les pédégistes courtisans d’Ali [Bongo] qui s’accrochent» ni «les courtisans d’Omar Bongo, ex-pédégistes, qui avaient rallié l’opposition sous Ali» ne sont capables de répondre aux aspirations des Gabonais.

Populisme et autoritarisme 

En plus de ses nominations sujettes à caution, Anges Kevin Nzigou n’apprécie que très peu les nombreuses annonces faites par Brice Clotaire Oligui Nguema depuis son arrivée au pouvoir. «Toutes les promesses faites rapidement et parfois avec légèreté : l’amélioration de l’école, des routes, des hôpitaux, etc., il faut pouvoir les réaliser. Et là, ce n’est pas possible à court terme vu les sommes astronomiques détournées sous Bongo et qui ont plombé pour longtemps les finances publiques», indique-t-il, estimant qu’«on n’est pas dans la prise de décision sérieuse». Pour lui, le nouvel homme fort du Gabon «fait dans le populisme».

Or, selon Anges Kevin Nzigou, «l’autoritarisme, c’est aussi le pendant du populisme si l’on n’arrive pas à réaliser ses promesses». Et en matière d’autoritarisme, le pouvoir actuel en aurait déjà montré les signes : les menaces d’emprisonnement à tout-va proférées par le patron du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le maintien inexpliqué du couvre-feu, mais surtout l’épisode lié à l’humiliation subie par les leaders syndicaux de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG).