Gabon : L’ultimatum des pharmaciens – 12 jours pour être payés, ou plus de médicaments
La bombe à retardement qui menaçait d’exploser depuis de nombreux mois dans le secteur pharmaceutique gabonais est amorcée. Plus que douze jours avant que les pharmaciens du pays ne suspendent totalement leurs prestations aux assurés de la CNAMGS. Acculée par des dettes abyssales, la profession brandit la menace d’un arrêt total qui plongerait le pays dans une crise sanitaire sans précédent. Des millions de Gabonais pourraient se retrouver privés d’accès aux médicaments dès le 12 novembre.
Un dangereux compte à rebours a commencé au Gabon. Dans moins de deux semaines, le système de santé du pays pourrait connaître un effondrement sans précédent. Le 25 octobre, à travers un courrier aussi désespéré qu’historique, les pharmaciens du pays ont adressé un préavis de suspension totale de leurs prestations à la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAMGS), effective dès le 12 novembre.
«C’est avec regret que nous vous déposons ce préavis», écrit le Dr Sandrine Itou-Y-Maganga, présidente du Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga), dans une correspondance sonnant comme un dernier avertissement. Derrière la courtoisie administrative de la lettre transparaît une réalité alarmante : le système de santé gabonais est au bord de l’asphyxie.
Des dettes qui donnent le vertige
Comment en est-on arrivé là ? Les chiffres donnent le vertige : plus de 3 milliards de francs CFA d’impayés pour certaines officines. Des dettes astronomiques qui menacent désormais l’existence même du réseau pharmaceutique national. «La viabilité des structures prestataires» n’est plus assurée, alerte le Sypharga.
La patience des pharmaciens, ces gardiens silencieux de la santé publique ayant «toujours travaillé à préserver le droit fondamental des populations à pouvoir se soigner», a atteint ses limites. «Les prestataires et l’organisme dont vous avez la charge ne doivent pas être lésés dans le contrat qui nous lie. L’incapacité de la CNAMGS à respecter toutes les modalités de règlement, convenues avec les prestataires, montre à suffisance qu’il est plus qu’urgent de revoir définitivement et durablement le fonctionnement de cette institution. A ce jour, les patients n’ont pas de garantie d’accès aux soins de qualité de façon optimale. Les entreprises du secteur santé sont en cessation de paiement et la Caisse dans l’impossibilité de remplir ses obligations», assène le syndicat à l’adresse de la patronne de la CNAMGS.
Scénario catastrophe en perspective
L’ultimatum du Sypharga est clair : soit la CNAMGS règle au moins 60% des arriérés «dans les meilleurs délais» et s’engage pour la suite à «un règlement mensuel régulier tous les 30 jours maximum après le dépôt de la facture», soit c’est la rupture.
Que se passera-t-il le 12 novembre si rien n’est fait ? Le scénario est catastrophique : des milliers de Gabonais, privés d’accès aux médicaments, des malades chroniques sans traitement, des officines en faillite, un pays entier pris en otage par une crise institutionnelle ou procédurière qui n’a que trop duré.
L’heure n’est donc plus aux tergiversations. Alors que le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, promet une couverture maladie universelle, c’est tout l’édifice de la santé publique qui menace de s’écrouler. La santé des Gabonais est en sursis. Le gouvernement saura-t-il éviter l’implosion ?
1 Commentaire
Où vont les sommes prélevées aux agents publics et privés ?
Abo changer de dirigeants, c’est toujours la même chose. C’est quoi réellement le problème ?