La capitale gabonaise abrite depuis le 3 mai, les travaux de la première Rencontre des femmes africaines juges. Organisé sous le thème «la présence des femmes africaines dans la magistrature : bilan et perspectives», ce rendez-vous de la Conférence des juridictions constitutionnelles africaines (CJCA), coorganisé avec la Cour constitutionnelle du Gabon, du 3 au 5 mai, entend créer un cadre de réflexion sur les obstacles auxquels les femmes juges africaines sont confrontées dans leur carrière, et des disparités importantes observées avec leurs collègues de sexe masculin.

Le président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba (au centre), Marie Madeleine Mborantsuo et Dieudonné Kamuleta, le 3 mai 2023 à Libreville. © Cour constitutionnelle

 

Le hasard de calendrier a voulu que la date de l’Audience solennelle de rentrée de la Cour constitutionnelle coïncide avec les travaux de la première Rencontre des femmes africaines juges. Initiative de la Conférence des juridictions constitutionnelles africaines (CJCA), coorganisée avec la Cour constitutionnelle du Gabon, avec le soutien de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), sponsorisée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), cette dernière a été ouverte le 3 mai, à Libreville, par le président Ali Bongo Ondimba.

Les femmes juges en chef et les femmes présidents et vice-présidents des Cours suprêmes et Cours constitutionnelles africaines, ainsi que les organisations agissant dans le domaine de la défense des droits des femmes, sont à l’honneur de cette Rencontre dont l’objectif est d’examiner les difficultés d’accès des femmes à la profession de magistrat, les obstacles rencontrés pour y faire carrière et l’effectivité de l’application des droits de la femme.

Dans son discours, le président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba, a, entre autres, remercié le Bureau exécutif de la CJCA d’avoir honoré son pays pour la tenue, à Libreville, de la première Rencontre des femmes juges.

Pour Marie Madeleine Mborantsuo, «nonobstant les indéniables évolutions perceptibles à travers la consécration, aussi bien sur le plan international que national, des droits reconnus aux femmes, bien des interrogations subsistent quant à leur effectivité, leur appropriation, leur application et leur perception». «La femme africaine juge est-elle plus portée à la protection des droits de la femme que son collègue homme ?»,  «Est-elle plus sensible que son collègue homme aux violations des droits de la femme ?», «Trouve-t-elle que la protection des droits des femmes est à géométrie variable, selon qu’elle est assurée par un homme ou par une femme ?»  Ce sont là quelques interrogations auxquelles les participants à cette Rencontre devront apporter des réponses.

© Cour constitutionnelle

«L’enjeu est d’importance», a fait savoir la présidente de la Cour constitutionnelle, ajoutant que «nous devons garder à l’esprit que le principe d’égalité irrigue l’ensemble de nos droits ; qu’il conditionne l’application des autres droits fondamentaux. Il est un marqueur des démocraties».

En lieu et place du président de la CJCA empêché, le vice-président Dieudonné Kamuleta, également président du Conseil supérieur de la magistrature de la République démocratique du Congo (RDC), a interpellé les participants à réfléchir assidûment sur le mécanisme de valorisation des droits de la femme dans le secteur de la justice. Il a évoqué une citation du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui avait rappelé, le 8 mars 2019, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, que «toute politique visant à valoriser notre capital humain devrait intégrer la promotion des femmes. L’implication des femmes dans l’ensemble des activités de la vie mérite une politique d’encadrement plus volontariste, d’encouragement et avec une meilleure visibilité».

En clair, le défi de la promotion des droits de la femme, tel qu’énoncé dans sa généralité, concerne en premier lieu, dans le cadre de la vision de la CJCA, les systèmes judiciaires qui doivent être inclusifs, transformateurs et moteurs de développement.

Les travaux s’achèvent le 5 mai et seront sanctionnés par la «la Déclaration de Libreville». Elle devrait arrêter une stratégie visant à surmonter la discrimination fondée sur le sexe, et identifier les actions à développer pour promouvoir le rôle des femmes dans les systèmes judiciaires africains.

 
GR
 

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