«Des diplomates gabonais à la rue au Brésil». En plus d’être le titre de plusieurs journaux, c’est un propos abondamment relayé sur les réseaux sociaux ces dernières 24 heures. En effet, selon un courrier daté du 28 février dernier, les diplomates gabonais au Brésil ont été expulsés de leurs logements pour impayés de loyer. Même si l’ambassadeur a regagné son domicile depuis lundi, le même processus étant en cours pour les autres membres de la mission diplomatique, qu’en est-il dans les faits ?

L’ambassade du Brésil au Gabon semble, elle, ne pas être confrontée à un problème de loyer à Libreville. © D.R.

 

La toile gabonaise en a fait un sujet de premier ordre ces dernières heures, tandis que des journaux du pays en ont fait leurs choux gras : l’expulsion des diplomates gabonais de leur logement au Brésil. Selon une note adressée, le 28 février, au ministre des Affaires, étrangères, l’ambassadeur du Gabon au Brésil, Jacques Michel Moudoute-Bell, indique qu’à l’issue de l’expiration d’un préavis, le 24 février 2020, les diplomates gabonais au Brésil ont été effectivement expulsés de leurs résidences respectives.

Selon le même courrier, le diplomate assure avoir transmis, le 19 février 2020, tous les éléments sollicités par le chef de tutelle en vue de la résolution de cette crise. On s’étonne donc de la tournure prise par cette affaire qui n’honore pas la diplomatie gabonaise.

Au ministère des Affaires étrangères, dont Gabonreview s’est rapproché pour en savoir un peu plus, de hauts cadres ayant requis l’anonymat rappellent que «le ministre des Affaires étrangères ne gère pas les ressources des ambassades qui sont autonomes et la gestion procédant des mises à disposition par le Trésor».

«Sitôt informé de la situation, il y a deux semaines, le ministre d’État a saisi le Trésorier payeur qui a demandé que lui soient fournis les contrats de bail. Ce qui nécessite plusieurs jours encore, le temps que ces documents soient envoyés du Brésil avant traitement par les services du Trésor», explique un haut cadre des Affaires étrangères. Celui-ci souligne qu’il a ensuite été demandé à l’ambassadeur de fournir les RIB (Relevés d’identité bancaire) des bailleurs ou de l’agence immobilière. «À ce jour, cela n’a pas encore été fait. D’où le non-paiement», a ajouté ce cadre.

Un autre source de la même administration souligne que «le mode de gestion budgétaire fait que le ministère des Affaires étrangères ne gère que les problèmes». «Il est injustement mis en cause dans la mesure où il ne gère aucune ligne relative aux loyers des ambassadeurs, parce qu’il y a une gestion directe entre les chefs de missions diplomatiques et le Trésor», a-t-il dit, précisant que «le mode de gestion actuel fait du ministre le parfait bouc émissaire».

Ceci ramène au souvenir de ce que le ministre des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze, à plusieurs reprises, a déclaré que «le Gabon doit désormais faire la diplomatie de ses moyens, et non plus une représentation tous azimuts qui ne correspond ni aux intérêts géostratégiques et diplomatiques ni aux intérêts économiques de notre pays». Ce d’autant plus que les grandes Nations comme la France, l’Italie, la Grande-Bretagne et même les organisations comme l’Union européenne (UE), couvrent plusieurs pays de la sous-région à partir du Gabon ou d’un autre pays.

«Pourquoi ne ferions-nous pas de même ?», interroge le fonctionnaire des Affaires étrangères cité plus haut. Pour soutenir son propos, celui-ci se demande si «compte tenu de nos réalités actuelles, il est judicieux d’être présent en même temps au Canada et à Washington, au Brésil et à Cuba…».

Prenant des exemples de l’Inde, de la Grande-Bretagne, de l’Australie, de l’Indonésie qui couvrent le Gabon depuis un autre pays, alors que ces pays ont des intérêts au Gabon, le cadre des Affaires étrangères estime que «le temps est venu, et ce cas en donne le bel exemple, de redéfinir notre carte diplomatique».

Au moment du bouclage de cet article, une source digne de foi du même ministère indique que l’ambassadeur a regagné sa résidence depuis le lundi 9 mars tandis que les autres membres de la délégation diplomatique réintègrent leurs domiciles. Affaire à suivre.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Obe dit :

    Quel est le rapport entre fermer une ambassade qu’on juge superflue dans un pays car il y en aurait une autre dans un pays voisin, et attendre que le bailleur de différents logements de diplomates soit obligé de faire de multiples relances et ce pendant plusieurs mois et n’aie au final d’autres choix que d’aller jusqu’au tribunal pour demander un avis dexpulsion? De plus si l’intention est de payer un loyer on attend pas un avis d’expulsion pour demander comment payer et le contrat de location en rapport. Pas tout compris, ou bien les infos ne sont pas l’ordre.

    • Paul Bismuth dit :

      Le rapport est que ça limite les loyers à payer, donc le risque de se voir expulsé pour des impayés. Mais ce que je constate surtout est que les autorités de notre pays n’ont aucune espèce de considération à l’égard des contrats qu’elles passent. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles des chantiers sont à l’arrêt et que des entreprises ferment dans le pays. Le gouvernement doit de l’argent a trop de monde, ici ou ailleurs. Heureusement qu’il y en a pour leur rappeler que leur omnipotence ne traverse pas l’atlantique.

  2. Ho chi minh dit :

    L’histoire retiendra que certains n’ont pas vu venir la chute parce qu’elle réside dans les détails, qui ne sont pas perceptible par ceux qui prétendent détenir le pouvoir.

  3. diogene dit :

    La toile gabonaise en a fait un sujet de premier ordre …
    Comme si cela était de premier ordre !
    Si la toile traitait de sujet intelligent, on verrait peut être les assassins de Rendjambé et de tant d’autres sous les verrous avec leurs commanditaires, les pilleurs de la BGL dans les geôles bien à leur place, les 18% de la production pétrolière de ELF devenu Total restitués à l’état qui bien sur aurait été nettoyé de ses parasites, ses courtisan(e)s, ses parrains maffieux, ses baronnets anachroniques etc…

    Mais la toile est un tissu merdeux!

  4. moundounga dit :

    Bjr. Par mesure de prudence la Ministère des Affaires estrangères ne gère rien. Este ce intuitu personae ou autre choses. parce que c’est comme un désaveu qui ne s’explique pas. Autant on réclame les RIB des SDF au Brésil (donc on leur fait confiance, autant le patron lui même ne gère rien. Apres on se pose des questions sur la condescendance de certains collaborateurs par rapport à la haute hiérarchie. Par ailleurs comparaison n’est pas raison. Lorsque l’on prend l’exemple sur l’UE il va falloir savoir quels sont les objectifs que réellement cette grosse organisation recherche et qui la limite à se baser au Gabon pour les atteindre(objectifs). En plus l’UE c’est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut cela évite l’amalgame des ressources humaines pléthoriques et donc inefficaces et budgétivores. In fine, elle peut donc se permettre cette manière de travailler? Est ce la cas pour gabao?

  5. Ange BOUSSAMBA dit :

    Il faut sauver le soldat ACBBN, gabonreview s’est spécialisé dans ce domaine. Ça, les gars, c’est de la communication d’influence. Vous aidez ACBBN à enlever son corps. Qui est le haut cadre des affaires étrangères auprès duquel vous vous êtes rapprochés ? Quel beau et fumant stratagème ?

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