Régis Immogault a esquissé, le 17 avril, quelques pistes de solutions devant aider l’Etat à maîtriser le chocs économique engendré par le Covid-19. Relevant que la crise va occasionner des pertes budgétaires de l’ordre de 600 milliards de francs CFA, détruire les emplois et fragiliser les ménages, l’ancien ministre suggère de consacrer le budget de l’Etat aux besoins essentiels, accélérer la diversification de l’économie pour limiter le poids du pétrole, non sans donner les leçons à tirer après la crise.

L’ancien ministre de l’Economie, Régis Immongault. © D.R.

 

Ancien ministre de l’Economie et des Finances, Régis Immongault a esquissé le 17 avril, dans une interview parue à La Libreville, quelques pistes de solutions devant permettre au gouvernement de faire face au choc économique engendré par le Covid-19. Dressant un aperçu général de la crise, l’ancien membre du gouvernement relève que les effets du Covid-19 sur l’économie gabonaise sont incontestables.

Ceux-ci se traduiront selon lui, par «un choc brutal sur l’offre et sur la demande, caractérisé par la baisse des exportations des ressources naturelles du fait de la détérioration des termes de l’échange des matières premières, notamment le pétrole et la baisse de la production manufacturière», a expliqué Régis Immogault. Prédisant la dégradation des principaux agrégats de l’économie en 2020, l’ancien ministre relève que le «Covid-19 va entrainer la destruction des emplois, fragiliser la situation de bon nombre de concitoyens sur le plan social du fait de la fermeture de certaines activités».

Pour faire face à ce choc, Régis Immongault suggère au gouvernement de «revoir le budget de l’Etat en le limitant exclusivement aux besoins essentiels. Les dépenses relatives aux missions, à l’organisation des séminaires, les événements sportifs… doivent être annulées au profit des dépenses sociales et de soutien à l’économie». Admettant que cet ajustement des dépenses sera certainement insuffisant, il suggère de «recourir en plus de cela, à l’appui financier des Multilatéraux sous forme d’aide d’urgence. C’est dans cette perspective que le FMI a autorisé le décaissement d’environ 88 milliards de francs FCFA au profit du Gabon» a-t-il rappelé, appelant d’autres partenaires à suivre le pas du FMI. Il a également appelé la Banque centrale à pratiquer dans ce contexte difficile, une politique accommodante, en jouant un rôle plus important en matière de financement des Etats et de l’économie. «Le retour momentané des avances statutaires doit être étudié, ainsi que la révision de la réglementation prudentielle pour permettre aux banques de financer l’économie. Cela se traduira par une baisse des réserves, mais c’est pour faire face à des circonstances pareilles qu’on accumule des réserves».

Soulignant que la lutte contre le Covid-19 est l’affaire de tous, l’ancien membre du gouvernement a suggéré aux banques de jouer un rôle plus important en continuant à fournir du crédit à l’économie et permettre ainsi de maintenir en vie notre tissu économique. «Il est important à cet effet que la Cobac revoie certains ratios prudentiels de façon à tirer profit des mesures de la Banque Centrale. Il est urgent que le dispositif puisse prévoir une aide forfaitaire gratuite aux très petites entreprises, comme cela a par exemple été fait dans certains pays».

 Affirmant s’appuyer sur les estimations du gouvernement, le député de Mulundu révèle que les pertes de recettes «pourraient atteindre 600 milliards de FCFA. Dans le même temps, la mise en œuvre du soutien est évaluée pour le moment à environ 250 milliards de FCFA, même si une bonne partie de cette manne est attendue des banques sous forme de prêts aux entreprises, on peut donc estimer qu’en cas de dégradation avancée les besoins de financement pourraient atteindre 700 milliards de FCFA». Régis Immogault, n’a pas occulté la relation du Gabon avec les institutions financières internationales. Pour lui, il faut «revoir la voilure de la dépense, solliciter l’appui de la Beac et des partenaires au développement et manifester un véritable soutien national, chacun selon ses moyens devrait contribuer au financement du fonds de solidarité».

Sur la dette du pays, il s’est dit favorable à son annulation ou à son report. «À condition, qu’elle participe à la relance de l’économie et à la lutte contre la propagation du Covid-19. Tout autre usage des ressources y relatives serait à proscrire», a-t-insisté. Au sortir de cette crise, le Gabon devrait, comme tous les autres pays, tirer des leçons de cette crise sanitaire. L’une des leçons consisterait, selon lui, à «accélérer la diversification de l’économie afin de réduire davantage le poids du pétrole. Notre économie doit également être moins dépendante de l’extérieur sur le plan alimentaire, car avec la fermeture des usines dans le monde et les frontières, nous ne sommes pas à l’abri de la crise alimentaire», a averti Régis Immogault.

Sur le plan social, des «gros efforts sont attendus en matière de construction de logements sociaux. Si de nombreux gabonais bénéficiaient des logements sociaux, les mesures de gratuité des loyers, d’eau et d’électricité seraient faciles à mettre en œuvre par exemple. Tout comme, il serait plus facile de distribuer les produits alimentaires» a conclu, un brin de malice, l’ancien ministre d’Ali Bongo.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Lavue dit :

    Mais où sont les experts de l’opposition gabonaise? Comment pourrait-on avaler comme du pain béni ce qui vient des PDGistes, responsables en très grande partie de la situation de retard du pays dans de nombreux domaines et ce sur des des décennies. Regardez vous même l’hinterland d’un pays pétrolier depuis plus de 60 ans? Cet ex-ministre parle de diversifier l’économie. C’est une vieille chanson. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement? Les secteurs qui pouvaient créer l’auto-emploi comme l’agriculture n’ont jamais démarré à cause de l’absence de voies de communication. Ignorants qu’ils sont, ils ont cru que les Gabonais n’aimaient pas la terre et qu’il fallait les y inciter. On a créé GRAINE. Ces structures embauchent combien de Gabonais aujourd’hui? Comment peut-on penser si bêtement. Le Gabonais est né avec la terre, il connait le travail de la terre depuis avant l’arrivée du PDG. Le problème c’est que l’arrière pays reste enclavé a été abandonné et les jeunes ont déserté les villages. Il faut construire des routes durables et verrez ce que les Gabonais peuvent produire, sans besoin d’être forcément accompagnés par l’Etat. La pêche artisanale est dans les mains des expatriés. Les élevages de petites et moyennes tailles n’existent pas. On préfère avec les ouvertures des SAN GEL, PRIX IMPORT et autres structures semblables encourager les Gabonais à consommer les poulets et viandes pleins de chimie, massivement importées et nocifs à la santé à la longue. Quelles sont les facilités qui ont été accordées aux nationaux pour développer ces activités? Alors de quelle diversification de l’économie parle ces ministres formés aux pratiques et à la langue de bois omarienne et qui se prennent pour des experts.
    La situation du Gabon, pays très faiblement peuplé avec des ressources naturelles abondantes devrait être enviable, hélas!!
    Attention à la nouvelle génération. On ne peut pas l’endormir dans des analyses creuses pour cacher l’incapacité des tenants du pouvoir a transformer le pays et sa société. Le CORONAVIRUS ne saurait cacher les énormes manquements des pouvoirs publics actuels.

  2. Eternité dit :

    Monsieur IMMONGAULT, vous vous etes vu un destin de présidentiable ou la lumiere à germé dans votre esprit à cause du covid-19 ???

    Vous avez été ministre de l’économie et jamais vous n’avez œuvré pour une diversification de notre économie et d’une répartition equitable des richesses…

    Votre discours est une pure démagogie et une insulte au peuple gabonais….vous aussi liberez la ligne et ne jouez pas les économistes de renom!!!

  3. Eniga dit :

    L’ETAT doit changer de paradigme, le monde vient de changer

    1) Oui, revenir sur les missions régaliennes, plus la Santé et l’Education.
    2) Encourager fortement l’entrepreneuriat dans ce pays qui doit pouvoir pourvoir à la main d’oeuvre Gabonaise.
    3) Supprimer hors pétrole, mines et bois toutes taxes et impots et douanes dans ce pays, pour faire une relance massive de l’économie.
    4) Et faire des économies et lutté contre la corruption, en interdisant aux fonctionnaires, toutes rémunérations complémentaires hors soldes, supprimer les voitures de fonction à tout les niveaux, interdire à l’Etat la location dans des lieux privés (en un mot interdire, les baux administratives), publier les rémunérations pour les sociétés para-publiques et autres etc…

  4. Bitome dit :

    Regis Immongault était ministre de l’Economie; un nullard!

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