«Le Gabon consolide son statut de pays le plus riche d’Afrique devant le Botswana». L’affirmation du président du Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone dans l’article paru chez nos confrères du Financialafrik, le 12 octobre, et relayé par plusieurs médias locaux, n’a pas manqué de susciter l’exaspération du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) qui assimile cette sortie à de la moquerie. 

Les brillants chiffres et pourcentages que met en évidence le bilan des résultats de l’économie gabonaise à travers l’article d’Ilyes Zouari ne coïncideraient nullement avec l’impression visuelle du spectateur impartial. © istockphoto

 

«Gabon pays le plus riche d’Afrique !», une hérésie servie à la population gabonaise, par le président du centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone, selon la Rassemblement pour la patrie et la modernité qui voit en cette allégation d’Ilyes Zouari, une tentative de lustrer les treize années de magistère d’Ali Bongo Ondimba. «Gabon pays le plus riche d’Afrique : une affirmation fallacieuse, frôlant le ridicule. Le peuple gabonais qui vit depuis des décennies dans une précarité sans précédent ou bien le président Ali Bongo qui depuis 13 ans est incapable de poser les bases solides d’un véritable développement économique et social, source de création de richesse et d’emplois ? Disons d’emblée qu’il s’agit tout simplement du bilan des treize ans du président Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon qu’il a tenté de nous peindre», souligne le secrétariat exécutif du RPM dans une réaction obtenue par Gabonreview.

En effet, dans son article intitulé, «Le Gabon consolide son statut de pays le plus riche d’Afrique devant le Botswana» paru le 12 octobre 2022 dans la revue Financialafrik, Ilyes Zouari indique que le pays, n’a enregistré aucune croissance négative sur la période allant de 2015 à 2020. Son solde commercial sur la même période est également excédentaire ; le délai moyen de création d’une entreprise est passé de 30 jours à 3 jours ; le délai d’obtention d’un permis de construire passe de 90 à 15 jours ; la réduction du délai de raccordement au réseau électrique de 75 jours à 30 jours ; le taux de mortalité infantile s’établit à 31 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2020 ; le taux d’accès à l’électricité est de 91,6 % de la population gabonaise fin 2020 ; 4e rang en Afrique subsaharienne en matière de développement humain, et 8e rang au niveau continental ; la stabilité du couvert forestier se stabilise autour de 91,3 % du territoire national et n’a baissé que de 0,5 % au cours de la dernière décennie ; enfin, le développement économique et l’enrichissement du pays profitent à la quasi-totalité de la population, comme en témoigne la faiblesse du taux d’extrême pauvreté qui s’établit à 2,5 % de la population active.

«Mieux, si l’heure est au bilan, force est notre étonnement que M. Ilyes Zouari a évité des déterminants fondamentaux du développement économique et social d’un pays, notamment les infrastructures, le capital humain, le taux de chômage, la productivité industrielle, la dette, la bonne gouvernance, etc. Aucun bilan n’est effectué sur les infrastructures, sur le capital humain, sur la qualité des institutions, sur l’éducation, la santé et la recherche-développement. Or, si ces différents déterminants avaient été réellement pris en compte, on comprendrait aisément pourquoi nous qualifions de fallacieuse, la comparaison entre le Gabon et le Botswana», estime le RPM.

Pour le RPM, cette affirmation est malheureusement erronée pour au moins trois raisons. En premier lieu, le PIB n’est plus aujourd’hui un indicateur fiable de mesure de la richesse d’un pays. En fait, le PIB comme mesure de richesse ne tient pas compte des inégalités, la dégradation de l’environnement, les besoins de base à l’instar de l’éducation, la santé, l’habitat, l’eau, l’électricité, la sécurité, etc. En second lieu, même si on se limite au PIB par habitant, les réformes, engagées par Ali Bongo depuis 13 ans, évoquées par Monsieur Ilyes Zouari dans l’article ont plutôt conduit la population gabonaise vers le chemin de la pauvreté, des inégalités et d’une crise de confiance vis-à-vis des institutions. Enfin, si M. Ilyes Zouari mobilise le niveau élevé du PIB par habitant pour qualifier le Gabon comme le pays le plus riche de l’Afrique, la logique voudrait qu’avec un tel niveau de PIB par habitant, la pauvreté ne devrait plus être une priorité majeure, puisque son taux serait faible.

«Or, l’observation de l’économie gabonaise montre que la proportion de la population gabonaise vivant avec moins de 3,20 USD par jour est de 15 %. Environ un Gabonais sur 10 vit dans l’extrême pauvreté et n’arrive pas à manger convenablement ; 59,5 % des Gabonais sont pauvres dans les zones rurales. La pauvreté multidimensionnelle est autour de 14,8 %, avec 44,3 % de la population souffrant de l’intensité des privations (31 % ont des problèmes de santé, 22,2 % ont des problèmes d’éducation et 46,8 % ont un problème lié au niveau de vie). La faim et la malnutrition rythment le quotidien des populations : 17,2 % de Gabonais sont sous-alimentés, 48 % de la population gabonaise est inquiet de ne pas avoir assez de nourriture, 40 % de la population gabonaise ne mange pas des aliments sains et nutritifs, 39 % de la population gabonaise mange des aliments peu diversifiés, 50 % de la population gabonaise saute un repas par jour, 51 % de la population gabonaise mange moins que nécessaire», tente de démontrer le RPM, affirmant que la diversification de l’économie gabonaise, encore moins les réformes, toutes natures confondues, entreprises depuis 13 ans n’ont eu aucun impact significatif sur la population gabonaise.

«L’économie gabonaise est durement ébranlée. Elle est en récession. Comment peut-on diversifier une économie sans infrastructures de base, sans développer le capital humain, sans développer un modèle de santé pour tous ?», interroge le RPM, invitant à repenser le nouveau modèle de développement du Gabon.

 

 
GR
 

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