Alors que se sont achevés dimanche les Jeux paralympiques de Paris auxquels ont pris part deux compatriotes, au Gabon, le sujet du handicap reste tabou et les personnes portant un handicap toujours autant sujettes à des considérations et à des préjugés peu valorisants, selon l’observation des spécialistes du domaine qui déplorent en outre un faible respect des droits de ces personnes dans le pays.

Des personnes handicapées moteur, lors d’un rassemblement à Libreville (archives). © D.R.

 

En 2013, selon le Recensement général de la population (RGP), les personnes en situation de handicap étaient 37 789 dans tout le pays, dont 48,2% souffrant d’incapacité motrice avec une forte proportion de paraplégiques, et 23,8% de malvoyants et aveugles. L’opération de recensement actuelle devrait permettre de montrer une augmentation de cette population, aussi bien à Libreville qu’à l’intérieur du Gabon. Mais les concernés espèrent surtout que ce soit leurs souffrances qui sera portée à la connaissance des nouvelles autorités. Car, assurent-ils, les personnes vivant avec un handicap ne sont pas encore parvenues à trouver leur place dans la société gabonaise.

«Est-ce que le fait d’être handicapé diminue l’envie de vivre dignement ?» s’interroge chez nos confrères du quotidien L’Union Jean-Stanislas Ellang, président de l’Organisation des personnes handicapées (OPH), qui déplore la faible considération, y compris celle des autorités vis-à-vis des personnes handicapées. Sa structure associative n’a d’ailleurs jamais cessé d’interpeller sur la nécessité de véritablement intégrées les porteurs en handicap dans les politiques de lutte contre la précarité. Les dons sporadiques ne suffisent pas. Arrivés au pouvoir pour restaurer la dignité des Gabonais, les militaires sont donc appelés à faire mieux et plus que le régime précédent.

Georges Anicet Mbina, conseiller en accessibilité. © D.R.

Encore et toujours des préjugés 

La vie au quotidien chez les personnes vivant avec un handicap est loin des plus paisibles, y compris dans le cercle familial, alerte Georges Anicet Mbina, conseiller en accessibilité, mettant en lumière deux faits qui, selon lui, plombent la vie de la personne handicapée au Gabon : l’inobservance de ses droits et la distance envers sa personne.

«Nous observons que la relation que nous entretenons avec les personnes handicapées s’accompagne de regards mêlés de curiosité, de gêne ou de méfiance, d’évitement, de peur envers ce corps « mutilé », ce malade à guérir. Cette attitude s’explique par l’origine que nous attribuons au handicap : sorcellerie, pratiques et intervention d’esprits ou punition divine, mauvais sort, violation ou transgression d’un tabou, non-respect des anciens, etc. À partir de là, nous associons le handicap à la fragilité, à l’incapacité, au manque de compétence, à la dépendance, quelqu’un qui a besoin d’aide et d’assistance. En un mot, un usager à prendre en charge. Ainsi, cet humain qui n’est pas comme nous n’est pas capable de faire la même chose que nous», regrette le spécialiste. 

 
GR
 

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