Gabon : IAI, 26 mois sans salaire, grève illimitée du personnel
L’Institut africain d’informatique (IAI) retrouvera-t-il ses lettres de noblesse au Gabon? La question mérite d’être posée dans la mesure où depuis plusieurs années cet établissement à vocation panafricaine peine à se relancer. Depuis le 9 janvier, alors qu’ils avaient repris le travail espérant une régularisation de leur situation, les agents sont rentrés en grève début-janvier et réclament 26 mois de salaire.
L’Institut africain d’informatique (IAI), à Libreville, est confronté à d’importantes difficultés structurelles et financières depuis quelques années. «26 mois de salaire dus, régularisation de la situation des retraités et urgence d’un Conseil d’administration». Tels sont les principaux points ayant amené les agents de cette grande école multinationale, à entamer, début-janvier dernier, un mouvement d’humeur. Face à la précarité de leur situation et surtout face aux promesses sans fin et non tenues, ce personnel (administratif et enseignant) a, de nouveau, décidé de crier son désarroi à travers une grève illimitée.
50 ans après sa création, l’IAI peine dorénavant à produire des fruits escomptés. Or, cette école, mise en place dans les années 70 par une douzaine d’États africains francophones, au moment où la technique informatique commençait à peine à poindre sur le continent, était chargée de porter les ambitions de ces pays en formant les hauts cadres africains, pour les arrimer à l’évolution technologique d’un monde de plus en plus ouvert et compétitif. Malheureusement, ces dernières années, c’est la croix et la bannière pour les agents, administratifs et enseignants, en poste à l’IAI.
«Nous sommes entrés en grève le 9 janvier 2023. À l’arrivée d’une nouvelle administration, on s’est vus obligés de lui faire confiance et de reprendre le travail sans avoir été payés par rapport à tous ces points que nous revendiquons», a fait savoir le délégué du personnel, Jules Teddy Nze.
Affichant leur bonne foi et reprenant le travail, ils se sont par la suite rendu compte en ce début-janvier que rien n’a changé dans leur situation. Les dossiers sont restés là où ils les avaient laissés lors de la mise en place d’un nouveau top management. Conséquence, ils sont entrés en grève illimitée. «Au sortir de 8 mois, nous nous sommes retrouvés au mois de décembre sans salaire. On a donc passé les fêtes de fin d’année sans argent avec nos familles. Aujourd’hui encore, on reprend la grève parce que la goutte d’eau a débordé le vase», a dit le délégué du personnel.
Les enseignants et le personnel administratif ne sont pas en effet payés depuis de longs mois. Quelques fois, ils continuent quand même à faire cours, mais retiennent les notes. Ce qui bloque la délivrance des diplômes et des attestations de résultats.
En son temps, l’ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), et ex-Premier ministre gabonais, Casimir Oyé Mba, demandait dans une Tribune publiée sur Gabonreview («L’IAI des débuts est déjà morte et ne reviendra plus») à nationaliser cet établissement inter-Etat. «Ne continuons pas à nous voiler la face. L’IAI n’intéresse plus les autres pays membres. Le Gabon doit en tirer les conséquences et le «nationaliser»», préconisait-il. Est-ce la voie à suivre ? Les autorités de la Transition réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) devraient donc se pencher sur ce dossier afin de trouver la meilleure voie de sortie.
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