Le président américain Donald Trump a annoncé une série de droits de douane applicables à 51 pays africains à partir du 5 avril 2025, avec un tarif de base de 10 % sur toutes les importations. Le Gabon, producteur pétrolier d’Afrique centrale, figure sur cette liste. Objectif affiché de la Maison-Blanche : établir une « justice tarifaire » à travers des mesures dites « réciproques ». Mais pour le Gabon, ces décisions ouvrent la voie à une série de défis économiques majeurs, allant de la baisse des recettes d’exportation à la nécessité d’accélérer la diversification de son économie.

L’annonce du président Donald Trump, visant à instaurer une taxe de 10 % sur tous les produits importés – y compris ceux en provenance du Gabon – marque un tournant stratégique dans les relations commerciales entre Libreville et Washington. © D.R.

 

L’économie du Gabon repose en grande partie sur les exportations de pétrole brut, qui constituent plus de 80 % de ses recettes d’exportation. L’annonce du président Donald Trump, visant à instaurer une taxe de 10 % sur tous les produits importés – y compris ceux en provenance du Gabon – marque un tournant stratégique dans les relations commerciales entre Libreville et Washington. À court terme, cette mesure menace de réduire la compétitivité du pétrole gabonais sur le marché américain, au profit d’autres fournisseurs comme le Brésil ou l’Arabie saoudite.

Le Gabon, qui tente depuis plusieurs années de réduire sa dépendance à l’or noir en misant sur le bois transformé, le manganèse, voit ici ses marges de manœuvre se rétrécir. La hausse des droits de douane pourrait fragiliser davantage les entreprises exportatrices, réduire les flux de devises et ralentir les ambitions de relance post-COVID-19. Le Gabon, pourtant acteur mineur du commerce bilatéral avec les États-Unis, se retrouve entraîné dans une logique de confrontation tarifaire qui le dépasse largement.

Les enjeux pour le Gabon : diversification ou vulnérabilité accrue ?

Pour le Gabon, cette nouvelle donne appelle à une réponse stratégique sur plusieurs fronts. D’abord, une diplomatie économique plus proactive pourrait permettre de défendre les spécificités de l’économie gabonaise et de négocier des exemptions ou des adaptations dans le cadre d’accords bilatéraux. Ensuite, l’urgence de la transformation structurelle se fait plus pressante : valorisation des ressources locales, montée en gamme industrielle, renforcement de la logistique portuaire et aérienne.

Enfin, la place du Gabon dans les chaînes de valeur régionales pourrait être reconsidérée, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui pourrait compenser certaines pertes par des débouchés alternatifs sur le continent.

Un contexte africain sous tension

Le Gabon n’est pas un cas isolé. Sur les 51 pays africains visés, certains comme Maurice (40 %), le Botswana (37 %) ou l’Angola (32 %) sont frappés de manière bien plus sévère. Cette vague tarifaire pourrait fragiliser des années d’efforts en matière de coopération Sud-Nord et remettre en cause certains accords préférentiels. Les économies africaines, encore largement dépendantes de l’exportation de matières premières, risquent un recul de leurs échanges commerciaux et une montée des tensions commerciales à l’échelle globale.

Plus largement, cette décision américaine ravive les débats sur le déséquilibre des relations commerciales entre l’Afrique et ses partenaires historiques. Elle pourrait aussi accélérer les mouvements de réajustement vers d’autres marchés Chine, Inde, Union européenne dans une logique de rééquilibrage stratégique.

Si la décision de Donald Trump représente un choc tarifaire pour le Gabon, elle peut aussi être vue comme un électrochoc salutaire. En rendant l’accès au marché américain plus coûteux, elle pousse les autorités gabonaises à repenser leur modèle économique et à renforcer leur résilience. La crise, comme souvent, peut devenir le terreau de l’innovation, à condition que les bonnes décisions soient prises dès aujourd’hui.

 
GR
 

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