Véritable rocher de Sisyphe des gouvernants du pays, la route méritait absolument un focus à la faveur de la célébration de l’An 61 du Gabon dit indépendant. L’hebdomadaire Gabon Matin s’y est attelé, relevant notamment qu’à ce jour, le réseau routier du pays d’Ali Bongo est de 10348 km pour seulement 20% bitumés. Soit un peu plus de 2000 kms dans un pays où le kilomètre bitumé coût entre 1 et 3 milliards de francs CFA.

Souvent raclées, colmatées ou provisoirement réparées, les 80% des routes du Gabon sont en latérite, 61 ans après l’indépendance. © Facebook

 

La commémoration de la fête de l’indépendance, le 17 août 1960, est l’occasion idoine pour dresser le bilan de l’évolution du pays dans les domaines les plus importants pouvant traduire son développement ou son recul. 61 ans après l’accession du Gabon à la souveraineté internationale, on note surtout que, tel le rocher de Sisyphe, la construction des infrastructures routières est, pour les gouvernants, un travail difficile, toujours recommencé et interminable.

Le bourbier de Kango avant l’intervention du Génie militaire, en mai 2020. © Facebook

Les chemins de l’enfer

A titre d’exemple, le tronçon Libreville-Kango, long d’environ 92 Km et normalement praticable en moins de 2 heures, reste le cauchemar des transporteurs. En mai dernier, du fait de son impraticabilité ayant bloqué le trafic routier entre l’Estuaire et l’arrière-pays, le bourbier du village Nsilé a provisoirement été réparé grâce à l’appui du Génie militaire. Mais les choses n’ont réellement pas été réglées, sur de nombreuses autres zones de ce tronçon les automobilistes et voyageurs sont toujours à la peine.

Dans le même esprit, il a fallu attendre la prolifération des images sur les réseaux sociaux démontrant que l’axe routier Ebel Abanga-Bifoun était devenu le «chemin de l’enfer» pour que des équipes spécialisées en travaux publics soient envoyées sur les lieux pour la réhabilitation de ce tronçon essentiel de la route nationale. Par endroits et ailleurs dans le pays, un notable recul a été enregistré avec certaines localités coupées, par moments, du reste du pays. Les cas de Mimongo dans la Nyanga, ou encore celui de Pana dans l’Ogooué-Lolo sont, entre autres, l’illustration du retard enregistré dans ce domaine depuis lors, et ce, malgré les projets pharaoniques annoncés et les montants engagés.

Avec les écueils rencontrés par la réalisation de la Transgabonaise, ne s’achemine-t-on pas vers un autre gouffre à sous, vers un éléphant blanc comme ceux recensés dans le pays ? © Gabonreview

900 km de routes goudronnés en 49 ans

Il ressort notamment du dossier réalisé par notre confrère Gabon Matin qu’en réalité, depuis 1960, «la route n’a pas connu un véritable bond en avant» au Gabon. Au départ de l’administration coloniale, le pays ne disposait que de 4019 km de réseau routier dont 1656 km de routes nationales et 2363 km de voies régionales. Des chiffres tirés d’une étude de l’Institut de recherche en sciences humaines (IRSH) réalisée par Fred-Paulin Abessolo Mewono, consulté par l’hebdomadaire. Il reste que grâce au boom pétrolier des années 1970, les projets se sont multipliés. Entre 1980 et 1996, des plannings, à l’instar du Programme d’aménagement du réseau routier (PARR), du Programme triennal d’entretien routier (PTER) et du Fonds d’entretien routier (FER) ont été mis en place. Mais, résultat des courses : toujours pas d’évolution.

Gabon Matin se réfère à une tribune du Conseiller-chef de département Infrastructures et Transport du Président de la République, Jean-Pierre Boussougou, laissant entendre que de 1960 à 2009, seuls 900 km de routes ont été goudronnés. Avec l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir et la mise en place du Schéma directeur national d’infrastructures routières (SDNIR) contenu dans le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), 730 km de route se sont ajoutés à ce chiffre de 2009 à 2018.

1 km de route bitumée coûte entre 1 et 3 milliards de francs CFA, tandis qu’ 1 km de route en latérite peut aller à plus de 15 millions de francs CFA. © Facebook

Entre 1 et 3 milliards de francs CFA, l’un des kms de route bitumée les plus chers d’Afrique

À ce jour, le Gabon a près de 2038 km de routes bitumées. Soit 20% seulement des 10348 km existants. Les 80% restants sont en latérite, selon un rapport de la Direction générale des études et Infrastructures. Dans le même temps, le Gabon est, sur le continent, l’un des pays où le coût du kilomètre de route bitumée est le plus élevé. Il se chiffre entre 1 et 3 milliards de francs CFA, selon les experts des Travaux publics et du bâtiment (BTP) consultés par notre confrère, tandis qu’un km de route en latérite peut couter plus de 15 millions de francs CFA.

Lors de son récent passage sur l’émission «Face à Vous», le ministre des Travaux publics, Léon Armel Bounda Balonzi, déclinait quelques déterminismes de cette facturation. Au titre de ces causes, on note : l’importation du goudron (la Société gabonaise de raffinage – Sogara – ayant arrêté la production de bitume il y a une quinzaine d’années). Mais aussi le fait que les intrants sont produits par des carrières qui sont le plus souvent la propriété d’entreprises privées. La problématique de la corruption n’est pas en reste puisque de nombreux projets sont lancés et en fin de compte, ne sont pas réalisés.

Presqu’un an plus tard, les Gabonais se demandent où est le chantier de la Transgabonaise lancé par le Premier ministre, Ossouka Raponda, le 25 septembre 2020. © D.R.

La Transgabonaise : nouveau gouffre à sous ? éléphant blanc prochain ?

Récemment encore, à grand renfort de publicité et communication, le gouvernement a lancé la construction de la Transgabonaise : un nouvel axe logistique crucial entre Libreville et Franceville, fruit d’un partenariat public-privé. 780 km de routes sont à reconstruire dans le cadre de ce projet officiellement lancé par Premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, le 25 septembre 2020. Presqu’un an plus tard, les Gabonais se demandent où est ce chantier dont on ne voit les engins nulle part. Initialement annoncée pour mars 2022, la livraison en théorie du premier tronçon de cette nouvelle route économique aura finalement lieu en juillet de la même année. Chargée de sa réalisation, la Société autoroutière du Gabon (SAG) accusait des difficultés relatives au transport du matériel.

S’achemine-t-on vers un autre gouffre à sous, vers un éléphant blanc comme ceux recensés un peu partout dans le pays ? Rien n’est moins sûr lorsqu’on sait les affaires de corruption ayant souvent émaillé les projets, programmes et chantiers de ce secteur.

 
GR
 

10 Commentaires

  1. S . Pérafro dit :

    Un respectable ingénieur GC, dans les années 2000 me confiait qu’un 1km de route aménagée (terrassement + asphalte Gabon pouvait coûter en réalité, au lieu de 2 milliards XAF, 250-300 millions XAF, hors zone urbaine.
    À un milliards, 5 ou 2 milliards le km la route aménagée, le rêve de la Transgabonaise réseau routier moderne et fiable est utopique eu égard à l’atonie économique du moment.

  2. Gayo dit :

    La corruption est dû au fait que ce sont les Bongo qui passent les marchés aux entreprises privées telle que SOCOBA où les Bongo sont des grands actionnaires. Paul Baloche s’appelle aujourd’hui Bongo Ondimba parce que ce corrompu cupide ne pouvait s’imsginer un jour voler autant de milliards au Gabon, avec des marchés de gré à gré infiniment surfacturés, grâce au Bongo qui n’ont jamais rien fait pour éviter au Gabon de perdre de l’argent ainsi en payant beaucoup trop cher son miniscule développement. Une double peine pour le Gabon qui après avoir payé trop cher ses routes doit aussi se rendre compte qu’elles sont en déça de la qualité minimale. Les autres dirigents travaillent pour rendre leur populations riches,mais les Bongo chaque ont travaillé pour ruiner notre pays. Même tout prêt de la mort Ali Bongo travaille envore plus pour gagner de l’argent pour lui-même par des actes qui privent les gabonais d’ un meilleur avenir. Pourquoi Ali Bongo ne restitue pas tout ce que sa famille a volé au Gabon. Tout ce qu’à gagné Delta Synergie de façon indue pendant des decennies. Vous ou vos enfants rendront compte car aucun gouverment injuste n’est éternel. Vous en avez assez fait pour que dans les siècles à venir soit synonyme de honte. Ali peut lui même mener des actions qui feront que sa famille et Delta Synergie ont reçu de trop par leurs abus de pouvoir, le clientélisme, le trafique d’influence, la surfacturation, les marchés de gré à gré surfacturés. Comment expliquer dans d’autres pays les gouvernements fabriquent des milliardaires pour prendre en main leur économie mais chez nous on détourne les gouvernants détournent les moyens de l’état pour s’imposer honteusement et priver ce qui travaillent dûr et avec competences des moyens pour alker plus loin et le pays avec. Socoba doit mourir et laisser la place à une veritable concurrence plus équilibrer et plus avantageuse pour le Gabon. Paul Baloche a changé artificiellement de nom pour tromper Ali Bongo ce maboule mégalo qui tombe dans les filets de n’importe quel seducteur vicieux.

  3. OPY7 dit :

    Des carrières qui sont le plus souvent la propriété d’entreprises privées.
    C’est de la folie donc au Gabon nos terres ne nous appartiennes plus c’est Triste.

  4. Lavue dit :

    Quand ça va mal dans une famille, quand un problème ne peut être résolu pendant des années, il faut trouver un responsable. Qui est mieux placé que le chef de famille pour être le responsable de cette situation? Si le problème de famille n’est pas réglé c’est que le chef de famille n’en est pas à la hauteur, il est incapable, incompétent et parfois un inconscient ou simplement un cancre. Eh bien c’est pareil pour un pays. Les premiers responsables de la situation honteuse de la route au Gabon sont sans aucun doute les présidents OMAR BONGO (42 ans au pouvoir) et son fils ALI (12 ans au pouvoir) soit un total cumulé de 54 ans. Entretemps si vous totalisez les revenus du Gabon depuis l’avènement du pétrole dans les années 70, vous verrez les sommes colossales que le pays a engrangées. Plusieurs milliers de milliards de francs CFA, pour un resultat pitoyable, dont la conséquence prémière a été l’appauvrissement continu des populations
    et la fracture entre la capitale et l’arrière pays. Les Gabonais sont aujourd’hui taxés de paresseux agricoles, d’incapacité d’entreprendre. Tout cela resulte de l’absence de voies de communication entre les différentes villes. On crée une plantation, on produit c’est pur échanger, vendre aux autres. On crée un hôtel c’est pour recevoir des visiteurs des touristes. Sans le préalable qu’est une route praticable en toute saison, faut pas rêver. Les Gouvernements connaissent toutes ces choses triviales, mais pourquoi ne font -ils rien , allez comprendre.

    Quand on voit le réseau routier des pays comme le RWANDA (sans ressources naturelles), la Guinée Equatoriale et le grand Cameroun, qui ont le même environnement climatique que le Gabon, on comprend à quel point les dirigeants gabonais n’ont jamais compris l’importance de la route dans le développement d’un pays du tiers-monde comme le notre. Il n’ y a aucune réelle volonté politique, comme on avait pu le constater chez Albert BONGO pour la construction du chemin de fer Transgabonais. On ne se compare plus au pays voisins, on vit dans l’illusion de croire que le Gabon est un grand pays (le discours du 17 aout d’ALI en témoigne). Comment avec de tels déficits en matière d’infrastructures de base peut-on croire que nous faisons partie des grands pays. C’est plus que de l’idiotisme.

    Maintenant tant que ce seront les SOCOBA et autres COLAS qui gagneront les marchés des routes au Gabon, ne vous attendez à aucun changement. Les relations incestueuses et mafieuses avec l’Etat Gabonais ne permettront jamais d’avoir le Km au prix réel et de bonne qualité car dans ces boîtes y a très peu d’ingénieurs hautement qualifiés, ce sont souvent des amis issus d’autres secteurs et reconvertis par nécessité.

    La voie de sortie pour le Gabon en matière de routes serait de laisser les chinois réaliser ces infrastructures en contractant des prêts auprès des institutions financières de ce grand pays, lesquelles en assureraient le contrôle. C’est ce que le Cameroun voisin a si bien compris. Visitez le Cameroun et vous allez mourir d’envie de voir la transformation des villes comme Yaoundé avec des échangeurs et des autoroutes construites solidement par les chinois.
    Avec les bricolages des colons souvent reconvertis comme experts de la route et autres aventuriers français de SOCOBA et COLAS ce sera toujours le statu quo pour ce qui est du cout au KM et de la qualité de la route au Gabon. Mais comme l’important pour les BONGO c’est la conservation coûte que coûte du pouvoir, alors la route moderne, dans les conditions actuellement établie par la mafia, ne se réalisera jamais au Gabon. Je parie et beaucoup de Gabonais avec moi que 70 ans après vous verrez qu’on aura fait aucun progrès dans ce domaine. C’est inutile d’évoquer ici la Transgabonaise annoncée à laquelle aucune personne sérieuse ne peut imaginer la fin avant 2030 à 2035.

    C’est vraiment dommage pour ce pays que tout le monde avait imaginé être la Suisse d’Afrique. Ce rêve a été tué par des incompétents qui ont à jamais confisqué le pouvoir du peuple.
    Mais l’espoir demeure, car toute chose a une fin un jour.

  5. Belossi dit :

    Nous boxons a une catégorie supérieure…Nous au Gabon nous ne parlons plus de routes,d’écoles,d’universités,des médicaments dans hôpitaux,des dispensaires dignent dans les départements avec médicaments etc…Alors,ces photos sortent d’ou?

    • Moulonguichi Karlyto dit :

      Nous boxons a une catégorie supérieure… en fait nous au Gabon on a fini avec la satisfaction des besoins primaire du quotidien chez le citoyen, on a fini avec la fibre optique, on a fini avec le transport terrestre, l’aérien aussi tout ces maitrisés au Gabon. maintenant nous au Gabon on construit des Fusées et on explore la planète la plus éloignée du système solaire. un Brave pays ce Gabon…

  6. J'aime le Gabon dit :

    (Investir au Cameroun) – Selon le Quotidien de l’Economie, qui s’appuie sur les recommandations d’une récente réunion des points focaux du Conseil national de la route (Conaroute), le prix moyen du kilomètre de route bitumée au Cameroun est estimé à environ 205 millions de francs Cfa. Pourtant, ce même prix culmine à 100 millions de francs Cfa, si on fait la moyenne en Afrique, soit la moitié du prix pratiqué au Cameroun.

    Afin d’infléchir cette courbe, apprend-on, le gouvernement camerounais compte actionner la manette des centrales de concassage, à l’effet d’obtenir des granulats à moindre coût. En effet, apprend-on, au Cameroun les granulats représentent 25% du coût de construction d’une route.

    A travers la construction de quatre centrales de concassage pour un montant global de 10 milliards de francs Cfa, et dont les appels d’offres internationaux ont été récemment lancés, le gouvernement camerounais souhaite réduire, au moins de moitié, souligne notre source, le prix de la tonne de granulats. Et partant, celui de la construction des routes au Cameroun.

    Pour mémoire, il ya quelques années, un opérateur économique camerounais avait présenté aux acteurs du Btp, un produit qui permettait déjà de réduire considérablement les délais de construction des routes, et par conséquent les coûts globaux.

    Ce produit dénommé Carboncor, dont la fiabilité a été confirmée par le Laboratoire national de Génie civil (Labogénie), a même été expérimenté, avec succès, sur un tronçon de la route Yaoundé-Afanoyo, mais ne semble pas encore avoir été adopté par les opérateurs camerounais du secteur du Btp.

    BRM

  7. J'aime le Gabon dit :

    Coût de la route au kilomètre : Le Gabon affole les statistiques

    Selon le blog gabonenervant, qui s’appuie sur les chiffres de l’Union européen et de la Banque mondiale, le coût du kilomètre de route dans notre pays est 17 fois plus élevé qu’au Cameroun.

    Le coût du kilomètre de route atteint des records au Gabon. Un montant de 75,6 milliards de francs a été affecté à l’élargissement d’une partie de la Nationale 1 en un tracé de deux fois deux voies entre le PK5 et le PK12, soit sept kilomètres. Ce qui revient à 10,8 milliards de francs le kilomètre. Cet argent sera prélevé de la dette de 127,2 milliards de francs, contractée auprès de la Banque de développement des États d’Afrique centrale (BDEAC), le 8 janvier dernier.

    Si l’annonce des services de la présidence de la République est presque passée inaperçue, il reste que le coût de l’agrandissement de la voie PK5/PK12 semble exorbitant. Selon un rapport de la Banque mondiale, le kilomètre d’une route de 2×2 voies coûte en moyenne 371 millions de francs dans des pays tels que l’Angola, le Burkina Faso, le Mozambique ou l’Ouganda. Et pourtant, le Gabon dispose de matériaux pour la réalisation des routes, notamment le bitume, un résidu du pétrole, le gravier et le sable. Au Sénégal, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio 2×3 voies a été facturée à 7,2 milliards de francs le kilomètre. «Si on fait une conversion de 2×3 à 2×2, il revient que le prix du kilomètre au Sénégal serait de 4,8 milliards de francs», déduit le blog gabonenervant.

    Au Cameroun, la route Ebolowa-Kribi, longue de 179 kilomètres, a été financée à hauteur de 124 milliards de francs, selon le ministère camerounais des Travaux publics. Ce qui revient à 693 millions de francs le kilomètre. Du côté du Kenya, le kilomètre du même type de route coûte 491 millions de francs.

    Les savants gabonais évoqueront toujours le coût élevé des facteurs de production dans le pays, le relief (particulier ?) du pays et sa forte hydrographie justifiant de nombreux ouvrages d’art sur le tracé des routes… Mais tout de même, les rétrocommissions et autres pratiques financières interlopes ne sont-elles pas les déterminants essentiels de la phénoménale structure du prix du kilomètre de route au Gabon ?

  8. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Du déjà vu et entendu. Amen.

  9. Raponda Walker dit :

    Je n’ai pas osé lire l’article tellement le titre brise le coeur. Un pays tellement corrompu!!! Cedt tellement triste triste triste!

Poster un commentaire