Gabon : En «marée basse», le PDG envisage un Congrès de la relance
Le Parti démocratique gabonais (PDG) a fait sa rentrée politique le 12 octobre avec en ligne de mire, la tenue de son 13e congrès qui devrait déboucher sur des conclusions devant commander sa marche durant les cinq prochaines années. Mais déjà, il réaffirme son soutien au CTRI, appelle à voter «oui au référendum», et se réjouit du fait que le CTRI garantisse ses intérêts en cette période jugée délicate.
«Notre parti a encore un avenir et même un avenir radieux. Oui le PDG vit ! Mais depuis un an, il vit au ralenti», a déclaré le 12 octobre, Paul Biyoghe Mba, le vice-président du Parti démocratique gabonais (PDG), évoquant la nécessité de relancer ce parti. «Actuellement, nous sommes en marée basse», a-t-il dit. Le tout premier des Premiers ministre d’Ali Bongo estime que ce temps devrait être mis à profit pour faire le point, mieux s’orienter, adopter une attitude de relance pour faire vivre le parti avec des militants engagés mais surtout faire en sorte que ce parti soit toujours dans les cercles décisionnels du pouvoir.
Avoir des «positionnements forts»
«Si le parti n’exerce plus le pouvoir en tant que tel, il doit au moins pouvoir être une composante incontournable», a déclaré Paul Biyoghe Mba. Pour lui, cela suppose d’avoir des élus, et des «positionnements forts» dans la haute administration, l’exécutif, les institutions constitutionnelles et de miser sur la cohésion et la discipline au sein du parti. Une attitude de relance qui sera abordée au cours du 13e congrès du PDG dont la date n’a pas encore été fixée. Le congrès attendu permettra de définir une nouvelle ligne politique de ce parti, le réorganiser et le restructurer pour en faire une formation politique qui répond clairement aux exigences du 21 siècle.
«Des adaptions, des réaménagements utiles sont objectivement à prévoir. Préparons donc sérieusement ce congrès dont les conclusions vont commander la marche du parti pour les cinq prochaines années», a déclaré Paul Biyoghe ouvrant la rentrée politique de l’ex-parti au pouvoir. Une rentrée au cours de laquelle le PDG, considérant qu’avec le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) le Gabon est sur la voie du développement, a renouvelé son soutien au président du CTRI, Brice Clotaire Oligui Nguema. Dans sa cette optique, le directoire provisoire a invité les militants «à se mobiliser pour le Oui au référendum avalisant ainsi le projet politique qui sera soumis au peuple gabonais par le président de la Transition».
Oligui le bon samaritain du PDG ?
Paul Biyoghe Mba rappelle que ce sera le troisième référendum formel du Gabon après celui de 1958 au cours duquel les Gabonais devaient répondre à la question posée par le général De Gaulle de rester ou non dans la communauté française, puis celui de 1995 pour prendre en compte certaines orientations des Accords de Paris. «C’est la première fois que la Constitution de notre pays va être adoptée par référendum. Les autres fois c’était par voie parlementaire. Nous sommes donc des témoins privilégiés de cette page importante de l’histoire de notre pays», a-t-il déclaré.
Pour le PDG, la nouvelle Constitution est de nature à générer plus de stabilité, de développement et de prospérité pour tous. La promesse de son «oui franc et massif au prochain référendum» traduit sa «volonté responsable» d’écrire une nouvelle page du Gabon et de mieux s’organiser pour les prochaines élections. «La question sera abordée en profondeur lors de notre congrès avec responsabilité et objectivité», a dit Paul Biyoghe Mba selon qui, «le PDG doit être disposé à apporter son soutien responsable au président du CTRI et au CTRI tout entier dès lors que nos intérêts globaux du parti sont garantis comme cela est bien perceptible actuellement».
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Après avoir remplacé le poster du « distingué camarade » par celui d’Oligui lors de leur rencontre précédente, le PDG commet une nouvelle maladresse en appelant à voter « oui » en soutien à Oligui, comme si l’adoption de la constitution se résumait à un simple ralliement autour de sa personne. Cela intervient avant même que le texte constitutionnel ne soit présenté au public, alors que les autorités avaient demandé de faire preuve de retenue et d’attendre l’ouverture officielle de la campagne référendaire. Sans connaître le contenu de la constitution, il s’agit moins de pousser les citoyens à un soutien aveugle que de les inciter à s’informer et à s’engager pleinement dans ce processus, car l’avenir du Gabon en dépend.
Oligui a affirmé que la nouvelle constitution ne devait pas servir ses intérêts personnels ni ceux de sa famille, mais qu’elle devait dépasser les ambitions politiques de chacun. Pourtant, l’attitude du PDG montre que ses pratiques n’ont pas changé. Le parti réduit le projet constitutionnel à un soutien direct à Oligui, démontrant qu’il reste un « parti de pouvoir » sans véritable vision ni idéologie, davantage motivé par le contrôle des postes et de l’appareil d’État. Même si Bilie peut sembler opportuniste, il a raison de souligner que les militants du PDG méritent d’être respectés et ne devraient pas être traités comme de simples figurants. Sur quelle base cette décision a-t-elle été prise sans consultation préalable ?
Si Oligui compte s’appuyer sur un parti qui a freiné le développement du Gabon, il doit reconnaître qu’il héritera non seulement de l’influence d’une organisation politique encore étroitement liée à l’État, mais aussi des défauts qui ont conduit les Bongo à échouer dans l’instauration d’une véritable démocratie et d’une gouvernance orientée vers le développement. La campagne pour le « OUI » ou le « NON » n’a pas encore commencé, et il est essentiel de rappeler que ce référendum engage l’avenir du Gabon bien au-delà des ambitions du PDG autour d’Oligui.
Si Oligui souhaite réellement un changement pour le Gabon, il doit comprendre qu’on ne peut pas réformer le PDG de l’intérieur. C’est une structure profondément viciée, imprégnée de mauvaises mentalités, d’égoïsme, de népotisme et de cupidité, qui sont devenus des traits culturels ancrés. La solution est de s’entourer de nouvelles personnes ou, du moins, de ceux qui ont compris que le Gabon ne progressera pas avec le PDG et ses pratiques nocives, et qui ont quitté le parti avant la dérive de 2023 qui aurait plongé le pays dans des ténèbres politiques encore plus épaisses.