Gabon : ‘Du sang sur les mains, des galons sur les épaules’ – Rekoula dénonce la mascarade
À travers une diatribe enflammée publiée sur YouTube et largement partagée sur les réseaux sociaux, Bernard Christian Rekoula, figure emblématique de l’activisme gabonais, met à nu les contradictions de la transition politique au Gabon. Il dénonce avec virulence la trahison des anciens activistes et opposants politiques et pointe du doigt l’hypocrisie d’une armée qui, hier encore, réprimait le peuple dans le sang. Entre amnésie collective et opportunisme flagrant, Rekoula livre un réquisitoire sans concession contre ceux qui prétendent incarner le changement tout en perpétuant les pratiques du passé.
Dans une vidéo publiée le 10 août sur la chaine YouTube Les Gabonais Du Monde, Bernard Christian Rekoula, figure emblématique de l’activisme gabonais, livre une critique acerbe de ses anciens compagnons de lutte et du régime militaire actuellement au pouvoir. Son intervention, d’une rare virulence, met en lumière ce qu’il considère comme une trahison des idéaux pour lesquels les activistes, arrivés aux affaires à la faveur des nominations post-coup d’Etat par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), se sont longtemps battus.
Remercier l’armée qui a risqué sa vie ? Qui donc massacrait les Gabonais à Rio ?
D’entrée de jeu Bernard Christian Rekoula exprime son scepticisme face à la rhétorique du nouveau régime et à l’attitude complaisante de certains membres de la société civile. Il dénonce vivement l’hypocrisie de ceux qui prétendent aujourd’hui que les putschistes ont risqué leur vie pour le peuple : on dit «qu’ils ont mis leur vie en danger. Grosso modo, nous devons les remercier, s’il vous plaît.» Rekoula pose alors des questions percutantes, mettant en lumière la continuité de la répression : «Je vous pose la question : c’est qui qui massacrait les Gabonais lors des manifestations ? C’est qui ? Je pose un peu la question à ces membres de la société civile aujourd’hui qui ne font que sortir ce langage : vous êtes ingrats. Le général Oligui a mis sa vie en danger…»
Et de poursuivre, rappelant les exactions commises par les forces de sécurité dans différentes villes du Gabon : «C’est qui qui massacrait les Gabonais à Rio, à Port-Gentil, à Franceville ? Expliquez-moi, dites-moi un peu : c’est qui ? C’est qui, qui, même pendant la campagne présidentielle, kidnappait les Gabonais, torturait des Gabonais ? Vous pouvez me dire, c’est qui ?» Ces questions rhétoriques entendent souligner la responsabilité des forces armées dans les répressions passées et remettent en question leur légitimité à se présenter aujourd’hui comme les sauveurs du pays.
Rekoula remet également en question la légitimité du nouveau pouvoir et la supposée bravoure de ceux qui l’ont instauré. Il interroge : «J’ai envie de vous poser la question : Ali Bongo s’appuyait sur quoi pour mater les Gabonais ? Sylvia Bongo s’appuyait sur quoi pour mater les Gabonais ?» L’activiste entend ainsi rappeler avec force que l’armée, aujourd’hui présentée comme salvatrice, était hier le bras armé de la répression.
Rekoula pointe du doigt la continuité flagrante entre l’ancien et le nouveau régime : «Nous avons observé le maintien des membres du corps judiciaire qui nous ont massacré, qui nous ont emprisonné, qui nous ont collé des plaintes fallacieuses, qui ont envoyé à la prison où des Gabonais sont morts. Les mêmes ont été maintenus. Nous avons vu les mêmes dignitaires du PDG maintenus.»
Volte-face des anciens activistes, maquettes d’Oligui et permanence de problèmes
Le militant pour la défense des populations, de l’environnement et la lutte contre la corruption et la dictature gabonaise fustige particulièrement le revirement spectaculaire de certains activistes, devenus soudainement des soutiens inconditionnels du nouveau pouvoir : «J’ai vu comment certains grands donneurs de leçon, aujourd’hui sont devenus arrogants, ont oublié ce pourquoi ils se battaient parce qu’ils ont été nommés, d’aucuns Premier ministre, d’aucuns députés.»
Et Rekoula de s’insurger contre l’hypocrisie de ceux qui prétendent que le pays a été sauvé : «Ali Bongo, Sylvia ne sont plus là. Est-ce que vous avez le courant 24h sur 24 et l’eau 24h sur 24 ? Monsieur Oligui a dit qu’il venait restaurer les institutions et donner le pouvoir. Mais moi, je vois aujourd’hui Monsieur Oligui nous présenter des maquettes, des maquettes de grands immeubles.»
L’activiste rappelle que les problèmes fondamentaux du pays persistent : «Les crimes rituels continuent. On nous a dit qu’on venait pour nous protéger. Les assassinats continuent. On nous a dit qu’on venait pour nous protéger, l’armée, la police, est partout, dans tous les quartiers, dans tous les carrefours au Gabon, il y a le couvre-feu, mais les assassinats non élucidés continuent. Dites-moi, qu’est-ce qui a changé ?»
Ni Ali ni Sylvia Bongo, le véritable pouvoir a toujours été aux mains de l’armée
Et de dénoncer avec véhémence l’amnésie collective et l’opportunisme de certains : «Vous avez décidé de prendre une position qui est que : sous Ali Bongo, vous avez trop souffert. Et que maintenant, avec Oligui, quel que soit qu’il fasse un passage en force, qu’il prenne le pouvoir comme il veut, vous serez avec lui. C’est votre choix, assumez votre choix. Ne venez pas faire comme si en fait, vous continuez à vous battre pour le peuple gabonais.»
Rekoula conclut en rappelant que le véritable pouvoir a toujours été entre les mains de l’armée : «La preuve : quand ils ont voulu, ils ont pris Ali Bongo, Sylvia. Ils les ont mis à côté. Donc, véritablement, qui avait le pouvoir ? Ali Bongo ? Noureddin ? Le véritable pouvoir a toujours été aux mains de l’armée.»
L’intervention de Bernard Christian Rekoula sur YouTube jette une lumière crue sur les enjeux de la transition politique au Gabon. Elle met en évidence les contradictions d’un processus de changement qui semble reproduire les schémas du passé, tout en soulignant la responsabilité des acteurs de la société civile dans la vigilance et la défense des intérêts du peuple gabonais. Dans un pays où les espoirs de renouveau se heurtent aux réalités d’un pouvoir qui peine à se démarquer des pratiques de l’ancien régime, la voix de Bernard Christian Rekoula résonne comme un appel à la conscience et à l’intégrité.
8 Commentaires
Bjr. Morceau au choix: » Dans un pays où les espoirs de renouveau se heurtent aux réalités d’un pouvoir qui peine à se démarquer des pratiques de l’ancien régime, la voix de Bernard Christian Rekoula résonne comme un appel à la conscience et à l’intégrité ». C’est en ce sens qu’il faut comprendre le coup de gueule de ce Monsieur. A t-il tord ? Amen.
C’est la pure vérité qu’il dit les premiers criminels sont les forces de défenses, et en deuxième position les faux politiciens, les Bongos ne sont plus au pouvoir, mais depuis que les putschistes en treillis sont au sommet de l’état, on voit les citoyens se font kidnappé, séquestré et torturé certains se retrouvent les cheveux coupés ,la corruption ,détournement d’argent public. Manipulation,mensonges . Continuent.
Quand les vrais gens parlent. Ferment ta bouche toi le suppos des Bongo.
Et blabla on est en démocratie il est libre d’exprimer ses pensées et ses opinions’ c’est son droit, sauf que je savais pas que gabonreview était devenu un relais des propos des activistes ? Et pourquoi seulement lui que vous publier ses interventions ? Et pourquoi pas les autres activistes ? J’espère que ce que vous avez commencé vous n’allez plus l’arrêté, vous avez créé une rubriques des activistes ? Ok on note que vous faites déjà le relais des activistes sérieux ??? Il attend quoi pour descendre sur le terrain politique venir parlé aux gabonais en face ? Et comme il sait bien critiqué qu’il vienne tous simplement se positionné et demandé le pouvoir aux peuple, c’est trop facile de tenir des discours derrière un clavier. La démocratie donne droit a proposé autres alternatifs aux peuples , si vous estimez que les dirigeants actuels ne sont pas compétés venez les affronter clairement sur le terrain qu’est ce qui vous empêche ?
C’est quoi ce procès fait à GabonReview ? Depuis notre création en 2011, nous martelons que nous ne sommes pas des opposants, pas plus que nous ne sommes du pouvoir que nous accompagnons pourtant bien quotidiennement. Tout comme nous devons accompagner les voix dissonantes, ne vous en déplaise.
Nous nous voulons média libre et équilibré. Nous faisons notre métier qui est, entre autres, de relayer ce que nous croyons digne d’être relayé, quelle que soit la chapelle. Et nous choisissons librement. Avez-vous vu Moulenda, Okoumba ou Adjatys sur nos pages ? À titre d’exemple, Laurence Ndong activiste publiait bien des tribunes chez nous, tout comme bien d’autres activistes sous l’ère Ali Bongo. Certains d’entre eux ont rejoint le nouveau pouvoir, la pertinence de leur lecture des faits et événements ayant été relativement reconnue.
La rédaction est donc libre de choisir ce qui passe sur ses pages, et nous n’attendons pas des remarques à deux balles de gens qui s’offusquent dès que c’est pas leur chanson qui est chantée. Vous-même utilisez un pseudonyme pour poster ici et intervenez de derrière un clavier. Et au cas où c’est votre vrai nom, vous le faites pour être remarqué en en escomptant des retombées bénéfiques. Sinon, qui êtes-vous réellement sur le terrain politique ? Écrivez donc une tribune, sous votre identité réelle, pour répondre à Rekoula. Nous la publierons.
On se revendique démocrate, mais on voudrait que certains n’aient pas voix au chapitre. D’une évidence imparable, les questions que pose Rekoula sont-elles insensées ? Comme se conclut notre article, « Dans un pays où les espoirs de renouveau se heurtent aux réalités d’un pouvoir qui peine à se démarquer des pratiques de l’ancien régime, la voix de Bernard Christian Rekoula résonne comme un appel à la conscience et à l’intégrité. » Ce n’est que ça.
Merci de continuer à nous suivre.
j’adhère à 1000% aux idées de monsieur Bernard Christian REKOULA, il ne faut pas faire la politique de l’autruche, se voiler la face. La grosse question maintenant s’est de savoir si le pouvoir actuel ne va trouver une excuse pour le réduire au silence? Tout est possible.
Gayo il serait mieux de repartir à l’école primaire, parce que tu es tellement abruti,incapable de savoir de savoir quand deux verbes se suivent le 2eme se met à l’infinitif.
« Quand les vrais gens parlent. Ferment ta bouche toi le suppos des Bongo ».
Il accorde fermer, c’est pour cela obligé de supporter les putschistes
Merci Gabonreview de publier tout ce que j’écris quand les autres éditions online ont peur de publier mes propos critiques mais de la critique constructive. Ceci dit, M. Rekoula a raison mais acceptons tout de même que sans les militaires le sosie d’Ali Bongo serait toujours soit-disant au pouvoir
Le peuple gabonais est un peuple qui se contente de peu. Laissons-le évoluer. Il demeure encore primitif dans son ensemble et quelque peu chanteur de louanges pour des nominations qui ne sont que du gaspiñlage d’argent qu’on pourrait utiliser pour créer une classe moyenne d’entrepreneurs. Que voulez-vous? Le gabonais en général est fainéant et préfére les églises et les sectes, argent facile quoi.