Gabon : Ce qu’il faut retenir du passage de Christine Audrey Chambrier Voua à la CNAMGS
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Critiquée, voire accusée de détournement de fonds publics, Christine Audrey Chambrier Voua, l’ex-directrice de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) s’en est défendue lors de la passation de charges avec son successeur, le 4 janvier dernier. Pour l’occasion, elle a fait un succinct bilan des actions prioritaires qu’elle a souhaité développer, mais qui se sont été heurtées à des fins de non-recevoir de l’ancien Conseil d’administration. Par ailleurs, elle a notamment réussi à régler quelques dettes à l’exemple des 56 milliards de francs CFA payés pour toutes les prestations confondues.
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Christine Audrey Chambrier Voua remettant les dossiers au nouveau président du Conseil d’administration de la CNAMGS, Alain-Claude Kouakoua, sous le regard du ministre des Affaires sociales, Nadine Nathalie Awanang. © GabonReview
Douze mois, c’est le temps qu’a passé Christine Audrey Chambrier Voua à tête de la direction générale de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Mais derrière ce passage, les sons de cloches divergent sur sa gestion qui aurait été ouverte à «des détournements et des vols». Ce que réfute l’ancienne responsable de cette structure qui totalise d’ailleurs 18 ans de boite. À l’occasion de la prise de fonction de la nouvelle directrice générale, le 4 janvier dernier, elle a pu dresser son bilan qui, du reste, s’est souvent heurté, d’après ses propos, au non-assentiment de l’ancien Conseil d’administration.
Nommée à la direction générale de la CNAMGS fin-décembre 2023, Christine Audrey Chambrier Voua avait articulé ses priorités autour de trois axes. Il s’agissait, a-t-elle rappelé de «la restauration de la confiance avec les partenaires, de la diminution de la courbe des évacuations sanitaires et l’amélioration du climat social».
Sur le premier point, l’ancien patronne du top management de la CNAMGS indique qu’à son arrivée, elle a trouvé une dette globale de 27 milliards de francs CFA. «Nous avons payé 25 milliards pour le compte de l’année 2023 et il reste à payer 2 milliards de francs CFA», a-t-elle fait savoir, indiquant par ailleurs que pour l’année 2024, 56 milliards de francs CFA ont été payés, toutes prestations confondues.
Dans ses efforts pour apurer les dettes antérieures à 2023, elle a expliqué avoir eu un dialogue permanent avec les ministères du Budget, de l’Économie et la direction générale de la Dette. «Ce dialogue a permis d’obtenir près de 34 milliards de francs au lieu de 200 milliards provenant de la part patronale. Devant les tensions de trésorerie actuelles de l’Etat, nous avions pu obtenir du ministère de l’Économie l’autorisation du rachat des 34 milliards par des banques privées», a-t-elle précisé.
S’expliquant sur les évacuations sanitaires, elle assure avoir procédé à l’identification des maladies les plus couteuses. Dès lors, un dialogue a été engagé avec l’ensemble des structures sanitaires sur ces pathologies. L’initiative ayant permis de noter soit une insuffisance des plateaux techniques pour les prendre en charge, soit une absence d’expertise locale.
Ce qui a amené à la décision du préfinancement de l’acquisition de nouveaux plateaux techniques et le remboursement devait se faire sur facturation. «Malheureusement, a-t-elle dit, le Conseil d’administration ne nous a pas suivi dans cette voie».
La directrice sortante de la CNAMGS s’est appesantie également sur sur l’absence d’expertise locale, relevant que des partenariats ont été signés avec les fondations Rothschild à Paris, d’une part, et la Fondation Mohammed 6 à Rabat, d’autre part. Des partenariats consistant en la venue, à Libreville, des experts de ces deux fondations pour prendre en charge les patients, sur place, avec un volet formation des experts locaux. «Cela aussi n’a pas recueilli l’assentiment du Conseil d’administration», a-t-elle déploré.
S’agissant de l’amélioration du climat social, elle a informé avoir réuni les syndicats avec pour objectif la révision du décret 076/PR/MAS du 14 février 2024 portant statuts de la CNAMGS et l’élaboration du projet d’organigramme. Dans cette perspective, a-t-elle dit, il était prévu la reclassification de 500 agents à partir du mois de janvier 2025, de même que la résolution des litiges des ex-agents licenciés abusivement. «Tout ceci a abouti à une trêve sociale au sein de la CNAMGS. Et encore une fois, le Conseil d’administration ne nous a pas suivi», a-t-elle déclaré lors de la passation de service.
Elle estime avoir fait de son mieux pour redorer le blason de la CNAMGS, fleuron national de la politique sociale et de prévoyance sociale. Forte de son expérience, Christine Audrey a souhaité que le nouveau Conseil d’administration aide la nouvelle direction générale à prendre ces mesures pour assurer la bonne marche et la sérénité de la CNAMGS.
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