À l’avenue Jean-Paul II à Libreville, devant la direction nationale de la BEAC, Jean Bernard Metsouma, Gabonais, 54 ans et ex-employé de cette institution bancaire a entamé, il y a quelques jours, une grève de la faim. À cette banque, il réclame réparation du préjudice qu’elle lui aurait causé à la suite d’un accident domestique dont il a été victime en 2012 lui occasionnant la perte de l’usage de sa main droite. Depuis lors, assure-t-il, c’est la croix et la bannière. Aucune oreille du côté de son employeur pour l’entendre et surtout, des menaces psychologiques, des pressions, des intimidations.

Jean Bernard Metsouma faisant sa grève de la faim devant la direction nationale de la BEAC à Libreville. © GabonReview

 

Las d’écrire, d’attendre et d’espérer une suite à sa situation depuis le début de son accident domestique (brûlure au 3e degré) en 2012, Jean Bernard Metsouma, Gabonais, 54 ans, recruté à la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) en 2001, broie du noir. Depuis ce drame qui lui a paralysé les doigts d’une main, il mène un bras de fer avec l’institution d’émission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Après sa démission en 2017 à cause de ses «souffrances», il n’a jamais rien eu de la Banque. Pis, elle lui réclamerait 7 millions de francs CFA. Ce qui l’a amené à entrer en grève de la faim devant l’institution afin de réclamer réparation et dédommagement. Il en appelle aux autorités de la Transition, notamment au président Brice Clotaire Oligui Nguema afin qu’il intercède dans ce dossier.

Dernier recours

L’affaire débute en 2012 lorsque sieur Metsouma a eu un accident domestique, «comme quelqu’un qui peut tomber malade», a-t-il dit, rappelant qu’il est cotisant à la Banque et à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). En conséquence, estime-t-il, l’institution bancaire aurait dû le prendre en charge. Sauf qu’elle n’a pas donné son accord dans le délai requis. Ce qui aurait retardé son évacuation sanitaire et sa prise en charge dans les structures hospitalières appropriées à l’étranger.

«Je fais la grève de la faim devant la BEAC pour me faire entendre. C’est mon dernier recours pour que les autorités entendent mon message parce que j’ai utilisé tous les recours», a-t-il dit, assis sous un arbre dans le petit rond-point, devant la direction nationale de la BEAC, à Libreville. 

Jean Bernard Metsouma, qui a démissionné de la Banque en 2017, évoque des menaces psychologiques, des pressions, des intimidations qui l’ont poussé à prendre cette décision. «J’étais psychologiquement menacé. Je me suis senti en insécurité. Je me suis senti dans un environnement hostile. Pour moi, ça devenait dangereux. J’ai préféré démissionner. J’ai préféré volontairement partir de la Banque», a-t-il raconté.

Pour qu’on en arrive là, à la suite de son accident, il explique avoir demandé les documents nécessaires pour son évacuation sanitaire, en vain. Les procédures ayant trainé, il avait donc choisi de quitter son lieu d’affection, Franceville, pour venir à Libreville, afin d’être interné dans une clinique de la place. 

Sur son lit d’hôpital, le médecin-conseil de la Banque est venu constater, prenant les certificats médicaux des chirurgiens ayant mentionné, en toute urgence, son évacuation. «Il a écrit à la banque qu’il fallait qu’on m’évacue. Mais la banque a trainé», a-t-il regretté, précisant avoir trainé pendant 9 mois dans les couloirs de la Banque pour attendre ce document.

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La Banque a traîné pendant 9 mois

«Il a écrit à la CNSS, puisque je cotise aussi à la CNSS. Elle a réagi et a demandé que la Banque lui donne son accord pour qu’on m’évacue, parce que dans les conventions, l’employeur doit donner son accord pour payer une contrepartie. Soit 10 ou 15 %. Il fallait nécessairement cet accord, la Banque a trainé pendant 9 mois», a-t-il dénoncé, indiquant que «c’est en novembre 2013 que la Banque a accepté de donner ce document». Mais, il était déjà trop tard. Finalement évacué, en France, les spécialistes de la neurologie lui ont dit qu’«il est quasi impossible de récupérer la main». 

De ce séjour hexagonal, l’ancien employé de la BEAC explique que les chirurgiens ont tout fait pour qu’il puisse juste garder ses doigts. «Un an après, je devais recevoir une 5e intervention chirurgicale, avec des rééducations spécifiques. La CNSS m’a fait savoir que je devais rentrer parce qu’elle avait basculé sur la CNAMGS et qu’elle n’avait plus de budget pour ça. Il fallait que mon employeur prenne le relai», a-t-il raconté. Ce qui n’a malheureusement pas été le cas. Pis à son retour à Libreville, les responsables lui auraient intimé l’ordre de reprendre le travail. Ce qu’il a finalement fait après avoir écrit au directeur national, au gouverneur, sans suite.

Avec l’aide d’un avocat, il a entamé une procédure pour voir clair sur sa situation. Chose qui n’aurait pas plu à son directeur qui lui dira : «tu n’aurais pas dû porter plainte à la Banque. Parce qu’on ne porte pas plainte à la Banque». De fil en aiguille, se sentant menacé, le Gabonais âgé aujourd’hui de 54 ans, a décidé de démissionner en 2017. «J’étais psychologiquement menacé», ajoute-t-il, non sans précise qu’il a demandé qu’on donne ce qu’on pouvait lui donner comme solde de tout compte afin qu’il aille se soigner. «Malgré cela, c’est deux ans après que la Banque me répond», a-t-il encore regretté.

«Je dois 7 millions ?»

Au-delà du retard, la Banque lui aurait demandé de rembourser 7 millions de francs CFA. «Comment se fait-il qu’une banque qui retarde mon évacuation sanitaire, jusqu’à ce que je devienne infirme de la main droite, me réponde deux ans après et me fait savoir que mon solde de tout compte est zéro et que je dois 7 millions ?», a-t-il questionné, indiquant avoir utilisé tous les recours, tous les moyens. «J’ai écrit au ministère des Affaires étrangères pour leur dire de voir ce que la Banque m’a fait. Je demande réparation de ce préjudice. Je demande les dommages et intérêts», a-t-il déclaré.

Il demande donc réparation à la Banque qui ne lui a jamais répondu. Il réclame dommages et intérêts pour le préjudice subi, «pour le fait qu’elle ne m’a pas assisté et j’ai encore des soins». «Comme je n’ai pas été entendu, j’ai préféré venir m’assoir ici pour m’adresser aux autorités en l’occurrence au chef de l’État», a-t-il dit, dans le désespoir.  

 
GR
 

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