La récente sortie de l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dans une tribune largement commentée, a ravivé le débat sur les propositions du Dialogue national inclusif (DNI). Depuis lors, les médias se l’arrachent pour une explicitation de son opposition à certains de ces recommandations. Sur TV5Monde où il était l’invité du journal Afrique, le 3 juin, l’ancien chef du gouvernement n’a pas caressé les nouveaux hommes forts de Libreville dans le sens du poil. Pour lui, tout est fait pour baliser le chemin au bénéfice du président de la Transition lors de la prochaine élection présidentielle.  

L’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, sur TV5Monde, le 3 juin 2024. © GabonReview/Capture d’écran

 

Alain-Claude Bilie-By-Nze était l’invité du journal Afrique de TV5, le 3 juin 2024. Constant dans sa verve et après le brûlot de sa tribune libre dans la presse, l’ancien et dernier Premier ministre d’Ali Bongo y a livré sa lecture des derniers développements de l’actualité nationale. Le menu concocté par la télévision généraliste francophone internationale comprenait la visite d’Oligui Nguema en France, sa perception de certaines recommandations du Dialogue national inclusif (DNI) et, son positionnement et son avenir politique.

«Comme une quête de légitimité et de reconnaissance, comme une quête d’adoubement»

Pour Bilie-By-Nze, le voyage présidentiel en France, présenté par les tenants du pouvoir et ses partisans comme un «succès éclatant», n’a rien d’extraordinaire ; la France étant un partenaire important pour le pays et avec lequel le Gabon entretient «des relations anciennes». Et de rappeler : «nous avons la plus forte communauté gabonaise à l’extérieur qui vit en France. Il est donc normal que les autorités gabonaises se rapprochent des autorités françaises».

Tempérant donc l’enthousiasme et ce qui apparait comme une victoire du nouveau pouvoir gabonais, Bilie-By-Nze souligne : «cette première visite, malheureusement, telle que les autorités gabonaises la présentent, apparait davantage comme une quête de légitimité et de reconnaissance ; comme une quête d’adoubement». Pour lui, le Gabon entretenant des liens historiques profonds avec la France, fruits d’une relation ancienne et riche, il est impératif de rééquilibrer ce partenariat afin qu’il serve au mieux les intérêts du Gabon et de ses entreprises nationales. Et de déplorer que les nouvelles autorités gabonaises s’attèlent plutôt à «faire plaisir au gouvernement français».

La Transition a trahi ses promesses

Amené à se projeter sur la plausibilité d’un retour à l’ordre constitutionnel, donc des civils au pouvoir, le natif de Ntâng Louli a rappelé que «lorsque la Transition a été mise en place, les militaires se sont engagés à rendre le pouvoir aux civils». Et l’ex-locataire de l’immeuble du 2-Décembre de relever : «le Dialogue qui vient d’avoir lieu montre malheureusement la volonté des militaires de toucher les institutions, de s’organiser de sorte que un chemin soit dessiné au général Oligui, en écartant les éventuelles candidatures des autres citoyens gabonais».

Parmi les conclusions de la grand-messe du DNI figuraient en effet la suspension du Parti démocratique gabonais (PDG) et de ses alliés pour trois ans, ainsi que l’interdiction à ses membres de se présenter à un quelconque scrutin électoral. Une démarche qui n’est d’ailleurs pas sans conséquence. Certains leaders d’écuries politiques du pays voient également, en cette décision, la volonté du nouveau régime de restreindre le débat politique et d’entraver l’évolution de la démocratie. «On écarte ceux de 70 ans. On écarte les anciens du PDG, les binationaux, ceux qui sont mariés à une étrangère ou à un étranger. Mais en réalité, on dessine un portrait-robot qui se rapproche davantage du général Oligui Nguema que de tout autre citoyen», a fait observer Bilie-By-Nze.

À ce stade, estime-il, il faut  «s’organiser pour le retour à la sérénité», pour que la Transition tienne ses engagements. Parce que, souligne-t-il, elle trahit ses promesses. Et de s’expliquer : «je le dis simplement, non pas en donneur de leçons, mais en tant quelqu’un qui a une certaine expérience».

Pour l’ancien chef du gouvernement lorsqu’on a reproché quelque chose à un régime, il ne faut pas en reproduire les erreurs. Autrement dit, le régime d’Oligui Nguema reproduit les erreurs reprochées à Ali Bongo, notamment le fait de s’appuyer sur les institutions pour se maintenir au pouvoir. «Et là nous nous rendons très bien compte que le Dialogue n’a fait autre chose que de s’appuyer sur les institutions pour dessiner un chemin balisé pour le général Oligui», a-t-il dénoncé, estimant a contrario que «s’il doit être élu président de la République, il faut qu’il le soit dans des conditions telle que la compétition est ouverte à tout le monde».

 
GR
 

4 Commentaires

  1. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Je trouve assez réducteur de considérer l’importance de cette rencontre AVEC LA FRANCE sur le fait que comme l’énonce l’intéressé: sur la base de la forte communauté gabonaise en France et l’historicité de nos relations avec ce pays.

    Par ailleuirs, sur ce qui s’apparente désormais à une sorte de nationalitégate, il est rappelé à tous que les recommandations du DNI ne sont que des propositions. Amen.

  2. Jean Jacques dit :

    C’est pas un candidat robot,mais un dictateur en treillis, qui pense qu’il va gagner une élection.

  3. Michel Matha dit :

    tous les payments ouest africains diriges de surcroit par les militaires pushistes et le congo en face un dictateur sans foi ni loi a souhait

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