A la suite de trois semaines d’analyse de 2608 documents en rapport avec les 56 milliards de francs CFA utilisés dans le cadre de la riposte contre le Covid-19, le Copil-Citoyen, observatoire Covid-19 de la société civile, a livré le 25 mars son premier rapport… accablant. Il présente des anomalies partant des «chiffres gonflés» aux factures d’entités hors du système sanitaire réglées grâce à ces fonds. Mieux, le porte-parole de cette plateforme,
Geoffroy Foumboula Libeka, a noté que le plus souvent «le prestataire présentant l’offre la plus chère est celui qui a bénéficié des 2/3 des dépenses de restauration».

Les membres du Copil citoyen lors de leur exposé, le 25 mars 2022, à Libreville. © Gabonreview/Capture d’écran

 

Toutes les mesures restrictives relatives à la lutte contre le Covid-19 étant levées, le temps est à la justification des fonds alloués à la riposte contre la crise sanitaire ayant fait 305 morts au Gabon. Si les rapports gouvernementaux tardent à être produits, le Copil citoyen, mis en place en novembre 2021 pour récuser certaines de ces mesures et réclamer la publication des rapports de gestion des fonds Covid-19, a présenté le 25 mars son premier rapport consacré à la gestion de ces fonds, estimé à 56 milliards de francs CFA.

2608 documents ont été traités reposant sur des ordonnances de paiements, factures avec visa service fait, réquisition comptable, contrat Banque mondiale, Banque africaine de développement, OMS, ainsi que sur les 147 fournisseurs sollicités lors des opérations.

«Mayena a facturé la logistique, la main d’œuvre et des imprévus au Copil Gabon…»

Lors de ce rendez-vous ayant réuni sur la même scène tous les membres du Copil Citoyen, Marcel Libama a fait savoir que l’objectif cet exercice est de permettre à «chaque citoyen de se faire une opinion sur la gestion du Copil». D’emblée, le Copil citoyen a observé l’absence de convention pour certains prestataires ; des recours aux réquisitions comptables pour régler certains fournisseurs ; l’absence de manuel de procédure pour comprendre le fonctionnement, de rapports ou de rendus des missions du Comité d’évaluation sur la gestion des différents fonds.

Plusieurs entreprises sont épinglées dans ce rapport. On note par exemple que OssPro Group a bénéficié d’un double paiement de facture de 19,315 millions francs CFA pour la location de sa logistique, tandis que l’essentiel des factures du Mayena Food a été réglé par réquisition comptable. «Contrairement à l’ensemble des autres fournisseurs, Mayena a facturé la logistique, la main d’œuvre et des imprévus au Copil Gabon alors même que parmi les 149 agents de l’hôpital d’Akanda, on compte 5 personnes pour la restauration payée chacune à 150.000 francs CFA par mois», a dénoncé le porte-parole du Copil citoyen, Geoffroy Foumboula Libeka

L’autre élément jetant le doute dans les esprits réside dans le fait que «le Copil a dépensé 5 779 500 francs CFA en achat de vivre, produits d’entretiens, etc. alors que depuis mars 2020, le Mayena disait livrer des plats aux personnes confinés et des sociétés de nettoyage comme Charles Services étaient déjà en activité pour le nettoyage».

Par ailleurs, «le nombre de cas actifs entre le 17 mars et le 17 avril 2020 a varié de 3 à 108. Cependant Mayena a facturé au Copil Gabon des repas servis à 100 personnes pendant 30 jours sur la période du 17 mars au 17 avril 2020». «Considérant cette variation de cas positifs, le Copil Gabon a payé 3 factures différentes (Mayena, Chef Omiel et Stay) au même bénéficiaire Hopital d’instruction des armées d’Akanda pour un total de 71 millions» a-t-il indiqué, avant de conclure que «le prestataire présentant l’offre la plus chère est celui qui a bénéficié des 2/3 des dépenses restauration».

«Le ministre de la Santé a bénéficié de 350.000 francs CFA par jour …»


Gabonreview/Capture d’écran

Le rapport du Copil Citoyen fait remarquer des frais de restauration de 5.000 francs CFA à 15.000 francs CFA par jour, affectés pour un total de 390 bénéficiaires, en plus des indemnités allant jusqu’à 2,6 millions de francs CFA pour 3 jours de révision de la stratégie Covid avec des frais de présence de 120.000 francs CFA par jour à 50.000 francs.  

Le Copil citoyen fustige également le fait que le ministre de la Santé a bénéficié de 350.000 francs CFA par jour pour les frais de mission, alors que le président du Copil et présidente du Comité scientifique touchaient 250.000 francs CFA par jour dans le cadre des missions. Tout cela en dehors des 30.000 francs CFA par jour de restauration, de la prise en charge du billet, transport et hébergement, par exemple pour le lancement de la vaccination à Franceville le 14 avril 21. «Ils demandent de serrer la ceinture, mais ils ne peuvent se déplacer pour rien alors qu’ils sont en fonction», a raillé Geoffroy Foumboula Libeka.

Les membres du Copil s’étonnent de la pertinence de la location, en période de crise économique due au Covid-19, des jeux de lumière et de la sonorisation pour plus de 19 millions de francs CFA par conférence de presse quand, «au même moment, une enveloppe de 540.000 francs CFA est remise à plus de 20 de journalistes». Par ailleurs ils ne s’expliquent pas les 2 299 500 de francs FCFA affectés au règlement de 2 heures de retransmission de la conférence Copil par satellite «alors même que Gabon Télévision est outillé pour effectuer des directs».

Les factures des produits d’entretien du Secrétariat du PDG pris en charge par le Copil

Le document fait remarquer que 77 millions de francs CFA de factures communication ont été adressées à la Communication présidentielle. Or, elles ont été réglées par le Copil, tout comme les factures des produits d’entretien du Secrétariat général du Parti démocratique gabonais (PDG) ont été pris en charge par cette même entité.

L’absence de facture détaillée sur les 33 millions de francs CFA affectés à la réparation des respirateurs dans les villes de Franceville, Makokou, Lambaréné, Tchibanga et Koulamoutou reste également un point d’ombre. Le Copil citoyen note que «le chiffre d’affaire du secteur transport terrestre en 2018 était de 3,1 milliards en 4 mois». «Le Copil Gabon a payé en 4 mois à Sogatra et Trans’Urb plus du double du chiffre d’affaire sur la même période», a dénoncé le Copil citoyen.

Marcel Libama assure que ce travail vise à opposer au gouvernement des arguments scientifiques face aux anomalies enregistrées dans la gestion des fonds Covid-19. «Ce que vous voyez là, c’est un scandale. Malgré les dénonciations, ces personnes ne sont pas inquiétées», a-t-il déclaré.

La prochaine étape du Copil citoyen sera des poursuites judiciaires contre X sur la base de ces incohérences. La plateforme ira également à la rencontre des fournisseurs et personnes identifiées comme ayant joué un rôle majeur dans les différentes opérations, pour vérifier physiquement l’existence et la livraison de l’ensemble des acquis réalisés avec ces 56 milliards.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Junior bouma dit :

    On attend les explications s’ils daignent nous les produire un jour.

  2. Gayo dit :

    Mayena Food ou Nourredine Bongo, c’est donc lui que Boukoubi et les députés voulaient couvrir en refusant la publication de ce rapport. Ces gens ne cesseront jamais leur sorcellerie. Et il ne faut pas croire que des dirigeant aussi médiocres, capables d’un tel niveau d’égoïsme, de sorcellerie, de méchanceté depuis 54 ans puissent partir du pouvoir par des voies institutionnelles, sans force. Sans promouvoir le boycott, tant qu’on ne sera pas prêt à payer le prix qu’il faut pour libérer notre pays par la force, il ne faut pas croire qu’un jour la bonne gouvernance pourra nous visiter avec les Bongo et les pédégistes. Si Ali Bongo avait les capacités d’un bon dirigeant, de tels scandales ne devraient pas être possibles pour une si petite organisation sans qu’il ne soit au courant de ses détails et prenne des mesures de sanctions exemplaires. Si pendant qu’il était en bonne santé Ali Bongo était incapable de veiller à la bonne gestion du pays, ce n’est pas au moment ou il ne peut même plus se torcher qu’il peut le faire.

    On voit l’état de désagrégation du pays, on se plaint des mauvaises pratiques de gouvernance pendant que les Bongo et les PDGistes continuent dans la même bêtise de gaspillage et de sabotage. Mayena Food, OssPro Group, Chef Omiel, Stay, ce sont les entreprises des ministres, directeurs et secrétaires généraux des ministères, les familles Bongo, Dabany, Assélé. Ils dirigent l’administration publiques et s’octroient sans appels d’offres les marchés publique surfacturés, non livrés parfois, etc. Juges et partis , ils facturent tous les jours à l’état des sommes qui ne se justifient alors qu’il est très simple d’arrêter cette pratique ou ceux qui dirigent le pays sont des affairistes prestataires de l’état par des lois et des procédures claires et net que tout le monde doit respecter et par la transparence totale dans la dépense publique. Que dire des 350000, 250000 par jour du ministre et la présidente du comité scientifique? Pour quelle compétence quelle expertise ils facturent aux gabonais si cher? Pourquoi le Gabon doit payer pour des titres de nomination plus que pour la productivité et la valeur et la nature du service qu’on lui rend et son apport dans le développement et le bien-être de ses populations? si ce n’est des titres de nomination qu’il ont reçu de l’état non pas à cause de compétences ou d’état de service extraordinaire qui vaudrait de tels rémunérations. Dans les pays les mieux organisés ce sont les infirmières et les médecins qui ont reçu des bonifications conséquentes alors que dans des pays poubelles, républiques bananières comme le Gabon, on s’enrichit avant de s’occuper des malades, des populations, on donne des salaires faramineux aux personnes les moins essentielles. Voila pourquoi on avance pas, tous nos moyens et toute notre Energie affectés par le PDG vers les personnes les moins essentielles au développement de notre pays à savoir l’entretien des politichiens du PDG et leurs familles.

  3. Gayo dit :

    Nourredine doit rejoindre ses amis à Sans Famille. Les têtes de députés et ministres mouillés doivent tomber. Ali Bongo aura t’il ce courage avec son régime qui repose sur une organisation mafieuse de la gouvernance du pays pour favoriser les fraudes en tout genre en sa faveur pas la mafia qu’il a mis en place?

  4. Lucas dit :

    C’est un scandale qui n’a pas de nom, pourquoi le B2 prompt a intervenir ne se saisit pas de cette affaire pour convoquer qui de droit pour s’expliquer sur les détournements que l’on peut observer par ce simple rapport? Pourquoi les députés ne voulaient pas publier ce rapport sur la gestion des fonds Covid-19, n’oublions pas que l’on a privé toute une population de liberté pendant plus de deux ans, des gabonais ont perdus leurs emplois, d’autres en sont morts tout simplement pour que certains se remplissent la panse? C’est intolérable, la justice doit se saisir absolument de cette affaire et faire toute la lumière sur ces détournements.

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