C’est connu, la flamme est l’ennemi intime de la nature. Mais à Moanda, dans le département de la Lébombi-Léyou, au sud-est du Gabon, les agriculteurs, les chasseurs et même les pyromanes en ont fait leur allié. Dans cette ville minière, en cette saison sèche, les feux de brousse ravagent quasiment chaque jour de grands espaces au risque de détruire des infrastructures sociales et économiques. Les derniers cas en date sont les feux de forêt ayant endommagé les câbles de la fibre optique de la Compagnie minière de l’Ogouué (Comilog) et incendié une base de stockage du matériel de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG).

Un feu de brousse ayant atteint le site de stockage du matériel destiné à une infrastructure en construction. © GabonReview

 

À Moanda, dans la province du Haut-Ogooué, en cette saison sèche propice à la préparation des champs pour l’agriculture, le feu est utilisé comme un moyen rapide pour éliminer les mauvaises herbes. Sauf que dans cette partie du Gabon, ces feux deviennent un danger d’autant plus que les pompiers doivent se tenir en alerte afin d’intervenir en cas de départ de feu. En début de semaine dans la ville, des dégâts dus aux feux d’origine inconnue ont été causés sur des infrastructures sociales et économiques. 

Les grands feux de forêt tuent un grand nombre d’organismes vivants et leur répétition peut durablement compromettre l’écosystème forestier. Ils génèrent localement et à distance une pollution de l’air, des eaux et des sols et affectent la santé des pompiers, et au-delà la santé publique. Car, leur fumée expose les yeux et les poumons à des concentrations nocives de divers polluants. C’est ainsi que les experts présentent l’impact et la situation due aux feux de brousse, devenus légion dans la ville de Moanda.

S’ils sont utilisés en agriculture pour l’extension des surfaces de cultures, la facilitation du débroussaillage et la fertilisation des sols, ils deviennent un fléau dans la ville minière. «Chaque année en saison sèche, c’est comme ça. Les gens allument des feux sans parfois le savoir. D’autres l’utilisent pour préparer leurs champs et après ils n’arrivent pas à le maîtriser et ça entraîne des dégâts», a raconté un conducteur en poste dans l’entreprise minière. 

Sur la route menant à la zone industrielle de Moanda, un incendie s’est déclaré, le 27 août dernier, à la suite d’un précédent qui, moins d’une semaine plus tôt, avait rasé tout un flanc du mont Bangombé, jusqu’à tout près des installations de la Comilog. Toute chose ayant provoqué plus de peur que de mal.  «On ne sait pas si c’est quelqu’un qui a allumé ce feu. Mais, il a brûlé au point d’endommager les câbles de la fibre optique de la Comilog. Ce n’est pas tout, voici qu’un autre feu vient de brûler le matériel stocké par la SEEG à tel point que les pompiers sont intervenus. Regardez vous-même les dommages», a regretté un ouvrier sur la zone en feu, soulignant que «parfois ces feux sont des sabotages». 

© GabonReview

Il est connu, un mégot de cigarette mal éteint peut conduire à un vaste incendie. Et les populations le reconnaissent et indiquent que «c’est parfois un reste de cigarette qui engendre un grand feu de brousse». Pour certains, «allumer des feux de brousse est devenu un jeu pour les enfants voire des adultes qui ne mesurent pas ce que les flammes peuvent provoquer».

Globalement, explique-t-on, bien que les feux de brousse accélèrent la préparation du terrain de cultures et peuvent aider lors de la chasse, «ils contaminent, polluent, détruisent les ressources naturelles, perturbent les activités sociales et les établissements humains, de même qu’ils exposent l’environnement biophysique choisi pour les cultures a des fragmentations, éboulements et ruptures de la continuité écologique». Plus encore, ils génèrent de nombreux impacts socio-environnementaux. 

Face à cette pratique ancienne devenue une menace rampante, notamment pour la ville de Moanda, il est urgent que les paysans s’informent, s’approprient, se mobilisent et mettent en œuvre des alternatives comme le semi sous-couvert végétal ; le brulage dirigé et/ou tardif ; l’utilisation des tracteurs de déblayage ou des engins de terrassement.

Bien que certaines de ces pratiques et technologies soient couteuses ou nécessitant plus de travail humain, elles ont cependant le bénéfice écologique de circonscrire les impacts négatifs sur le milieu physique.

À Moanda, il faut donc agir afin d’éviter, dans l’avenir des drames plus vastes causés par les feux de brousse volontaires ou involontaires.

 
GR
 

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