Fermeture des frontières terrestres : Les interrogations demeurent malgré les raisons avancées
La fermeture des frontières aurait été motivée par le fort taux de propagation du Covid-19, cumulé au faible dispositif en matière de riposte dans les pays limitrophes : le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Congo. Malgré tout, les questions demeurent, notamment sur le timing de la décision.
Face à la recrudescence de cas Covid-19 sur son territoire, le Gabon a décidé de fermer ses frontières terrestres le 30 janvier, avec ce que cela implique comme désagréments pour les voyageurs. Vu la spontanéité de l’application de cette mesure, en effet, beaucoup de voyageurs et transporteurs de marchandises se sont retrouvés bloqués aux différents postes frontières du Gabon, notamment à Eboro Ntem (Cameroun). Aux dernières nouvelles, fort heureusement, les marchandises sont autorisées à franchir les postes frontières. Pour les voyageurs, par contre, il faudra se munir d’une «autorisation spéciale de sortie et d’entrée délivrée par les autorités habilitées».
Bien que cette décision ait été prise pour «protéger les populations gabonaises», selon le ministère de la Défense, ces dernières ne comprennent pas pourquoi les frontières aériennes elles, demeurent ouvertes. Le gouvernement a vite fait d’éteindre toute polémique en expliquant que la fermeture des frontières terrestres a été motivée par «le fort taux de propagation du Covid-19 et le faible dispositif en matière de riposte dans les pays voisins (Cameroun, Guinée équatoriale et Congo, ndlr)». L’équipe de Rose Christiane Ossouka Raponda s’est en effet appuyée sur un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en novembre 2020, dans lequel il est clairement indiqué que «les pays limitrophes au Gabon enregistrent un fort taux de contamination du virus et réalisent très peu de tests».
Des frontières terrestres poreuses
Le rapport soutient que le Gabon est le deuxième pays africain à réaliser le grand nombre de tests avec 75,3 tests pour 10 000 habitants. En revanche, les pays limitrophes sont à des années-lumière de cette performance. La Guinée équatoriale, par exemple, n’est que le 13e pays africain dans ce classement avec seulement huit tests pour 10 000 habitants. Le Congo ne fait pas mieux et arrive à la 20e position avec 4,2 tests pour 10 000 habitants. Le Cameroun n’est pas mieux loti. Sauf que ce rapport date de deux mois. Pourquoi avoir attendu aussi «longtemps» pour fermer les frontières terrestres, si tant est que le gouvernement voulait absolument protéger les populations ? Au-delà de la réalité du rapport de l’OMS, n’aurait-il pas été plus judicieux de comparer les statistiques des cas positifs prélevés sur la base de la circulation routière et aérienne, avant de décider de la fermeture des frontières terrestres ?
Par ailleurs, en cas d’envolée de cas contact parmi les voyageurs «aériens», les frontières aériennes seront-elles aussi fermées ? Même si cela semble moins évident dans ces zones, car aux yeux du gouvernement le contrôle y est plus strict avec «l’obligation de présentation d’un test Covid-19 négatif à la sortie et à l’entrée de chaque pays». Autant de questions dont les réponses permettraient peut-être de calmer la colère des voyageurs. Par ailleurs, un haut cadre au ministère de la Défense a également justifié la décision de son département au fait que «les frontières terrestres sont une véritable passoire ou règnent la corruption et le laxisme». Un argument pour le moins inquiétant au regard de l’impératif de la sécurité territoriale, ne serait-ce que dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine.
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