Faux complot présidentiel / Stempy Obame : 10 millions de francs CFA pour une vidéo mensongère

L’affaire Stempy Love Obame a connu son dénouement ce mercredi 26 juin au tribunal de Libreville. L’ex-animateur de télévision, accusé d’avoir diffusé de fausses informations impliquant une haute responsable de la présidence gabonaise, a été condamné à une peine de prison et à de lourdes amendes. Ce verdict marque un tournant dans la lutte contre la désinformation au Gabon.

Stempy Love Obame purgera sa peine à «Sans-Famille», la prison centrale de Libreville.© Gabonreview (Montage)

L’ancien animateur Jocelyn Nsimoro Obame, plus connu sous le nom de Stempy Love Obame, a été condamné ce mercredi 26 juin par le tribunal de première instance de Libreville à 12 mois d’emprisonnement, dont 9 avec sursis, pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles.

À l’issue d’une audience qui s’est prolongée jusqu’à 19 heures, le tribunal a également ordonné au prévenu de verser une amende de 200 000 francs CFA au ministère public et 10 millions de francs CFA à la plaignante, Victorine Tchicot, directrice de cabinet privé du président de la République, pour préjudices et dommages et intérêts.

L’affaire remonte au début du mois de juin, lorsque Stempy Love Obame a diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo alléguant l’existence d’un complot contre le chef de l’État. Selon ses dires, des collaborateurs présidentiels auraient planifié des nominations à l’insu du président de la République lors d’une réunion dans un hôtel de Libreville.

Dans cette vidéo, l’ex-animateur a utilisé le pronom personnel «Elle» pour désigner une personne qu’il accusait d’avoir «un comportement douteux» et de «boycotter les actions du chef de l’État». Bien qu’il ait par la suite reconnu la fausseté de ses propos lors d’une intervention sur Gabon 1^ère, Mme Tchicot, étant la seule femme au cabinet du président de la transition, s’est sentie directement visée et s’est résolue à porter plainte.

Présente à l’audience, Victorine Tchicot a déclaré : «J’ai été salie. Je suis au tribunal ce matin pour laver mon honneur et ma dignité qui ont été souillés par une personne que je n’ai jamais rencontrée. Je suis surtout ici pour demander à tous ceux qui sont diffamés par des gens malintentionnés de demander justice et réparation, car de tels actes doivent cesser.»

Face au tribunal, Stempy Love Obame a présenté ses excuses à Mme Tchicot, affirmant ne l’avoir jamais rencontrée auparavant. Interrogé sur la source de ses informations, il a mentionné un lieutenant-colonel en poste à la présidence de la République, une allégation qui reste à vérifier.

Le verdict rendu se fonde sur l’article 93 du code pénal gabonais, qui sanctionne la diffusion de fausses nouvelles et la diffamation. Stempy Love Obame, qui était déjà en détention depuis le 14 juin, purgera sa peine à «Sans-Famille», la prison centrale de Libreville.

Cette affaire soulève des questions importantes sur la responsabilité des personnalités publiques, mais aussi de tous les quidams se disant lanceurs d’alerte ou analystes politiques, dans la diffusion d’informations non vérifiées et rappelle l’importance de la rigueur journalistique à l’ère des réseaux sociaux, mais aussi l’impérieuse necesssité pour chaque citoyen  de prendre ses responsabilités, développer son esprit critique, vérifier les informations avant de les partager et refuser de propager des rumeurs malveillantes.